Mais qu’est-ce donc que la « méditation pleine conscience » proposée aux grands de ce monde à Davos ?

Davos-meditation-pleine-conscience-manipulation-conscience-oriental-contemplation-infuse
 
Lors du Forum économique de Davos, les grands de ce monde, les « élites » financières, économiques et politiques se sont vu proposer une séance de méditation « pleine conscience » pour démarrer leur journée de travaux (voir ici sur reinformation.tv). Ce n’est pas la première fois qu’un tel gadget est proposé à Davos : l’an dernier, Goldie Hawn était venue aux côtés du moine bouddhiste Matthieu Ricard pour entraîner les super-riches vers la méditation orientale. Cette fois, c’est un médecin psychiatre français, Christophe André, qui a mobilisé les foules pour leur enseigner la « méditation de pleine conscience ».
 
A croire qu’il ne s’agit donc pas d’un gadget, mais d’une sorte de passage obligé. A ce titre, cela mérite bien une petite enquête…
 
Sans prétendre aller au fond de la technique de la méditation pleine conscience, on peut relever ses partis pris, fort intéressants. La technique vise à « tourner intentionnellement son esprit vers le moment présent », en s’ouvrant à toutes ses sensations, tout ce qui est « présent à l’esprit » mais aussi l’état émotionnel où l’on se trouve.
 

La pleine conscience… hors conscience

 
Fort bien, direz vous. Un peu comme la méthode Vittoz, qui fait renouer avec le réel : dans notre monde envahi par le virtuel et les apprentissages non conscients, n’est-ce pas une manière de faire atterrir les gens avant qu’ils ne passent au débat et à la discussion ?
 
La réponse est clairement : « Non  » Car si la technique de la méditation pleine conscience semble, sur le papier, vouloir augmenter la conscience de soi et du monde qui entoure le sujet, elle impose une façon de procéder qui évacue la pensée et le raisonnement. Concentration sur le rythme de la respiration et sur les sensations corporelles assurent le repli sur soi. La consigne de se désengager des « tendances à juger », mais aussi de « contrôler et orienter cette expérience » assurent une dépersonnalisation. Enfin, souligne un document explicatif diffusé par Christophe André, la « pleine conscience est une conscience “non élaborative” dans laquelle on ne cherche pas à analyser ou à mettre en mots, mais plutôt à observer et à éprouver. »
 

Méthodes globales et court-circuitage de la pensée consciente

 
Voilà qui est révélateur. C’est ainsi que fonctionnent les méthodes globales d’apprentissage : en privilégiant l’appréhension visuelle du monde qui nous entoure et même de l’écriture et de la lecture, elles court-circuitent précisément la parole, la mise en œuvre du « cerveau gauche » analytique, au profit du cerveau droit, qui procède beaucoup plus vite, par analogie et de manière globale – et qui est à ce titre ouvert à la manipulation.
 
Tout porte à croire que la méditation pleine conscience est un moyen de faire fonctionner ses utilisateurs « hors parole », hors analyse, et donc hors conscience véritable. Il y a donc au départ un mensonge : pour lire, écrirer, penser, raisonner de manière consciente, la mise en mots est indispensable, et ce d’autant plus que le sujet est davantage auditif que visuel, comme l’ont montré les travaux d’Elisabeth Nuyts.
 
Sans surprise, Christophe André se réclame de la philosophie bouddhistes et de la pratique des croyances orientales dont il faut rappeler qu’elles privilégient l’immersion dans le « Grand Tout » par rapport à la conscience individuelle, et correspondent parfaitement au syncrétisme « panthéiste » pour qui tout est dans tout et réciproquement. Confusion du sujet et de l’objet, de soi et d’autrui, et au fond de l’univers créé et du Créateur, de l’homme et de Dieu. Vous serez comme des dieux…
 

La « méditation » orientale enseignée à Davos

 
Sans surprise encore, son document rejette, discrètement mais sans appel, la méditation telle qu’elle existe dans « l’Occident chrétien » : « Chez nous, la méditation suggère une longue et profonde réflexion, un mode de pensée exigeant et attentif. Cette démarche, que l’on pourrait dire analytique, réflexive, existe également dans la tradition bouddhiste. Mais il y en a aussi une seconde, plus contemplative : observer simplement ce qui est. La première est une action, même s’il s’agit d’une action mentale (réfléchir sans déformer). La seconde est une simple présence, mais éveillée et affûtée (ressentir sans intervenir). C’est elle dont les vertus soignantes intéressent le monde de la psychothérapie et des neurosciences depuis quelques années. » Ainsi Christophe André, spécialisé dans les soins aux aliénés, va-t-il aussi soigner les « forumeurs » de Davos.
 
Christophe André ignore visiblement, ou feint d’ignorer par parti-pris anticatholique, que la méditation n’est pour les catholiques qu’une étape, destinée par la grâce de Dieu à être dépassée dans la contemplation infuse que le Saint Esprit lui-même infuse dans les âmes bien disposées. Cette contemplation infuse dépasse infiniment toute méditation ou « présence éveillée et affûtée » : elle est le développement de la grâce et de l’inhabitation de la Très Sainte Trinité dans nos âmes. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. » (Jn 14, 23) Ces vérités de foi, dont vivent de nombreux catholiques, ont été magnifiquement exposées par le Père Garrigou-Lagrange dans ses nombreux ouvrages et en particulier Les trois âges de la vie intérieure.
 
La méditation pleine conscience est pour Christophe André une « world therapy », ce qui en dit long : un peu comme la « world food » faite de multiples influences gastronomiques, la thérapie mondiale ou globale se veut synthèse et syncrétisme de courants philosophiques et de religions diverses. On retrouve cette glorification de la conscience finalement non consciente dans bien des modes actuelles, que Christophe André met en musique à travers le texte d’un écrivain autrichien, Hugo von Hoffmansthal, soulignant la « dimension non verbale de cet état mental » qui se déroule « hors de l’esprit, sans une pensée, une existence qui diffère à peine de celle de mon voisin ».
 

Modification cérébrale : manipuler les grands de ce monde ?

 
C’est bien une modification de l’état cérébral qui est recherchée, comme l’explique Christophe André : « La méditation a un effet sur le fonctionnement du cerveau. Comparée à la relaxation, elle entraîne une activation cérébrale plus intense des aires paralimbiques, liées au système nerveux autonome, c’est-à-dire automatique et non volontaire, et à l’interoception, ou perception des sensations corporelles. » Tout cela pour « gérer » les émotions négatives : « Après un entraînement de huit semaines, des personnes chez qui l’on suscite des émotions de tristesse présentent une plus faible activation des aires du langage (aires de Wernicke et de Broca) et une plus forte activité dans les zones associées à la sensibilité intéroceptive. Cela signifie que l’impact de la tristesse est plus réduit, chez les méditants, par sa “digestion” à un niveau corporel, que par un traitement rationnel et verbal, comme cela se passe chez les non-méditants. »
 
Il s’agit donc clairement d’annihiler la dimension raisonnable de l’esprit humain, de court-circuiter la parole qui lui permet de mettre en adéquation son esprit avec la réalité tout en portant des jugements raisonnés sur ce qui l’entoure ou sur sa propre conduite. Loin de disposer à l’inhabitation de la Très Sainte Trinité dans les âmes, la méditation pleine conscience mutile l’homme de ce qui le distingue des animaux et le rabaisse à leur rang.
 
Qu’une telle technique soit utilisée à l’occasion de grandes réunions mondialistes – « globalistes » à outrance, pourrait-on dire – porte à réfléchir. Au sens occidental du terme.