Vendredi dernier, à Malte, où elle rencontrait ses homologues européens, Angela Merkel a estimé qu’il fallait envisager d’opter pour « une Union européenne à différentes vitesses ».
Le sommet maltais, qui a réuni les 27 membres de l’Union européenne privés du Royaume-Uni, devait, dans la perspective, fin mars, des célébrations du 60e anniversaire du traité de Rome, évoquer notamment l’avenir de l’Union européenne et le positionnement de celle-ci face aux premières décisions prises par le nouveau président américain Donald Trump.
Au lendemain du Brexit et de la volonté exprimée par le Premier ministre britannique de respecter la décision britannique, Angela Merkel a souligné, dans cette perspective, qu’il y aura « une Union européenne à différentes vitesses, que tous ne vont pas participer à chaque fois à toutes les étapes d’intégration ».
La leçon de réalisme d’Angela Merkel
Le propos n’a certes rien d’exceptionnel, ni même d’original, tant il est vrai que les failles de la construction européenne se font chaque jour plus évidentes. Il n’est pas même nouveau dans la bouche du chancelier allemand qui, depuis quelques années, cherchait à convaincre ses partenaires de cette nécessité. En vain, puisque la plupart faisaient la fine bouche, et que son seul soutien réel sur ce point se trouvait être celui du Royaume-Uni, désormais aux abonnés absents. Que la proposition refasse surface au moment même où celui-ci quitte le navire est d’autant plus symptomatique du malaise dont souffre aujourd’hui l’Union européenne. D’autant qu’elle a été appuyée par plusieurs Etats-membres, dont les Pays-Bas, l’Italie, le Luxembourg, la Belgique…
D’autres pays ont manifesté leur inquiétude d’une démarche qui pourrait davantage souligner les faiblesses que renforcer les points d’adhésion au projet européen. Ainsi François Hollande, s’il juge possible une telle démarche, a-t-il également souligné la nécessité de préserver l’unité européenne, soulignant que l’Union ne saurait se résumer à un « restaurant self-service où on vient chercher ce dont on a besoin, où on prend des fonds structurels, où on accède à un marché intérieur », mais où « on n’est solidaires de rien ».
« Une Union européenne à différentes vitesses »
« Non, a-t-il martelé, l’Europe c’est fait pour être plus fort ensemble et c’est cette règle, ce principe-là qui devra être rappelé plus fort en mars. »
On voit que le président de la République française continue de fermer les yeux sur les réalités, raison pour laquelle il a été obligé d’abandonner l’idée de se présenter à sa propre succession, alors que, ce lundi, Angela Merkel était de nouveau adoubée pour conduire la CDU aux prochaines élections.
Sans compter, ce qui vient souligner la faiblesse de la réflexion française sur le sujet, que cette position n’apporte rien de neuf. Ainsi Charles Michel, le premier ministre belge, a-t-il souligné que la déclaration-anniversaire devrait être une profession de foi dans les valeurs européennes, telles que la démocratie ou les droits de l’homme.
On comprend que, à force de ratiociner, l’Union européenne ait de plus en plus de mal à convaincre les Européens…