Social : Macron dépense un pognon dingue et en même temps fait des économies

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En même temps que des économistes lui remettent une note préconisant qu’il fasse plus de social, Emmanuel Macron annonce des économies sur la sécu qui coûte « un pognon dingue » et dépense lui-même une fortune pour la nouvelle vaisselle de l’Elysée. Un plan foireux pour un ex-as de la communication ?
 
Macron et Trump ont des communications semblables : leurs coups se succèdent si vite et paraissent si contradictoires qu’on peine à suivre le fil, le film. L’un fait la paix en Corée et en même temps la guerre avec l’Iran, l’autre dépense une fortune pour un service de Sèvres et en même temps prêche une réforme du système social qui permettrait de faire l’économie d’un « pognon dingue ». Tout en se faisant accuser par le Canard Enchaîné de maquiller l’achat de sa vaisselle somptuaire.
 

Macron dépense un pognon dingue dans le Sèvres et ça ruisselle

 
Le Canard joue son rôle de dénonciateur public, mais les révélations qu’il apporte ne devraient pas empêcher Macron de dormir. Selon le service de presse de l’Elysée, la dépense pour 1 200 pièces (assiettes et assiettes à pain) s’élève à 50.000 euros. Faux, rétorque l’hebdomadaire, cela vaut dix fois plus, à s’en tenir aux tarifs de la manufacture de Sèvres. Sans doute, mais celle-ci peut très bien avoir offert à l’Elysée, qui assure sa publicité, les neuf dixièmes du montant ordinaire, sans qu’il y ait tentative de dissimulation. Et il n’y a rien d’anormal non plus que l’Etat passe commande à un bijou de l’artisanat d’art français. Dans ce registre, le Canard pourrait rechercher des scandales autrement préoccupants. Ici, on a affaire à une pseudo-affaire montée en épingle pour illustre le slogan de la France insoumise, Macron président des riches, déjà illustré par ses caricatures en Marie-Antoinette : s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche, dans de la vaisselle de Sèvres.
 

Economistes et en même temps commissaires politiques

 
Arrivons au solide. Macron, accusé sur sa gauche d’être un président de droite, commande une note à trois économistes, Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, afin de rectifier le tir. Ils lui recommandent de faire plus de social de « montrer qu’il a une jambe gauche », comme dit notre confrère la Tribune. Ils déplorent « l’image » qu’il donne « d’un pouvoir indifférent à la question sociale » et regrettent que « l’ambition émancipatrice (…) du programme présidentielle échappe à un nombre grandissant de concitoyens, y compris les plus fervents supporteurs de 2017 ». Ces trois économistes n’ont pas été choisis au hasard. Aghion, professeur au collège de France, a inspiré le programme économique de Macron, qu’il a connu à la commission pour la libération de la croissance française dirigée par Jacques Attali entre 2007 et 2008, sous Sarkozy. C’est un ponte du mondialisme. Martin était le conseiller de Macron à Bercy en 2015 et 2016, Pisano-Ferry a rejoint En Marche en janvier 2017 pour coordonner le programme économique de Macron. Bref, ce sont ses trois officiers traitants en matière d’économie.
 

Le virage social implique des économies

 
On s’attendait donc, dans le discours d’Emmanuel Macron mercredi devant le quarante-deuxième congrès de la Mutualité française à Montpellier, à un virage à gauche visible, qui marquerait les esprits, avec une forte annonce en matière de social. Les gens informés parlaient d’un système de bonus-malus pour les contrats courts et d’une taxation plus lourde des très grosses successions. Mais il n’a rien proposé de tel. Au lieu de cela, Macron a juste annoncé qu’il allait réformer la protection sociale pour la rendre plus efficace. En expliquant : « Ces dernières décennies, nous avons dépensé de plus en plus sur ce sujet. Avons-nous réglé le problème ? Non. »
 

Macron et son pognon dingue : on dirait du Sarko

 
Cette constatation d’évidence, que chacun peut partager (« ça ne mange pas de pain »), répétait sur le mode mineur la fuite sur Tweeter organisée la veille par Sibeth Ndiaye, la directrice de communication de Macron, d’une vidéo où l’on voit le président préparer son discours. Il y dit notamment : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas (…) Je vais faire un constat qui est de dire : on met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif (…) Et sur la santé c’est pareil. »
 
Aucun spécialiste n’est dupe, la séquence est faussement prise sur le vif, c’est de la com’, pour qu’on parle de Macron, de sa façon de voir les économies et le social, pour séduire la droite et les couches populaires. D’où notamment l’usage du mot pognon, « On dirait du Sarkozy ». En outre, il « fait du en même temps », il améliore le social en faisant des économies, pour séduire à la fois la droite et la gauche.
 

Vallaud, époux Belkacem, Hugo, Aubry, unis contre Macron

 
En attendant la réaction de la base, les élites de gauche n’ont pas été vraiment convaincues. Boris Vallaud, l’époux de Najat Belkacem a tweeté : « Et toi, chômeur en fin de droit, allocataire du RSA, personne handicapée, travailleur mal payé avec ta prime pour l’emploi, retraité modeste, agriculteur, ça ne te gêne pas de coûter « un pognon dingue » aux exonérés d’ISF ? » Danielle Simonnet, coordonnatrice du parti de gauche, fulmine, elle, contre le crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi, et cite L’homme qui rit : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches ». Olivier Faure préfère ironiser : « Il met un pognon de dingue sur les grandes fortunes et ça ne marche pas ». Quant à l’éternelle Martine Aubry, elle pleurniche toute une longue lettre, dans laquelle elle évoque les mânes du « Conseil National de la Résistance » pour défendre les acquis sociaux.
 

Macron dénonce l’abus social pour préserver le mondial

 
Au résultat, Macron apparaît plus que jamais, à gauche, comme le président des riches, mais il s’en fiche puisqu’il sait que la France est à droite. Et puis, il a fait le buzz, et pendant ce temps, on ne parle pas des claques qu’il s’est prise avec Trump et maintenant avec les Italiens. Il lui importe de paraître un peu à droite et populaire au moment où les Italiens et les Autrichiens se démènent contre l’immigration, premier sujet de préoccupation du peuple.
 
Deux choses pour finir. Un, le ruissellement. En commandant de la vaisselle à Sèvres, Macron donne l’exemple et montre comment les riches par leur dépense peuvent profiter à tous. Deux, il pose enfin, c’est le premier à le faire à l’Elysée, la question du coût de notre système social. Qu’est-ce qui coûte cher, un « pognon de dingue » comme il dit ? La suppression de l’ISF, le CICE, ou la sécu et le reste ? Poser la question, c’est y répondre. Macron a raison. S’il réussit, il aura libéré la France de bien des chaînes. Mais ce sera pour la soumettre à d’autres chaînes, celles du système mondialiste, comme nous l’écrivions dès son élection. Ce sera le meilleur des princes, ou plutôt des préfets mondialistes possibles.
 

Pauline Mille