Manifestations monstres au Brésil pour demander la destitution de Dilma Rousseff ; ou comment la gauche désespère le peuple

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La présidente brésilienne Dilma Rousseff à Brasilia.

 
Loin d’instaurer davantage de justice sociale et de promouvoir les droits des petites gens et des pauvres, la gauche crée la pauvreté et l’indignation lorsque la vérité de ses agissements transparaît… C’est le cas au Brésil où des manifestations monstres se sont déroulées dimanche pour exiger la destitution de Dilma Rousseff. La situation du peuple ne s’est pas améliorée avec l’arrivée au pouvoir de Lula et de Dilma Rousseff qui lui a succédé ; le peuple désespère en voyant ses prétendus hérauts pris tour à tour dans des enquêtes pour corruption. De São Paulo à Brasilia, de Manaus à Rio, ce sont 150 villes qui ont résonné au son de leurs slogans hostiles qui n’ont épargné personne au sein de la classe politique. São Paolo a connu avec 500.000 participants sa plus grande manifestation politique jamais enregistrée ; il y avait deux fois plus de personnes que l’an dernier. Au total, la police a avancé le chiffre de 3 millions de participants au niveau national.
 
Le catalyseur du mécontentement populaire est avant tout la crise économique qui perdure et qui a atteint son point le plus bas depuis 25 ans. Si Rousseff a pu s’imposer pour un deuxième mandat en 2014 en remportant les élections, elle est aujourd’hui au cœur d’un scandale qui pousse plus de 50 % de Brésiliens (selon les sondages les plus récents) à réclamer son départ, que ce soit par démission ou plutôt par destitution puisque la présidente a déclaré ne pas être prête à abandonner son poste de son plein gré.
 

Le peuple de gauche déçu par Dilma Rousseff et Inacio Lula

 
Victime des circonstances, elle l’est dans une certaine mesure puisque la croissance rapide qui a bénéficié au Brésil alors que les économies développées peinaient, appuyée sur la hausse des cours des matières premières, s’est subitement effondrée. Plus dure est la chute… L’économie brésilienne s’est contractée de 3,8 % en 2015.
 
Aujourd’hui, Dilma Rousseff tente de restreindre les dépenses publiques démesurées engagées à la faveur de la croissance et qui ont assuré une certaine approbation : il faut maintenant pratiquer des coupes et revoir les généreux systèmes de pension, toutes mesures qui frapperont durement les classes moyennes et pauvres.
 
Elles sont d’autant plus impopulaires que Mme Rousseff est sous le coup d’enquêtes publiques, accusée d’avoir personnellement profité du gigantesque plan de corruption Petrobras, le groupe pétrolier d’Etat qu’elle a présidé de 2003 à 2010, période où le plus gros des malversations a été constaté.
 
Les manifestants de dimanche étaient le plus souvent des Brésiliens de la classe moyenne : des chefs de petites entreprises notamment qui se battent pour maintenir leur affaire à flot, des salariés aux revenus moyens qui peinent aujourd’hui à joindre les deux bouts. Ils reconnaissent que le gouvernement a aidé les Brésiliens à acheter leur logement, une voiture, de l’électronique, « mais nous n’avons toujours pas de santé, d’éducation ni d’assainissement », note un manifestant.
 

Corruption, misère, récession : la gauche selon Dilma Rousseff (et tous les autres)

 
Sont-ce là des services à rendre par l’Etat ? La question est évidemment ouverte, mais en pays socialiste, les politiques prétendent en être responsables. Et ne les rendent pas…
 
Quant aux pauvres, cible de choix du Parti des travailleurs d’Inacio Lula et de Dilma Rousseff, ils n’étaient pas nombreux à battre le pavé mais leur désenchantement vis-à-vis de la gauche est de plus en plus largement acquis. Deviendraient-ils conscients du mensonge socialiste qui prétend venir en aide aux déshérités tout en faisant prospérer les affaires de l’inévitable Nomenklatura et en paupérisant même « ceux qui ont » ? Même d’anciens soutiens de Mme Rousseff parlent aujourd’hui de « vol » et de « spoliation du peuple ». Son allié de gouvernement, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), secoué par les accusations de corruption qui visent les travaillistes, a aujourd’hui une raison supplémentaires de retirer son soutien.
 

Manifestations pour la destitution de Dilma Rousseff : la procédure en cours

 
Tandis que Dilma Rousseff organisait une réunion de crise avec quelques ministres qui n’ont rien trouvé de mieux à faire que de saluer le caractère pacifique des marches nationales, signe de « maturité politique » selon eux, les analystes politiques au Brésil espèrent que le succès des manifestations donnera un coup de fouet à la procédure de destitution qui est effectivement en cours devant le Congrès du Brésil.
 
Elle a été déclenchée l’an dernier par l’accusation à l’égard du précédent gouvernement Rousseff, accusé d’avoir trafiqué les comptes de l’Etat pour augmenter les dépenses publiques pour soutenir la campagne de réélection présidentielle menée par la présidente.
 

Anne Dolhein