Au Mali, une prise d’otages symbole de l’extension de l’internationale terroriste djihadiste

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Les forces des FAMA et de la MINUSMA travaillent ensemble pour retrouver les auteurs de la prise d’otages de Sévaré.

 
Un grand hôtel de Bamako, la capitale du Mali, a été vendredi l’objet d’une prise d’otages qui a fait au moins 27 morts, dont deux des assaillants, après l’assaut donné par les forces spéciales pour libérer les 170 personnes, parmi lesquelles figuraient de nombreux ressortissants étrangers, retenues depuis le matin par un groupe terroriste d’islamistes armés. Cette opération est en quelque sorte la preuve – et le symbole – de l’extension de l’internationale djihadiste. Mais pas la seule…
 
La fin de la prise d’otages a été annoncée plus de sept heures après l’irruption des assaillants l’établissement hôtelier, mais les forces spéciales ont encore dû batailler longtemps contre les membres survivant du commando.
 

La prise d’otages du Mali

 
On sait, par une revendication qu’il en a faite, qu’elle a été perpétrée par le groupe djihadiste Al Mourabitoune, dirigée par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, allié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et qui s’était notamment illustré par une autre sanglante prise d’otages dans un complexe gazier du sud algérien en janvier 2013.
 
Le Quai d’Orsay a indiqué que quelque 7.200 ressortissants français vivent au Mali, dont la grande majorité à Bamako même. Mais, d’après les informations officielles, aucun d’eux ne figurerait parmi les victimes de cette nouvelle et sanglante attaque djihadiste. Mais au moins douze Français, des salariés d’Air France, se trouvaient sur place. Ils ont néanmoins été exfiltrés et conduits en lieu sûr avant la fin de la prise d’otages.
 
Le Mali est malheureusement en première ligne dans les violences à caractère islamiste, souvent revendiquée par le groupe Al Mourabitoune. Dernières de ces actions en date : l’attaque d’un restaurant – à Bamako déjà – en mars dernier ; ou l’opération sanglante menée contre un hôtel de Sévaré au mois d’août.
 
Le Mali avait, semble-t-il, été évoqué par l’un des terroristes djihadistes ayant opéré à Paris la semaine dernière, et qui aurait déclaré : « Ce n’est que le commencement. Nous n’avons pas non plus oublié ce qui s’est passé au Mali. L’amertume provenant du Mali, l’arrogance des Français ne seront pas du tout oubliées. »
 
Réelle ou non, cette déclaration n’en correspond pas moins à une situation d’extension des opérations terroristes, notamment en Europe, où les services de sécurité des principaux pays semblent s’attendre à de nouvelles attaques, aussi aveugles et violentes que celles qui se sont déroulées dans la capitale française.
 

Extension de l’internationale terroriste djihadiste

 
La tension s’est, petit à petit, emparé de la plupart des capitales européennes, et notamment de Bruxelles. D’abord, parce que c’est de Belgique que venait un certain nombre des terroristes qui ont opéré à Paris – au point que l’on nous parlait volontiers, et sans voire ce que cela avait de dérisoire, de « djihadistes belges ».
 
Ensuite, parce que, parmi les suspects interpellés et interrogés ces derniers jours en Belgique, l’un d’eux a été officiellement inculpé vendredi pour des faits de terrorisme.
 
Enfin parce que Bruxelles ferait, selon une déclaration publique des autorités belges, l’objet d’une menace « sérieuse et imminente », au point que le gouvernement a placé samedi la ville de Bruxelles en état d’alerte maximale, fermé le métro, demandé à la population d’éviter les lieux fréquentés, et suspendu les manifestations sportives et publiques.
 
« Cela résulte d’informations, relativement précises, d’un risque d’attentat tel que cela s’est déroulé à Paris. On parle donc de menace portant sur une hypothèse où plusieurs individus avec des armes et des explosifs démarrent des actions, peut-être même à plusieurs endroits en même temps, a ainsi déclaré le premier ministre Charles Michel.
 
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a précisé de son côté que 1.000 soldats avaient été mobilisés pour effectuer des patrouilles. Son homologue à l’Intérieur, Jan Jambon, a estimé nécessaire d’établir en outre un registre de tous les habitants de Molenbeek, commune bruxelloise dont viennent Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, et Salah Abdeslam, un autre des terroristes djihadistes des attentats de Paris, qui, lui, n’a pas été tué, et qui est toujours activement recherché. « L’administration communale doit aller frapper à chaque porte et demander qui habite effectivement là », a déclaré le ministre.
 

Peur, inconnu et simplisme

 
La réalité, c’est que la plupart des hommes politiques européens voient poindre la peur. Il est vrai que c’est une compagne habituelle du terrorisme. Mais il y a une autre raison à sa présence, et c’est l’incompréhension.
 
Il ne s’agit évidemment pas de prétendre comprendre ce qui passe par la tête d’un fou d’Allah, prêt à aller se faire exploser au milieu de gens dont il ignore tout, à des milliers de kilomètres de chez lui.
 
Il s’agit justement d’admettre que ces gens-là vivent dans un autre monde mental. Au lieu de croire qu’il suffit de bouleverser des régions entières du Proche Orient sous le prétexte de leur apporter une démocratie dont il n’ont que faire, tant l’image en est peu reluisante. Une démocratie qui est à la politique véritable, en définitive, ce que la verroterie est au bijou. On pourrait presque reprendre certains dessins du XIXe siècle…
 
En définitive, et c’est sans doute là ce qu’il y a de plus terrible, c’est que le schéma intellectuel du démocrate européen du XXIe siècle est finalement aussi simpliste, bien que dans un genre différent, que celui du djihadiste. Tout deux croient qu’il suffit d’apporter sa camelote à l’autre pour qu’il découvre le meilleur des mondes. Malheureusement, le meilleur des mondes n’est pas ce qu’ils croient.
 

François le Luc