Mandat de la CPI contre Netanyahu : du rififi dans l’arc-en-ciel

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La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye vient d’envoyer un mandat d’arrêt international contre trois personnes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité : Benjamin Netanyahu, son ancien ministre de la Guerre Yoav Gallant, et l’ancien chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, qui aurait préparé et mené l’attaque terroriste contre Israël le 7 octobre 2023. Celui-ci a été assassiné par les forces spéciales israéliennes, mais la CPI a tout de même émis un mandat contre lui, « n’ayant pas de preuve de sa mort ». Les Etats-Unis, Israël, l’Argentine condamnent une action de la CPI jugée « absurde », tandis qu’au contraire Josep Borell, commissaire européen aux Affaires étrangères, estime que « les décisions de la cour doivent être respectées et appliquées ». Ce rififi au plus haut niveau rappelle que l’arc-en-ciel n’est pas unanime, que la révolution mondialiste en cours est dialectique, s’accommodant des forces opposées qui se divisent la planète pour en tirer la résultante qui lui est utile. Et c’est aussi une réponse aux antisémites professionnels qui croient que cette révolution est « aux mains des juifs » ou, version moderne « à la merci des sionistes ».

 

Israël et ses amis contre le mandat de la CPI visant Netanyahu

Le mandat de la CPI contre Netanyahu (on parle moins des autres) a divisé le monde diplomatique en deux clans irréconciliables. A droite, Israël et ses proches alliés. Pour Netanyahu lui-même, la décision de la CPI est « antisémite » et digne d’un « nouveau procès Dreyfus ». Pour le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, « c’est un jour noir pour la CPI qui a perdu toute légitimité à exister et à agir », et se comporte « comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes œuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient ». Même le chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid a « condamné » ce mandat en quoi il voit une « récompense pour le terrorisme ». Washington est sur la même longueur d’onde : « Les Etats-Unis rejettent catégoriquement la décision de la Cour d’émettre des mandats d’arrêt contre de hauts responsables israéliens », a réagi la Maison Blanche. « Profondément préoccupée par l’empressement du procureur à réclamer des mandats d’arrêt », elle a ajouté : « La CPI n’était pas compétente juridiquement dans cette affaire. » On retrouve à Washington et Tel Aviv le même procès en « incompétence » de la CPI. C’est le signe que quand les intérêts d’Israël sont en jeu, ses soutiens s’opposent aux juridictions internationales ordinairement chères à l’arc-en-ciel.

 

A gauche de l’arc-en-ciel, on approuve

Le président argentin Javier Milei, lui, s’étonne du deux poids deux mesures de la CPI. Il a déclaré sur X : « Israël est confronté à une agression brutale, à des prises d’otages inhumaines et au lancement d’attaques aveugles contre sa population. Criminaliser la défense légitime d’une nation tout en omettant ces atrocités est un acte qui fausse l’esprit de la justice internationale. » A gauche, et à l’inverse, Josep Borell, l’homme qui s’occupe des Affaires étrangères à l’Union européenne, soutient à fond la CPI : « Ce n’est pas une décision politique, c’est une décision d’une cour, d’une cour de justice, d’une cour de justice internationale. Et la décision de la cour doit être respectée et appliquée. » Même son de cloche à Amnesty International dont la secrétaire générale Agnès Callamard a des accents de militante : « Les Etats membres de la CPI et l’ensemble de la communauté internationale doivent tout faire pour que ces individus comparaissent devant les juges indépendants et impartiaux de la CPI. »

 

Arrêter Poutine ou Netanyahu, c’est risquer du rififi

Elle fait allusion au fait que Vladimir Poutine, lui aussi visé par un mandat d’arrêt international lancé par la CPI à cause de l’invasion de l’Ukraine est toujours tranquille au Kremlin, et qu’il n’a pas été inquiété lors de son voyage en Mongolie en septembre dernier. Car ce n’est pas tout d’émettre un mandat d’arrêt international, encore faut-il qu’il soit appliqué. En principe, les 125 pays signataires du Statut de Rome de la CPI institué le 17 juillet 1998 sont requis de livrer l’homme qui fait l’objet d’un tel mandat s’il entre sur leur territoire, quelle que soit sa puissance : mais la Mongolie, signataire en 2000 et ayant ratifié son adhésion en 2002, s’est dérobée. C’est pourquoi le député de la France insoumise Hadrien Clouet assortit sa satisfaction d’un souhait : « J’imagine que c’est la fin d’un monde où il y a l’impunité totale des alliés de l’Occident et on ne peut que se réjouir du fait que le droit international commence à s’appliquer à tout le monde. (…) C’est une très bonne nouvelle et évidemment, j’attends que le gouvernement français livre monsieur Netanyahu si jamais il mettait un pied en France. »

 

Pauline Mille