Transcendance, spiritualité et écologie selon Macron, candidat du mondialisme

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Les discours d’Emmanuel Macron touchent parfois à l’indicible. Il n’est par rare qu’ils atteignent les profondeurs d’un Jean-Claude Van Damme, roi du mystico-gazeux – des plaisantins ont même fabriqué un quizz d’attribution des meilleures perles… Mais Macron fait pire, doublement pire, car non seulement il prétend s’installer à l’Elysée, mais il ne recule devant aucune outrance. Il ne « renie pas sa dimension christique », disait-il en février. On s’est beaucoup moqué de Macron l’allumé. Sa vision de la transcendance est pourtant plus « mainstream » qu’il n’y paraît : elle correspond parfaitement au panthéisme promu au nom de l’écologie et de la défense de « la planète ». Cette spiritualité globale que le mondialisme promeut discrètement mais sûrement.
 
C’est pourquoi sa vision mérite d’être prise au sérieux, analysée, dénoncée.
 
Ne nous laissons pas prendre au jeu intellectuel de Macron, pour séduisant qu’il soit parfois. On l’a vu, interrogé par un représentant du World Wildlife Fund (WWF), foncer tête baissée dans les poncifs environnementalistes focalisés sur « la disparition des espèces » et la surconsommation planétaire (chaque année, « 1,6 » fois ce que la Terre peut offrir) : c’était très exactement le thème du récent colloque de l’Académie pontificale des sciences où étaient conviés de nombreux partisans de la réduction de la population humaine. Car ce discours, que Macron le sache ou non, est celui qui sert à justifier l’idée de la réduction de la population mondiale – c’est un discours anti-humain.
 

La spiritualité de Macron s’appuie sur la défense de la Maison commune

 
« On ne peut pas aujourd’hui vivre, produire, consommer, innover, sans avoir ce type de réalité en tête » : pour Emmanuel Macron, il s’agit de partir de l’idée que l’histoire de la planète est bien plus ancienne que celle de l’humanité et que c’est elle, « l’histoire », qui a « créé la matière, les espèces, etc ». « Notre commun, ce sur quoi nous sommes aujourd’hui, ce qui nous fait, c’est cette planète »… Notez bien ces mots.
 
« Etre écologiste aujourd’hui, c’est se préoccuper de l’humanité et de l’humanité sous toutes ses composantes, donc le monde dans lequel nous sommes, ce qui nous fait », explique le candidat. Sans prôner la « décroissance », Macron veut une « croissance choisie » qui tienne compte d’un des problèmes qu’il juge lié à la situation actuelle : « l’inégalité » – « les inégalités spatiales, géographiques, climatiques, potentiellement mortelles ». Il veut donc, par l’investissement, aller de la « transition énergétique » à la « transition du modèle de croissance ».
 
La définition que donne Macron de l’écologie d’aujourd’hui, c’est donc celle-ci, parfaitement synthétisée : l’homme fait corps avec le monde créé, il en est le produit. Un produit… parmi d’autres.
 
L’accord de Paris de la COP21 a toutes ses faveurs, et surtout la Chine – « qui, je trouve, est en train d’entrer dans la conscience écologique et environnementale », a-t-il dit. La Chine (communiste) trouve cela aussi. Et le Forum économique mondial. Et l’ONU. Si Macron est le chouchou des mondialistes pour l’élection présidentielle à venir, la Chine est l’indépassable préférée entre tous.
 

Macron : de la transcendance au combat écologique

 
Macron a bien appris sa leçon : il veut avancer, « COP après COP, vers des mesures contraignantes » pour le climat. Il est aussi partisan de la transition énergétique : moins de nucléaire dans le mix énergétique.
 
Emmanuel Macron souhaite également aller vers la socialisation des biens, ce qu’il appelle la « multi-modalité ». « C’est en particulier le développement des usages : ce en quoi je crois beaucoup, c’est qu’on va sortir du “une personne, un foyer, un véhicule”, et qu’on va aller de plus en plus vers l’usage. Et c’est là où cette nouvelle écologie est en même temps une source de nouvelle économie –par le covoiturage, permis par l’utilisation collaborative des données, par les capacités que vont avoir les villes à développer les Smart City… On va avoir de plus en plus de l’usage de mobilité et de moins en moins de la possession d’instruments de mobilité ». Un monde sans possessions ? Vieux rêve. Nouvelle utopie, aussi : une parlementaire danoise en voit clairement les contours.
 
