Maps to the stars (la carte des étoiles) ♠
Cinéma

Maps to the stars (la carte des étoiles)

DRAME :

Ce film a été dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2014.
Il y avait donc lieu de craindre le pire, entre ennui profond esthétisant, ou saleté amoraliste. Les deux se combinent souvent. Or il ne s’agit ici que du second cas, très net. Le réalisateur, talentueux, David Cronenberg, maîtrise à la perfection son métier, construit rigoureusement ses cadrages, dirige ses acteurs, etc., ce qui n’est plus si courant aujourd’hui ; il est dommage qu’il se serve de ses capacités indéniables pour le pire.
 
Les bandes annonces et le dossier de presse laissaient deviner un film sur les travers d’Hollywood, des enfants ou adolescents acteurs, insupportables dans leur vie quotidienne, ou des actrices vieillissantes aux corps artificialisés jusqu’à la répugnance pour le spectateur masculin, dont le rôle de Juliane Moore –prix d’interprétation féminine à Cannes -, qui tiennent à jouer des jeunes filles…Rien de joyeux, ni d’original.
 
L’usage des fantômes, renouvelé de Shakespeare, et susceptibles d’explication rationaliste en un contexte de surconsommation de drogues licites ou illicites, constitue la seule très bonne idée du film : ils punissent les vivants de leur légèreté, de leurs négligences, de leurs mauvaises actions. Sara Gadon, très belle et grande actrice méconnue, incarne un spectre fascinant, renoue avec le personnage de Lilith de Jean Seberg ; ce film atroce comprend paradoxalement des moments de grand cinéma.
 
Le thème central véritable s’avère bien pire qu’une satire acide d’Hollywood, des acteurs et leurs habitudes – des « charités » aux gymnastiques de développement personnel, du cynisme à la charlatanerie : ainsi, ce qui rapproche progressivement les destins des personnages a priori sans lien – suivant une narration parfaitement maîtrisée, le spectateur ne s’ennuie pas techniquement – est l’inceste, particulièrement entre frère et sœur, ou, soupçonné, entre mère et fille…
 
Le réalisateur Cronenberg entreprend un chemin de démolition de l’humanité emprunté déjà par l’écrivain Zola : cette comparaison est assurément la bonne, car, dans le fond, tous les personnages sont mauvais, répugnants ; dans les actions montrées, le démiurge use, et abuse surtout, de la sexualité, traduite en des couleurs crues, des problèmes de flux corporels… Dans un cas comme dans l’autre, l’auteur massacre délibérément son indéniable talent, et au lieu d’un chef-d’œuvre, produit une horreur. Même s’il se sait pécheur le spectateur sort écœuré de Maps to the stars, et se sent insulté en tant qu’être humain.
 
 
Hector Jovien