Espagne : une association LGBT demande la rupture du contrat de l’Etat avec une école catholique de Madrid

LGBT rupture contrat Etat école catholique Madrid
 
C’est la dictature du relativisme en action. L’association LGBTI Arcopoli, membre influent du lobby gay en Espagne, vient d’exiger auprès de la Communauté de Madrid que soit mis fin aux subventions économiques accordées à un établissement sous contrat catholique, le collège Jean-Paul II de Alcorcón, au motif que son directeur a mis en garde contre les dangers de l’idéologie du genre. Elle reproche à Carlos Martinez d’avoir envoyé, au début de l’année scolaire, une lettre à tous les élèves et à leurs parents où il parlait de la nécessité de rendre le bien pour le mal après les derniers attentats djihadistes en Europe, mais où il critiquait aussi la loi de non discrimination adoptée cet été par l’assemblée de la Communauté de Madrid. Elle l’accuse notamment de « comparer la loi avec le fanatisme terroriste ».
 
La loi régionale, adoptée en juillet à l’initiative de la présidente de la communauté, Cristina Cifuentes, dispose que « l’identité de genre et les différents modèles de familles seront respectés dans les établissements éducatifs ». Elle garantit « que tous les élèves de Madrid recevront une explication sur la réalité des différentes orientations sexuelles et des identités de genre », dans tous les collèges publics, certes, mais aussi dans les établissements privés.
 

Arcopoli, association LGBT, ne tolère pas qu’une école catholique dénonce l’idéologie du genre

 
Triste signe des temps : la présidente Cifuentes est membre du parti réputé de droite, le Partido Popular (PP). Son texte – très consensuel à l’aune actuelle – a été adopté avec le concours du parti socialiste espagnol (PSOE) mais aussi des « centristes » de Ciudadanos et du mouvement d’extrême gauche Podemos, ouvertement anticlérical. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas privé d’ajouter des amendements qui ont encore radicalisé le texte. La loi punit d’une amende pouvant aller jusqu’à 45.000 euros celui qui proposerait de l’aide à une personne désireuse de se débarrasser de son attirance homosexuelle par « n’importe quelle intervention médicale, psychiatrique, psychologique ou religieuse qui ait pour but de modifier l’identité de genre ou l’orientation sexuelle d’une personne ».
 
C’est aussi une loi d’endoctrinement obligatoire, dont religionenlibertad.es expliquait en juillet que son interprétation reposera probablement tout entière sur les définitions que le lobby LGBT donnent à « l’orientation sexuelle » et à « l’identité de genre » – puisque l’idéologie se voit présentée comme « réalité » que lui seul affirme.
 
Quand donc un directeur d’école se permet de mettre en garde contre les « dangers » de cette loi idéologique et totalitaire, le totalitarisme même de la loi laisse craindre que la plainte d’Arcopoli ne soit entendue et suivie d’effet.
 
Le mouvement a publié un communiqué indiquant qu’« en Espagne il ne doit pas y avoir de place pour les centres éducatifs financés par des fonds publics où l’on endoctrine les mineurs en affirmant que certaines lois espagnoles ressemblent à du “fanatisme terroriste” parce qu’ils demandent l’égalité pour les homosexuels, les transsexuels et les bisexuels ».
 

Vers la rupture du contrat avec l’Etat d’une école privée de Madrid ?

 
La loi est-elle valide ? C’est la question qui se pose maintenant en Espagne, étant donné que le droit des parents de décider de l’éducation de leurs enfants est affirmé par la constitution et qu’en outre, la fameuse loi Cifuentes a été adoptée sans la moindre concertation avec les parents, les professeurs ou les spécialistes de ces questions.
 
Est-il vrai – deuxième question – que le directeur Carlos Martinez a mis sur le même plan les djihadistes islamiques et les tenants de l’idéologie du genre ? Sa lettre dite exactement : « Quelle horreur que d’écarter la vérité naturelle de l’homme et le droit inaliénable des parents d’éduquer leurs enfants ! Quelle aberration que d’imposer une idéologie à force de sanctions ! » Il ajoutait : « Pendant ce temps, les hommes politiques qui nous sont les plus proches, ceux qui devraient défendre la famille et nos racines chrétiennes, sont occupés à compliquer les choses avec des législations aussi absurdes que la récente loi d’idéologie de genre approuvée par l’assemblée de Madrid. »
 
Rappelant que plusieurs évêques « courageux » avaient envoyé une note à leurs fidèles pour les mettre en garde contre la loi Cifuentes, le directeur précisait : « La personne est toujours digne de tout notre respect, mais le mensonge et l’erreur, il faut les mettre en évidence constamment, en leur opposant la vérité… au fond, l’islam ou l’idéologie du genre ne sont pas autre chose que des “programmes humains”, comme l’enseigne Jean-Paul II, et ce sont des machinations condamnées à la dislocation et à l’échec. »
 
Arcopoli poursuit le directeur en affirmant que le message envoyé aux élèves est que « l’homosexualité est une maladie » et qu’il est « possible de guérir les homosexuels ». Ce qu’à aucun moment le directeur de l’école Jean-Paul II n’a affirmé.
 

En Espagne, les associations LGBT tiennent le haut du pavé avec la bénédiction de la « droite »

 
S’agissant d’une loi idéologique, il n’est pas sûr que l’on fasse très attention à la lettre des déclarations de Carlos Martinez. Ce qui est sûr en revanche, c’est que le coordinateur d’Arcopoli a déclaré qu’il est « inadmissible qu’éduquer à l’égalité et tenter d’éliminer les préjugés homophobes soit qualifié de “fanatisme terroriste” et que cela soit subventionné par les fonds publics de la communauté de Madrid ». Yago Blando réclame en outre que le conseil régional de l’éducation s’implique et exige de ce collège, « qui méprise les lois », qu’il accomplisse des « actions de respect à l’égard du collectif LGBT au sein de l’établissement pour sauvegarder sa dignité et l’égalité de tous les élèves ».
 
Une séance d’autocritique, peut-être ?
 
Il faut savoir que l’association Arcopoli dispose du fait de la loi d’un statut d’intervenant agréé dans les écoles de la communauté de Madrid pour y faire des conférences aussi bien aux professeurs qu’aux élèves.
 
L’auteur de la loi, Cristina Cifuentes, s’est quant à elle exprimée sur l’affaire en affirmant : « Il faut voir jusqu’où va la liberté d’expression de cette personne, qui en jouit indubitablement, mais il faut aussi voir si ses actions en tant que directeur du collège peuvent constituer une quelconque forme de pression sur les élèves et les parents. »
 
 A Madrid, la chasse contre les dissidents est ouverte.
 

Anne Dolhein