Macron, 35 heures, un couac révélateur : droite et gauche même politique


 

En annonçant son intention de supprimer de fait les 35 heures, le nouveau ministre de l’économie Emmanuel Macron a provoqué un tollé qui a forcé Valls à rectifier. Ce premier couac révèle, en même temps qu’il masque, un fait central : droite et gauche mènent la même politique sous l’inspiration de Bruxelles.
Il a trente-sept ans, plutôt beau gosse, comme Fabius quand il devint premier ministre en 1984.
Il a travaillé chez les Rothschild, comme Pompidou.
Il est énarque, comme Giscard, et inspecteur des finances, comme Rocard.
Il a été secrétaire général adjoint de l’Elysée, comme Balladur.
Il n’a jamais affronté le suffrage populaire avant d’être ministre, comme Villepin.
 

Macron et les 35 heures : l’aveu d’élites interchangeables

 
Emmanuel Macron a commencé sa carrière de ministre de l’économie par un couac en recommandant dans Le Point « l’aménagement » des 35 heures, mais il est le parangon d’une classe politique interchangeable qui mène depuis plus de trente ans la même politique, droite et gauche confondues. De cette UMPS, pour reprendre le mot de Le Pen, qui a été rejetée aux élections européennes. Dans son interview au point, il insistait sur le « trop d’impôt », la « compétitivité », la nécessité d’honorer « la parole de la France ». Refusant que « l’accumulation des droits » ne « se transforme en handicap pour ceux qui ne travaillent pas ». Il juge toute « société statutaire obsolète », c’est-à-dire qu’il est pour la dérégulation. Il aurait pu signer Juppé. C’est le meilleur d’entre eux.
Son parcours est impeccable et significatif. Fils de la bonne bourgeoisie d’Amiens, premier de classe, énarque, entré à 24 ans au PS, il a épousé à 30 une femme de 50, d’une famille de riches chocolatiers. Repéré par la French American Foundation, banquier d’affaire, il a négocié la vente d’une filiale du groupe pharmaceutique Pfizer à Nestlé, ce qui lui vaut d’être millionnaire. Il a fait partie de la commission Attali chargée de conseiller Sarkozy, puis est entré au service de Hollande, il a été invité à la réunion du Bilderberg cette année à Copenhague.

 

Un couac qui n’empêche pas la conjonction droite et gauche

 
Harlem Désir a été le premier à hurler contre la suppression de fait des 35 heures proposée par Macron, et le gouvernement a fait machine arrière : sa majorité est trop fragile pour aller si vite. Mais un fait devient patent, déjà décelable dans l’accumulation de la dette depuis 1981 aussi bien par Mauroy, que par Chirac ou Sarkozy, confirmé par l’unanimité des partis dits de gouvernement en faveur de Maastricht en 1992 et de la constitution européenne : droite et gauche appliquent la même politique, dictée à travers Bruxelles par le mondialisme maçon. Bien que, dans le jeu de rôle où elles sont engagées, elles en dénoncent tour à tour quelques inconvénients pour garder quelques électeurs – sans jamais en rejeter le principe fondateur, l’ouverture des frontières et l’égalisation mondiale des revenus, à terme. Et cette même politique ne se limite pas à l’économie : Luc Châtel et Sarkozy préparaient l’euthanasie, la théorie du genre et le mariage gay.
 

Même politique, jeu de rôles divers : Hollande victime de son mensonge

 
La France, cinquième économie mondiale, est aujourd’hui devenue le boulet de la zone euro, qui elle-même plombe la croissance de la planète. La croissance, l’emploi, la dette, tout va mal. Tout le monde ou presque fait mieux. Même l’Espagne se relève, mais il y a une exception française, un déni de la réalité particulier au parti socialiste, un attachement magique aux pesanteurs acquises qui explique cette performance catastrophique. Avec Valls II et Macron, Hollande semble en prendre la mesure et vouloir y remédier, pour éviter que le système européen ne se coince et n’explose. Avec Taubira et Belkacem en caution de gauche « sociétale » pendant que passe la petite purge économique. Mais rien ne dit que cela passera tout seul. Lui candidat a trop menti pour devenir président. On sait que ses convictions l’ont toujours porté vers l’économie sociale de marché mondialiste, mais il a fait croire l’inverse à ses électeurs. Aujourd’hui, lui président est contraint de mentir à tout le monde pour se maintenir, de se plier à la nature du système en donnant satisfaction à Bruxelles tout en ménageant ses frondeurs. Il est un peu dans la situation du général De Gaulle rappelé au pouvoir en 1958 pour garder l’Algérie française, et qui fit à la va vite l’Algérie algérienne. L’exercice est difficile. Il n’est pas sûr que Hollande ait les épaules pour le réussir.