Il y a exactement un an, le 31 mars 2014, Manuel Valls était nommé premier Ministre. Un an d’exercice pour se prendre cette belle claque des départementales qui voit le Parti socialiste au deuxième tour, à 16,06 % des suffrages exprimés, loin derrière l’Union de la Droite et surtout le Front National. Un an de poste pour assumer la perte de 28 départements sur les 61 que dirigeait la gauche avant le 29 mars. Un an, pour voir sa terre l’élection qu’est l’Essonne, basculer à droite…. Mais envers et contre tous, Valls s’accroche, s’arcboute dans ce tour de piste délicat, galvanisé par le pouvoir, idéologiquement déterminé.
Manuel Valls assure son poste
Déjà dimanche, il a préféré annuler sa participation au conseil des ministres franco-allemands ce mardi à Berlin – décision relativement exceptionnelle – et a reporté son déplacement à la Banque centrale européenne à Francfort. Tout ça pour se rendre ce matin, devant les députés socialistes de l’Assemblée et essuyer les foudres de leurs questions, avant de leur imposer les foudres de ses réponses. « Il aurait été plus problématique qu’on laisse les députés seuls » après un tel revers électoral, a estimé un proche du chef de l’État…
Car les frondeurs sont là. La gauche de la majorité reproche à l’exécutif d’avoir trahi les promesses de la campagne originelle et de mener une politique suicidaire. Martine Aubry, l’ancien ministre Benoît Hamon, le président sortant du Conseil général de l’Essonne Jérôme Guedj et l’eurodéputé Emmanuel Maurel, se disputent les reproches au premier ministre. Dimanche soir, Manuel Valls faisait déjà quelques signes à leur encontre en annonçant plusieurs nouvelles mesures en faveur de l’investissement privé et public.
Cela suffira-t-il ?
Tout de même, Valls les agace. Et pas seulement eux. Surtout quand on l’écoute se défendre face à Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV, au lendemain de ces « désastreuses » élections départementales. Sa responsabilité est évidemment « partagée » – ben voyons. C’est seulement qu’on ne voit pas « l’amélioration économique ». « Il faut juste « redoubler d’efforts »… et en premier lieu contre ce « Front National qui charrie la haine et la division » !
Lui, bien sûr, est « dans la vérité, jamais dans la démagogie ».
C’est la raison pour laquelle une démission, de sa part, serait absolument inenvisageable – il a même esquissé à cette brusque question de Jean-Jacques Bourdin, un demi-sourire (rictus ?), le seul de l’émission. « Non. On rajouterait une crise politique en plus à cette situation », a-t-il expliqué avec une présomption sans faille. « D’ailleurs, ce n’est pas ce que les Français me demandent ; ils me demandent de rester au poste, de les écouter et de continuer l’action pour l’emploi et pour redresser le pays ». On ne remet rien en cause ! L’essentiel est que « toute la gauche se retrouve » – pour récupérer ce pouvoir qui lui échappe.
La même politique mondialiste au final
Et puis, si. Un changement, un seul, en guise de réponse à cette révolution des urnes : la potentialité d’un élargissement de la majorité, avec la rentrée au gouvernement, à condition d’un pacte, de … Europe Écologie les Verts. Ceux-là même qui ont fait 0,16% des suffrages exprimés aux élections départementales de dimanche… On ne parvient même pas à en rire. Pour tout le reste, le gouvernement prendra des mesures pour « l’investissement des entreprises » et pour « le travail » qui sont « la priorité des priorités ».
La presse s’en donne pourtant à cœur joie depuis ces derniers jours, fustigeant un couple politique en chute libre et s’acharnant sur un Valls pourtant bien loin d’être réduit à l’état de cadavre. Lundi matin, dans Le Parisien, un ancien ministre osait anonymement la comparaison avec l’A320 de Germanwings : « Valls est enfermé dans le cockpit, Hollande est parti aux toilettes et tous les socialistes dans la cabine vont au crash ». Et les caricatures parallèles n’ont pas manqué, même chez Plantu.
Résultats des départementales : rien de changé !
Le PS doit « arrêter d’être de droite » disait un commentateur sur le site du Figaro, en d’autres termes, doit cesser sa politique libérale. Mais il la joue aussi bien que la droite ! Mondialisme et libéralisme font fort bon ménage dans le domaine économique. Et gauche et droite se servent dans le même plat quoiqu’avec des couverts différents. A travers l’échec de Valls et son fabuleux entêtement politique, l’on touche officiellement du doigt ce paradoxe qui n’en est un qu’en apparence.
Qu’importe le Front National, le seul parti à franchir la barre des 25% au premier tour des élections des départementales. Qu’importe la fronde de la gauche de la gauche. Qu’importe les invectives de la presse et les râles des Français. « Je suis très déterminé », « nous allons poursuivre les réformes et les approfondir », martèle Valls. Les diktats de l’Union Européenne et par-delà, du Nouvel Ordre, sont les mêmes pour tous.