Manuel Valls est déterminé : il veut « tout faire » contre le Front national, et notamment pour empêcher une – ou plusieurs… – victoire de ce parti aux élections régionales. Pour y parvenir, et malgré les critiques qu’il ne cesse de lui adresser, le premier ministre a appelé dimanche la droite à prendre ses responsabilités. Une manière comme une autre de lancer un SOS…
Cet appel repose évidemment la question du « front républicain », sans toutefois réussir à la trancher. Car c’est évidemment, pour les socialistes, la question-piège.
Interrogée à ce sujet sur France 3, Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, et numéro trois du gouvernement, l’a tacitement reconnu en expliquant que décider de telles stratégies électorales avant le premier tour « influe les électeurs ». L’idée n’est pas fausse, si le français est toujours aussi mauvais. Quant à la « bravitude », elle a disparu de la culture socialiste…
« Tout faire » contre le Front national
De fait, Manuel Valls admet que « le Parti socialiste sera souvent troisième (…), mais le total des voix de gauche, donc le rassemblement de la gauche au second tour, sera souvent devant le total des voix de droite et devant l’extrême droite ».
Le premier ministre ne peut, en effet, qu’admettre la réalité. Ainsi, un sondage Odoxa diffusé dimanche par Le Parisien et BFM TV donne, par exemple, le Front national en tête des intentions de vote (32 %) devant la liste Les Républicains-UDI-Modem (30 %) et la liste socialiste (19 %) pour le premier tour des élections régionales en Alsace-Lorraine Champagne-Ardennes.
On voit donc pourquoi Manuel Valls est prêt à « tout faire », puisqu’il sait que sa majorité ne gagnera pas ces élections. Pire ! il est même disposé à ce qu’elle les perde, puisqu’il précise au « Grand Rendez-vous » Europe 1-Le Monde-iTELE : « Tout faire. Je n’en dis pas plus à ce stade, car je souhaite que mes amis, que les candidats mènent cette campagne, qu’ils fassent le score le plus important. »
Effectivement, il n’a pas osé aller jusqu’à parler d’un désistement des listes de gauche pour le second tour. D’abord, parce que ce serait démoraliser des troupes socialistes déjà point trop fringantes.
Manuel Valls veut l’aide de la droite
Ensuite, parce qu’il espère obtenir de la droite qu’elle se pose, elle aussi, la question – dans les cas, du moins, où ce serait visiblement nécessaire – plutôt que de s’en tenir à un ni-ni qu’il juge « irresponsable », alors qu’il faut être « désintéressé ». C’est beau !
Enfin, parce que le Parti socialiste lui-même, par la voix de son Premier secrétaire, a tiqué. A la fin de la semaine dernière, Jean-Christophe Cambadélis indiquait que se prononcer aujourd’hui sur le fameux « front républicain » était un risque, car cela « indiquerait à la gauche que le vote utile contre le Front national est le vote à droite ». « Il induirait ainsi, ajoutait-il, que l’avenir dans le pays se jouera entre la droite parfois extrême et l’extrême droite. »
De fait, la question se repose alors de la disparition, plus ou moins réelle, du Parti socialiste. Car, lorsque Manuel Valls appelle la droite à un échange de procédé, non seulement il avoue sa faiblesse, mais, en outre, il ne prend pas, lui, ses responsabilités. Qui, en effet, a renvoyé dos-à-dos, sur certains dossiers, la droite et le Front national ?
Qui a, par un effet de miroir inversé, indiqué aux Français que, sur certains sujets, on pouvait, en votant à droite, obtenir le même résultat qu’avec le Front national ?
Le boomerang est un art délicat…