La méditation pleine conscience une nouvelle fois à l’honneur à Davos

méditation pleine conscience Davos
 

C’est devenu une habitude : le Forum économique de Davos, dont nous avons vu comment il a promu un paganisme panthéiste assumé, accueillait publiquement cette année une nouvelle fois une séance de « méditation pleine conscience ». Après le moine bouddhiste Mathieu Ricard et le non moins bouddhiste Christophe André lors d’éditions antérieures, c’était cette fois au tour de Krista Kim, américano-coréenne qui s’est fait une spécialité de l’art digital appliqué à la mise en place d’états cérébraux altérés qui sont au fond l’objectif de cette « méditation » sans Dieu (et même contre Dieu).

Si l’on peut sans doute se réjouir de ce que sa session, intitulée Continuum, n’ait attiré qu’une poignée de participants, il ne s’en agit pas moins d’un symbole fort, d’autant que la prestation de Krista Kim était présentée par Joseph Fowler, directeur des Arts et de la culture au Forum économique mondial, et que celui-ci a participé à la session qui promettait l’entrée dans un état de méditation quasi « hypnotique », comme l’annonçait l’animatrice.

 

La méditation pleine conscience dirigée à Davos par l’artiste numérique Krista Kim

Mme Kim, « artiste du Metaverse et philosophe zen », qui pratique elle-même quotidiennement la méditation transcendantale, se sert en effet de « œuvres d’art » numériques qui aident l’individu lambda à accéder à la méditation pleine conscience, ici devant un grand écran, où les effets lumineux et la musique « recto tono » mais aux variations harmoniques très calculées sont utilisés pour accompagner les exercices de respiration dictés par… la gourou ? Lors de son bref exposé sur la technique, elle souligna d’ailleurs que c’est une musique capable de « modifier l’état du cerveau » et d’apporter la « guérison ».

C’est donc une sorte expérience de développement personnel mâtinée de spiritualité orientale qui était ainsi proposée à Davos ; mais il serait sans doute plus juste de parler de « développement de l’impersonnel » : d’une fusion entre soi et l’« œuvre » présentée, soi et la représentation numérique, comme l’expliqua l’artiste lors des échanges après l’expérience.

La méditation pleine conscience est une technique de présence à soi qui rend possible par l’exercice du non-jugement la paix intérieure, résume le professeur de philosophie Martin Steffens, dans une passionnante conférence sur le rapport de cette pratique avec la prière. Et s’il est important dans parler, c’est que la pleine conscience se pratique en France jusque dans certaines salles de classe du primaire, et aussi dans nombre d’entreprises, et même dans le cadre d’une conférence élogieuse au ministère de la santé en 2017 sous la présidence du futur compteur de cadavres du covid, le Pr Jérôme Salomon…

 

Méditation pleine conscience ou prière ? Elles se contredisent l’une l’autre

Disons-le d’emblée, il n’y a aucun rapport entre la méditation pleine conscience et la prière chrétienne, si ce n’est celui de la contradiction : la prière est à l’opposé de la méditation pleine conscience, puisqu’elle n’est pas une technique, ni une présence à soi – étant par définition une présence à Dieu –, et qu’elle n’abolit pas le jugement mais au contraire le suppose à travers l’activité de la conscience, en distinguant entre le bien et le mal. En outre, la paix intérieure qu’elle apporté naît de la volonté d’accomplir la volonté de Dieu et d’une acceptation et d’une offrande de la souffrance, quand celle-ci se présente ou persiste malgré la prière. La méditation pleine conscience, au contraire, s’inspire du bouddhisme et cherche à installer un regard serein, « zen », sur le monde, où l’on ne juge rien, et surtout pas soi-même… Où l’identité finit par se fondre dans le grand tout, voire ouvre celui qui la pratique à l’occulte – mais c’est un autre aspect des choses que nous n’aborderons pas dans cet article.

L’important, c’est de comprendre à quel point les grands de ce monde sont ouverts et favorables à cette fausse spiritualité qui n’est pas une religion au sens classique du terme, et d’ailleurs s’en défend en prétendant à une forme de laïcité, mais qui est une manière active sinon assumée de contrer la pratique et la réalité de la vraie religion.

Si l’on se donne la peine de suivre en ligne un exercice tel que celui proposé par Krista Kim, on comprend vite qu’il consiste à vouloir utiliser des techniques respiratoires, des images et des sons capables de conduire à un état de conscience altéré. Et s’il est tentant de rejeter tout cela comme une manifestation de charlatanisme bobo, il est certainement plus sage et plus exact d’en constater les objectifs et les effets pervers, dont le premier est justement cette marche vers l’abolition de la perception du bien et du mal.

 

Davos organise tous les ans une session de méditation pleine conscience

Ce qui, tout naturellement, mène à l’abolition de la capacité d’indignation devant ceux qui prétendent assurer le bien et le bien-être de l’humanité, y compris contre son gré ! Ceux qui font la promotion de ces techniques et trôneront donc, avec Bouddha et autres prédicateurs de néant, parmi les artisans de paix d’un monde sans Dieu autre que notre nombril et la « mère nature »…

Krista Kim a achevé sa demi-heure de « pleine conscience » en racontant comment elle avait pu mener une expérience d’art digital sur Times Square à New York il y a deux ans, où la plupart des panneaux publicitaires affichaient ses « tableaux » de lumière aux variations numériques. Elle prétend qu’au sortir du covid, alors que les gens souffrent d’isolement comme jamais, cette expérience zen avait montré que les spectateurs, de plus en plus nombreux, sont « à la recherche de connexion ». Elle rêve de ces safe spaces (« espaces sûrs ») pour la méditation pleine conscience « où les gens ont le droit d’être vulnérables », « chose très rare » mais qu’il faudrait « normaliser ». Les étendre « aux villes et au cités » du monde entier pour en finir avec la « crise de la solitude »…

Il s’agit plutôt de fondre les individualités dans la conscience de la masse, au moyen du numérique. Le Forum économique mondial souscrit des deux mains.

 

Jeanne Smits