Jean-Luc Mélenchon a du talent, notamment celui de s’approprier les caméras. Il avait fait sentation lors d’une perquisition au siège de la France insoumise en octobre 2018 en hurlant aux policiers : « La République, c’est moi ! » Lors des législatives de 2022, anticipant sa victoire, il revendiquait le poste de Premier ministre, et il a recommencé le 22 juin 2024 en déclarant sur France 5 : « J’ai l’intention de gouverner ce pays. » Mais voilà, ses compères du Nouveau Front Populaire trouvent que cela fait moche dans le paysage depuis que beaucoup de monde accuse le patron de LFI d’antisémitisme. Le 23 juin, l’ancien président de la république François Hollande, candidat aux législatives en Corrèze lui demandait de « se taire ». Le 24, Marine Tonnelier, secrétaire nationale des Verts affirmait que le candidat du Nouveau Front Populaire en cas de victoire de la gauche serait choisi « par consensus ». Olivier Faure, pour le parti socialiste, écrivait sur X : « Personne ne peut s’autoproclamer Premier ministre. » Ils sont un peu ridicules, car c’est LFI, première force de gauche grâce à Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé le Nouveau Front Populaire sans lequel ils n’auraient aucune chance d’être élus et qui en forme l’armature, aussi bien du point de vue des militants que de celui du programme. Leur attitude est purement électorale. Mais ce sont aussi des imposteurs, car nul ne sait aujourd’hui, si d’aventure le Nouveau Front Populaire arrivait en tête, qui il enverrait à Matignon. Et c’est une façon de tromper les électeurs. Gabriel Attal mène Renaissance à l’élection, vers la victoire ou la défaite, et Jordan Bardella fait de même pour le RN. Les électeurs savent pour qui voter ou ne pas voter. De même qu’au Royaume-Uni aux prochaines législatives les électeurs choisiront, avec le parti qu’ils préfèrent, son chef pour Premier ministre. En votant pour le Nouveau Front Populaire, on vote pour une alliance électorale bâtie à la va-vite sur un programme majoritairement LFI, mais on laisse les chefs de partis coalisés choisir après coup leur candidat en fonction des résultats. Du grand art de politiciens désireux de sauver leurs sièges.