Merde alors ! L’affaire Asselborn Salvini, ou les confusions de l’antiracisme

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Vendredi lors d’une réunion de ministres européens, le Luxembourgeois Jean Asselborn a interrompu l’Italien Matteo Salvini en s’écriant : « Merde alors » ! L’affaire a grossi durant le week-end. Elle révèle en toute naïveté les confusions de l’antiracisme à l’œuvre dans la « crise des migrants ».
 
« Ma leive Jang ! », mon cher Jean, j’ai pensé un instant rédiger cet article sous forme d’une lettre ouverte en luxembourgeois au ministre des affaires étrangères luxembourgeois, mais j’ai craint que cela n’en limite la diffusion dans le public de reinformation.tv. Dommage. La chose aurait gagné je crois en affectivité, en proximité, en véracité sans doute aussi. L’immigration italienne au Luxembourg, qui fait toute l’affaire et le fond de la querelle entre Asselborn et Salvini, est une question que je connais de près, je vous raconterai une autre fois, et il est bon d’interpeller les ministres pour leur ouvrir les yeux.
 

Asselborn, un vétéran de l’antiracisme, merde, alors !

 
Donc, c’était lors d’une énième réunion entre ministres européens dont rien d’ordinaire ne vient troubler le traintrain. Jean Asselborn, le ministre grand-ducal qui s’occupe de l’immigration (notez que, là-bas, elle dépend des Affaires étrangères, alors qu’elle dépend de l’Intérieur en Italie) développait la thèse maintenant officielle de l’Union européenne, celle que défendent l’Espagnol Josep Borel et le président allemand, selon laquelle l’Europe a besoin d’importer des migrants parce qu’elle manque d’enfants pour prendre la relève des générations qui s’en vont. Asselborn est un bon vieux fruit sec sympathique qui va sur ses septante ans. Ce socialiste de gouvernement a commencé sa carrière fonctionnaire municipal de la ville de Steinfort et occupe le poste de ministre des affaires étrangères du Luxembourg depuis 2004. Il s’est signalé en 2016 en demandant que la Hongrie soit exclue de l’Union européenne pour avoir élevé une barrière anti migrants, enfreignant ainsi selon lui les « valeurs » de l’Union européenne. Un précurseur.
 

Salvini, un voyou-voyou à son affaire dans la provoc

 
Face à lui Matteo Salvini, le tonitruant renard de la Lega, le tenorino bondissant de l’extrême droite italienne. C’est lui qui a fait filmer l’incident par l’un de ses collaborateurs, ce qui n’est pas conforme à l’usage mais permet de faire de la pédagogie sur les réseaux sociaux, de montrer aux peuples ce qui se passe dans le Saint des Saint de l’Union européenne. Voici ce qu’il a répondu à Asselborn : « J’ai une perspective complètement différente. Je pense être au gouvernement, payé par mes concitoyens, pour aider nos jeunes à recommencer à faire des enfants (…) et non pour attirer chez nous le meilleur de la jeunesse africaine (…) En Italie, nous ressentons l’exigence d’aider nos enfants à faire d’autres enfants. Et pas à avoir de nouveaux esclaves pour remplacer les enfants que nous ne faisons plus ».
 

Si le peuple sait ce que disent les ministres, plus de débat possible, merde alors !

 
Le mot esclave choque apparemment Asselborn, qui réagit : « Oh là, c’est abuser là ! ». Alors Salvini en remet une petite couche : « Si au Luxembourg vous avez besoin d’une nouvelle immigration, moi

je préfère garder l’Italie pour les Italien

s

et recommencer à faire des enfants ». Et c’est à ce moment-là qu’Asselborn éclate : « Au Luxembourg, cher Monsieur, on avait des dizaines de milliers d’Italiens ! Ils sont venus comme migrants, ils ont travaillé au Luxembourg, pour que vous en Italie vous ayez l’argent pour vos enfants, merde alors ! »
 
Sur le site du quotidien La Repubblica, Asselborn accuse Salvini de « provocations calculée », relève l’accroc aux usages commis par le collaborateur de Salvini et remarque : » Si on filme les rencontres des ministres de l’UE, ou même ceux des chefs d’Etat ou de gouvernement, alors il n’y aura plus jamais un débat ouvert ». C’est vrai, et cela en dit long sur la conscience qu’ont les élites européennes de dire des choses qui déplaisent à leurs peuples. 
 

