Emmanuel Macron était attendu, jeudi, avec une certaine impatience à l’université du MEDEF. D’abord, parce qu’il est le ministre de l’Economie, et qu’en outre il se murmure qu’il pourrait bien récupérer le portefeuille de son homologue démissionnaire François Rebsamen au ministère du Travail ; ensuite, parce que, la veille, Pierre Gattaz, le patron des patrons, avait donné « six à neuf mois » au gouvernement pour réformer la France. La réponse aura pu les surprendre : « Demandez-vous ce que vous pouvez faire »…
Les patrons n’auront que très peu entendu le ministre sur les points sur lesquels ils l’attendaient. Certes, il a donné raison au Medef en reconnaissant qu’il n’était « plus possible » de vivre avec une dépense publique équivalant à 57 % du PIB, qu’on ne pouvait tenir que « la France pourrait aller mieux en travaillant moins » selon ce que les 35 heures ont pu faire croire, ou qu’il s’attacherait rapidement, selon ce que prévoit la loi qui porte son nom, à plafonner les indemnités prud’homales.
Emmanuel Macron au MEDEF
Pour le reste, il a estimé que le gouvernement faisait déjà beaucoup, et qu’il continuerait dans cette voie. Mais, pour cela, le ministre a aussi appelé les patrons à la « responsabilité » : « Je compte d’abord sur vous pour faire avancer le pays dans les réformes, avec l’ensemble des partenaires sociaux. Je sais que beaucoup d’entre vous le font. Et c’est une nécessité. Vous pouvez faire encore davantage. »
C’était donc, en quelque sorte, la réponse du berger à la bergère. Le propos ministériel avait effectivement de quoi refroidir les entrepreneurs, surtout lorsque le ministre pointe leur manque d’investissements. Emmanuel Macron, sur ce point, était à son affaire, puisque, le jour même, l’INSEE avait annoncé une forte révision à la baisse des prévisions d’investissements des industriels : +2 % au lieu de +7 % prévus en avril.
« Demandez-vous ce que vous pouvez faire »…
Sa conclusion aura été très nette en ce sens. « Mon message est simple : ne vous demandez pas, ne vous demandez plus ce que votre pays peut faire pour vous, il a fait maintenant déjà beaucoup. Et je m’y engage, nous continuerons à faire, a souligné le ministre. Mais demandez-vous, à chaque instant, ce que vous, vous pouvez faire pour notre économie, avec nous, parce que vous pouvez beaucoup. »
Les propos ministériels n’ont pas trop passé non plus au PS. L’orientation d’Emmanuel Macron inquiète les tenants d’une ligne socialiste pure, et même les frondeurs ne s’y reconnaissent pas vraiment lorsque le ministre tient des propos critiques sur les 35 heures à peine voilés. Leur chef de file, Christian Paul, s’est sans doute voulu le plus virulent à l’égard du ministre en décochant cette espèce de flèche du Parthe : « Je croyais que Nicolas Sarkozy était de retour, mais je n’avais pas compris qu’il était de retour au gouvernement. »