Macron ne va pas jusqu’à exprimer cela. Mais il est parfaitement dans les clous du politiquement correct, avec sa spiritualité qui nie l’ordre du créé. A côté de l’égalité homme femme et de la diversité, à côté de l’écologie, il voit comme « grande question transversale » la « transition numérique », qui selon lui est en train de tout changer, y compris « la pensée ». Pas faux. Mais est-ce désirable ?
 

Le candidat d’un monde qui fait l’homme est celui du mondialisme

 
Interrogé, à la fin de cet entretien dans le cadre du WWF, sur un proverbe indien, Macron cite – et semble avoir lu – « le très beau livre » L’Enracinement de Simone Weil, « qui évoque les droits et devoirs dans lesquels l’homme doit s’inscrire : elle le fait sur le plan moral, mais l’écologie relève de cela ». « On a oublié cela, j’ai vécu cela dans ma vie d’avant. On pense parfois qu’on est des parfaits nomades… Mais à la fin on revient quelque part… Il y a des arbres à côté de nous, il y a des rivières, il y a des poissons… Il y a des frères et des sœurs. Et c’est ce commun, notre trésor. Si on pense pouvoir être heureux, on oublie les devoirs de l’enraciné. Mais c’est une folie ». Et, ajoute-t-il, le combat écologique est « la condition pour que chacun et chacune ait sa place, dans notre humanité au sens large telle que nous l’avons évoquée, dans le monde qui advient ».
 
Ces accents de prophète et de prêcheur peuvent avoir quelque chose de séduisant pour ceux qui estiment importante la dimension spirituelle de l’homme. Mais il ne faut pas s’y tromper. La clé, c’est cette planète qui « fait », mot qui revient chez Macron. On comprend bien que chez lui, l’humanité dépasse la somme des êtres humains. Est-ce à cela qu’il fait référence en parlant « des frères et sœurs » ? C’est la louange du « commun », où l’on trouve les accents de la « conscience écologique », du « péché écologique », comme en parle le pape François.
 
Et dans ce discours, chaque concept compte. Il en est qui reviennent comme des leitmotive : ce monde qui « nous fait », « ce commun », « l’humanité au sens large ». Il ne s’agit pas de préserver ce qui est, pas seulement : Macron attend « le monde qui advient ». Terme religieux…
 

« Je fais le lien entre la transcendance et l’immanence »

 
Tout cela est à mettre en regard, car les discours s’éclairent l’un l’autre, des confidences d’Emmanuel Macron sur le « sacré ». Lorsqu’il répond au JDD que « la politique, c’est mystique », ce n’est pas une figure de style. « La politique… c’est une magie. Il faut définir le cœur de ce qu’on veut porter » dit Macron. Le journaliste ne semble pas comprendre, mais c’est infiniment révélateur.
 
Macron poursuit : « Comment se construit le pouvoir charismatique ? C’est un mélange de choses sensibles et de choses intellectuelles. J’ai toujours assumé la dimension de verticalité, de transcendance, mais en même temps elle doit s’ancrer dans de l’immanence complète, de la matérialité. Je ne crois pas à la transcendance éthérée »… Il finit sa démonstration sur cette phrase, qui ne doit certainement rien au hasard : « Je ne sépare pas Dieu du reste. Je fais le lien entre la transcendance et l’immanence ».
 
Cette spiritualité globale, globaliste, est celle qui vénère la Terre-Mère, celle qui veut modifier la vie de chacun. N’oublions jamais que les accords de la COP 21 ont été signés à New York lors de la « journée internationale de la Terre-Mère » de l’ONU, le 22 avril dernier. Le discours d’Emmanuel Macron, ses convictions aussi, sans doute, s’inscrivent parfaitement dans cet objectif quasi religieux, qui veut ôter Dieu du ciel pour mieux vénérer la nature.
 
Et sans doute est-il par là précisément et davantage le candidat du mondialisme qu’à travers ses choix économiques ou politiques. Sans quoi, un tel allumé, on vous l’aurait éjecté fissa !
 

Jeanne Smits