Paris est en état de siège. Un homme isolé, visage découvert, armé d’un fusil, s’est attaqué depuis vendredi à BFMTV, à Libération, où il a blessé un jeune homme, et à la Société Générale. Le ministre de l’intérieur Manuel Valls et le procureur de Paris François Molins ont donné à cette affaire une publicité maximum, avec appel à témoins et déploiement policier. Explication.
Cinq jours après les premiers faits, on n’en savait rien sur l’identité du suspect ni ses raisons d’agir. Mais à cet échec policier répond une mise en scène politique. Des attaques au fusil, il y en a des milliers en France chaque année. Des banlieues, des quartiers sont régulièrement le lieu d’affrontements entre bandes lourdement armées. Le droit, l’autorité de l’Etat y sont ostensiblement niés. Si Valls et les médias du système ont choisi de monter en épingle ce non-événement, c’est en raison de la règle de proximité journalistique : un joueur de boules qui s’écrase le pied est plus important pour l’édition de Bergerac que le nucléaire iranien. L’insécurité du petit peuple n’intéresse personne, c’est un fait divers. Mais quand on touche à l’hypercaste mondiale, on change de rubrique, c’est l’ordre public, c’est la République, qui sont menacés. A tel point que, contrairement aux convenances antiracistes, François Molins a révélé que le suspect était de « type européen ».