La démographie et les confusions de l’antiracisme

 
Dans une interview au Spiegel, Asselborn se lâche. Il accuse Salvini d’utiliser « des méthodes et le ton des fascistes des années 30 ». Cela permet à l’Italien de relancer l’affaire pour se faire un peu de publicité. Il tweetait hier : « Le ministre socialiste du paradis fiscal du Luxembourg, après avoir comparé nos grands-pères émigrés italiens aux clandestins d’aujourd’hui, après avoir interrompu mon discours en hurlant ‘merde’, me donne du ‘fasciste’ aujourd’hui. »
 
Cette guéguerre d’enfants de dix ans, qui satisfait le besoin de notoriété de l’un et le goût des assiettes cassées de l’autre, a cependant le mérite de poser en termes simples une question dont dépend l’avenir de notre continent, celle de la démographie, qui met en lumière les confusions de l’antiracisme.
 

La confusion d’Asselborn : le Mezzogiorno n’est pas l’islam subsaharien

 
L’immigration c’est comme le mariage : avec beaucoup de soin et la grâce de Dieu, cela peut marcher ; mais il y en a de condamnés dès le départ. Les Italiens venus dans les années cinquante et soixante ont prospéré au Luxembourg et le pays avec eux. Comme la Lorraine, avant que l’Union européenne n’impose sa loi, il abritait une puissante sidérurgie. Les enfants d’un Mezzogiorno surpeuplé venaient y tenter leur chance. Tout cependant n’était pas rose, je me souviens de peignées entre bandes d’ados dans le parc municipal derrière la chapelle des Glacis qui n’étaient pas du cinéma, et le quartier bobo d’aujourd’hui, le Gründ, ressemblait à un louche conglomérat de taudis. Doit-on pour cela assimiler l’immigration italienne aux vagues venues du Sud aujourd’hui ?
 

Les grands-pères de Salvini victimes de l’antiracisme

 
Non. Quand ce bon Asselborn compare les grands-pères de Salvini aux migrants, il commet un assez grand nombre de confusions d’un seul coup. D’abord, les immigrés calabrais ou siciliens ne se prétendaient pas réfugiés, ils ne disaient pas fuir la guerre. Ensuite, ils ne venaient pas de l’étranger. C’étaient des Italiens, avec lesquels Luxembourgeois, Belges, Néerlandais, Allemands et Français prétendaient alors refaire l’Europe de Charlemagne. Enfin ces immigrés étaient de la même race, religion, civilisation que ceux qui les recevaient, et parlaient une langue voisine. La greffe, toujours difficile, avait une chance de prendre. Le complexe civilisation-religion-politique que forme l’islam n’est pas anodin en effet. Ma leive Jang, je me souviens d’un premier ministre de jadis, Jacques Santer, m’expliquant qu’il n’était pas assez bête pour ne pas trier les immigrés autorisés à s’installer à Luxembourg. Les seuls musulmans étaient alors les émirs qui venaient ouvrir des comptes.
 

Quand le chien remplace le bébé, l’esclave migrant remplace l’autochtone

 
Mon pauvre Jean, l’antiracisme et ses sornettes indéfiniment répétées, ses vieux mantras, sont la cause des confusions qui te donnent l’air idiot à côté du rusé Salvini. Celui-ci lie justement fécondité et immigration. 1975 fut une année clef : en France, la loi dépénalisant l’avortement prit effet en même temps que le regroupement familial des immigrés. Ce fut le choix du grand remplacement. On aurait pu faire celui du natalisme. Une politique démographique prend vingt ans pour produire des effets. Le problème de l’immigration et celui des retraites seraient résolus depuis 1995. Nous avons préféré importer des esclaves tout faits. Cela permet aux Allemandes et aux Luxembourgeoises d’avoir des « Hund Familie », une famille dont l’enfant est un chien et dont les parents jouissent sans entrave d’une existence hédoniste. Mais avec ça bien sûr ce Salvini vient te provoquer. Merde, alors !
 

Pauline Mille