Première : on a réussi à faire maturer des ovules humains en dehors du corps

maturer ovules humains hors corps
 
Une nouvelle technique développée par l’université d’Edimbourg a permis de cueillir des ovules immatures sur le tissu ovarien humains et de les faire maturer en dehors du corps, en laboratoire jusqu’au point où ils étaient prêts à être fécondés. Découverte révolutionnaire, cette nouvelle technique offre un espoir, selon les chercheurs, aux femmes déjà trop vieilles qui pourraient ainsi concevoir, ainsi qu’aux jeunes filles risquant de perdre leur fertilité du fait d’un traitement anticancéreux par exemple.
 
Il aura fallu 30 ans de recherches pour comprendre les toutes premières étapes de la reproduction, signale Evelyn Telfer, principal auteur de l’étude. Le fait d’avoir pu observer le développement de l’œuf en laboratoire a ouvert la porte à la substitution de la maturation naturelle par une procédure en dehors du corps humain, décrite dans le journal scientifique Molecular Human Reproduction.
 

Une technique développée par l’université d’Edimbourg : faire maturer des ovules en laboratoire

 
Pour sa réalisation, on a récupéré des ovules immatures sur des femmes subissant des césariennes avant de les placer dans un environnement imitant celui du système reproducteur humain, et on a pu les voir croître depuis le stade de cellules ovariennes minuscules jusqu’à celui d’œufs presque visibles à l’œil nu. L’objectif était de mieux étudier le processus de maturation, mais pratiquement, il peut y avoir une application pour les jeunes filles prépubères victimes de cancers qui nécessitent une chimiothérapie susceptible de détruire ou d’endommager leurs ovules existants.
 
A présent, il leur est proposé de prélever du tissu ovarien qui peut être réimplanté une fois le cancer guéri, mais ce n’est pas sans le risque de réintroduire un cancer. Avec la nouvelle technique, il serait possible de prélever des cellules ovariennes pour les faire maturer et les conserver en vue d’une procréation future.
 
Pour les femmes plus âgées, on pourrait éviter la multiplication des recours aux hormones et aux cycles boostés : il suffirait de prélever des cellules ovariennes et de faire maturer un grand nombre d’ovules parmi lesquels il serait possible de choisir les plus « prometteurs ». De fait, des cellules susceptibles de maturer pour devenir des ovules à part entière sont encore disponibles dans les ovaires à l’approche de la ménopause : « Cela représente un potentiel énorme », observe Marco Gaudoin, directeur d’une clinique de fertilité en Ecosse, dans The Times : « Voilà qui augmente les chances d’avoir un enfant qui soit génétiquement à vous. »
 

Maturer des œufs humains en dehors du corps de la femme : la marche vers la déshumanisation de la procréation

 
On n’y est pas encore, notamment parce que certaines anomalies continuent d’être observées dans les cellules arrivées à maturité. En l’absence d’autorisation de les féconder, il est impossible d’en connaître l’importance. Par ailleurs, le processus reste « inefficace » dans la mesure où sur 48 œufs mis en culture, seuls neuf sont arrivés à maturité. Si l’avancée demeure « significative » souligne le Pr Telfer, « il reste beaucoup de travail ». A commencer par la vérification de la « normalité » de ces cellules reproductrices. Au moins l’équipe d’Edimbourg peut-elle maintenant avoir bon espoir d’obtenir davantage de fonds pour continuer dans ses recherches…
 
Les possibilités nouvelles de manipulation des gamètes humains ne cessent de s’étendre. Celle qui vient d’être mise au point offre encore davantage de pouvoir à la technique sur la procréation, sans constituer en soi une transgression. Mais elle laisse prévoir la possibilité un jour, de multiplier de manière inédite le nombre de fécondations artificielles et de les rendre plus facilement accessibles.
 

Jeanne Smits