Le Met Gala 2018 à New York : le défilé du blasphème sur le thème « Corps célestes »

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Nouveau scandale catholico-culturel ! Un gala de vernissage et de bienfaisance a marqué le début de l’exposition Heavenly Bodies (« Corps célestes ») au Metropolitan Museum of New York, qui ouvrira officiellement ses portes à l’Ascension sur le thème : « La mode et l’imagination catholique. » Le monde du showbiz était amplement représenté, les stars faisant leur entrée à la Met Gala 2018 revêtues de vêtements inspirés d’ornements liturgiques et de l’iconographie catholique détournés d’une manière qu’il faut bien qualifier d’infernale. Un véritable défilé du blasphème, en présence du cardinal Timothy Dolan – mais oui ! L’incontournable père jésuite James Martin, consulteur de la salle de presse du Vatican et grand ami de la communauté LGBT, était lui aussi présent. Car c’est avec l’autorisation du Vatican, qui a prêté de nombreux vêtements et objets exposés dans Heavenly Bodies, que le thème « catholique » a été proposé aux participants.
 
Couvrant mal des kilomètres de chair fraîche, jupes fendues jusqu’à la taille et décolletés peu gourmands en tissu, les robes richement ornées se sont succédé sur leurs portemanteaux du monde du spectacle. Visages d’icônes de la Très Sainte Vierge Marie sur le corps sculptural de Stella Maxwell : la robe bustier était un scandale en soi… Croix brodées sur robe de cardinal découpées aux endroits stratégiques pour Ruby Rose… Fausses robes de religieuses, avec chapelets sur latex… Blake Lively avait choisi une robe rouge rebrodée avec une auréole de type Vierge espagnole et des kilomètres de jambes dénudées. Irina Shayh, en doré, aurait été plus sincère en ne portant rien du tout. Croix et médailles, fausse mitre sur mini-mini-robe pour Rihanna, pendentif Saint-Esprit en sautoir, et même une crèche miniature sur la tête de Sarah Jessica Parker, qui, elle, avait au moins une robe décente.
 

Au Met Gala 2018 à New York, les « corps célestes » ne sont pas ceux d’en haut

 
Chez les hommes, les fausses étoles richement brodées disputaient les regards des photographes aux chapes couleur arc-en-ciel, Jared Leto portant même une couronne dorée à fleurs en guise de couronne d’épines…
 
Mention spéciale pour Katy Perry, à peine revenue de sa conférence sur la méditation transcendantale au Vatican : comme une odieuse insulte, narguant tous ceux qui croient, celle qui revendique avoir vendu son âme au diable est arrivée revêtue d’une mini-robe dorée et de cuissardes du même métal, avec des ailes gigantesques pour marquer son côté « ange »… déchu ?
 
Pour les organisateurs, l’affaire a été payante puisque la presse « people » du monde entier a reproduit et diffusé les photos de cet événement annuel dont la plupart des habitants du monde n’avait pas entendu parler jusque-là : photos blessantes pour les catholiques, insupportables pour ceux qui croient, sacrilèges envers Dieu. A raison de 30.000 dollars le ticket d’entrée – pour les besoins du musée – les participants en ont eu pour leur dépense en termes de publicité.
 
Le cardinal Dolan avait déclaré lors de la conférence de presse qui a précédé l’arrivée des stars qu’il avait quelques réserves à l’idée de participer au gala, mais il y est allé quand même, évitant simplement de passer par l’escalier d’honneur. Le lendemain, il déclarait à Cruxqu’il n’avait rien trouvé d’« offensant » ou de « blasphématoire » à cette soirée. On le sent, comment dire, flatté d’avoir été bien reçu dans le monde exalté des top-models, des chanteurs à succès, des acteurs les mieux payés au monde.
 
« N’est-ce pas beau de voir que ces gens que l’on pourrait caricaturer comme guindés, distants ou hautains sont prêts à avoir quelque chose à faire avec la religion avec des représentants de l’Eglise ? C’était exactement le contraire. Ils ont montré leur appréciation, ils étaient faciles à approcher, très respectueux. » Mieux que cela : tout ce beau monde était là pour rendre hommage à ce que « l’Eglise a légué aux arts et à la culture », s’est épanché le cardinal. « Un “boost” pour l’Eglise », si, si.
 

Le défilé du blasphème au Met Gala en présence du cardinal Dolan

 
« Beaucoup de gens ont eu l’honnêteté de dire qu’ils ont été moins que fidèles à leur Eglise d’origine », a ajouté le cardinal de New York à propos des starlettes qui sont venues lui expliquer qu’elles avaient été baptisées catholiques. « Une soirée comme celle-ci ramène beaucoup de souvenirs heureux, et j’ai pensé, mazette, quelle célébration de ce que nous appelons l’évangélisation de la culture. »
 
Il n’a pas vu qu’il s’agissait de l’inverse : d’une caricature, certes chatoyante, de la liturgie, d’une sécularisation infernale des symboles les plus sacrés de sa religion.
 
Naïf pour ne pas dire niais, le cardinal a poursuivi : « Je suis le seul qui n’ait pas eu besoin de sortir pour m’acheter un vêtement. » Soutane noire, liseré rouge, croix pectorale – il suffisait de ne pas apparaître en clergyman pour être dans le ton. C’est d’ailleurs lui qui a prononcé les mots d’introduction à la prestation des chœurs de la Chapelle Sixtine au Met Gala.
 
James Martin, SJ, n’a pas été moins séduit, et semble avoir séduit à son tour. Il suffit de rapporter son tweet : « Voilà ce qu’on m’a vraiment dit au #MetGala ce soir : “J’aime ton costume.” – “C’est genre pour de vrai ?” – “Costume funky !” – “T’es le type le mieux habillé ici” (Il me fait tope-là) – “On dirait un vrai”. Et, je vous le promets : “J’aime que tu te sois habillé comme un prêtre sexy.” »
 

Costumes religieux sur le ton du ricanement, avec l’approbation du Vatican !

 
« A quoi diable pensait le Vatican », interroge sur un tout autre ton l’animateur britannique Piers Morgan dans un papier incendiaire dans le Daily Mail britannique. Ouvrant son article sur l’annonce ironique d’une célébration du prophète Mahomet lors de la prochaine édition du Met Gala en 2019, ce catholique auto-revendiqué avoue n’être pas des plus dévots, mais tempête contre « l’irrespect grossier » contre sa foi, accusant le Met Gala d’avoir franchi une ligne rouge. Il dénonce « une organisation qui pratique un deux poids deux mesures insolents, cartes tout le monde sait qu’il n’aurait jamais osé faire cela à l’islam ou au judaïsme ».
 
Habillée en fausse fransiscaine, flanquée de faux frères et sœurs en bure, Madonna a même chanté Like a prayer à la fête « after ». Pour qui connaît le clip d’origine, il y a là une odieuse provocation de plus.
 

Jeanne Smits