Alors que les droites nationales ont fait des progrès non négligeables lors des dernières élections au Parlement européen, le Premier ministre italien s’irrite contre les manœuvres en cours pour recomposer la Commission européenne et le Conseil de l’Europe. Pour Giorgia Meloni, l’UE fait preuve de mépris à l’égard des électeurs alors que les négociations en vue des nominations se font selon elle via des accords secrets, et elle s’en est ouverte lors d’une prise de parole devant le Parlement italien, mercredi soir, assurant qu’elle ne serait la « pom-pom girl de personne » et dénonçant « ceux qui prétendent que les citoyens ne sont pas assez sages pour prendre certaines décisions et que l’oligarchie est la seule forme acceptable de la démocratie ». « Mais moi, je ne suis pas d’accord ! », a-t-elle lancé.
Meloni : « Je ne serai la pom-pom girl de personne ! »
La veille, on apprenait que les six leaders de l’Union européenne qui négociaient au sujet des postes clefs s’étaient mis d’accord – sans grande surprise – sur la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne. Le socialiste Portugais Antonio Costa est proposé quant à lui pour prendre la tête du Conseil de l’Europe en remplacement du Belge Charles Michel, alors même qu’il a dû démissionner comme Premier ministre du Portugal en novembre dernier après la mise au jour d’opérations illégales menées par son gouvernement dans le cadre de très gros projets d’investissement : une enquête pour faits de corruption est en cours. L’Estonienne Kaja Kallas a été nommée par les négociateurs pour remplacer Josep Borrell. Actuelle Premier ministre de son pays, Mme Kallas, fille, petite-fille et arrière-petite-fille de femmes déportées en Sibérie sous l’occupation soviétique en 1940, est résolument anti-Poutine.
Les négociateurs sont tous issus du groupe de « centre droit » PPE, du groupe socialiste et du groupe libéral où siègent les élus macronistes, malgré la claque prise par « Renew » aux élections européennes en France.
UE : mépris des électeurs, ECR non représenté
Giorgia Meloni a pointé le fait que le groupe dont elle fait partie, ECR, n’est représenté nulle part malgré des gains significatifs aux dites élections (il est désormais le troisième groupe au Parlement européen en termes de tailles), ajoutant qu’elle jugeait « surréaliste » le fait que les trois noms retenus pour les trois postes clefs à la tête de l’Union européenne, déjà brandis avant le scrutin, aient été présentés « sans même faire mine de parler des signaux envoyés par les électeurs ».
Elle a réclamé du « respect » pour les citoyens en assurant être à la tête du gouvernement « le plus stable » d’Europe, alors que l’Italie est la troisième puissance de l’UE en termes d’économie et de population. Elle conteste « la méthode et la justification » des choix et s’est dite prête à « le souligner à nouveau » lors de la réunion du Conseil européen qui doit exprimer ce jeudi son avis sur les emplois dits de haut niveau. Sous la conduite de Mme Meloni, l’Italie pourrait recourir à l’arme de l’abstention, un casse-tête pour Ursula von der Leyen alors que sa potentielle majorité est déjà fragile. La presse italienne assure que Giorgia Meloni s’est réunie mercredi soir, après les travaux du Sénat, avec ses deux vice-premiers ministres, Matteo Salvini de la Lega et Antonio Tajani, dont la « famille » européenne est le PPE, favorable à la présidente sortante.
« On est passé par-dessus la logique du consensus, un parti décide pour tous à travers une conventio ad excluendum que j’ai contestée au nom du gouvernement italien et que je n’ai pas l’intention de partager », a-t-elle insisté, affirmant qu’elle agirait au nom de « l’intérêt national » de l’Italie.