Meurtre à la mosquée, islamophobie, Olivier H. : derrière la manip politique, la confusion spirituelle

 

Dans la France d’Emmanuel Macron, police et justice sont extrêmement promptes : elles connaissent le résultat d’une enquête avant même qu’elle n’ait commencé. Prenez l’incendie de Notre Dame : les flammes n’avaient pas encore atteint toute la toiture que l’on savait déjà que « la piste criminelle avait été écartée ». Trois ans plus tard, le préfet de police de Paris avouait dans un livre qu’on ne disposait toujours pas de la moindre indication, dans un sens ou dans un autre. Il en va de même pour le meurtre du malheureux Malien Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. Le procureur de la République local, Abdelkrim Grini, a d’abord été prudent : alors que les services de l’Etat travaillaient « en priorité sur la piste de l’islamophobie », il ajoutait qu’il était possible que ce ne soit « pas le mobile premier ou le seul mobile ». Sans l’écouter, les médias et les politiciens ont lancé tout de suite une manip politique, répétant le mot islamophobie en boucle et semant la confusion sur l’identité du suspect, « Olivier H ». Pire, derrière cette première manœuvre s’en cache une plus grave : une attaque profonde, spirituelle, contre l’Eglise catholique.

 

Olivier H, l’islamophobie et le meurtre à la mosquée

La presse et les commentateurs ont retenu l’islamophobie, sur la foi d’un membre de phrase censément entendu sur une vidéo qui aurait été supprimée (« ton Allah de merde ! »). Ce n’était donc au départ qu’une pure rumeur, à l’arrivée un document à analyser avec des pincettes. L’ensemble des médias, pour persuader le public de la réalité de la rumeur et du poids de la vidéo dans l’enquête, a présenté le suspect de cette manière : « Olivier H., de nationalité française, né à Lyon. » Aucune de ces données n’est fausse, mais elles sont spécieuses : le jeune Hazdovic fait partie d’une famille bosniaque en situation irrégulière qui aurait dû être expulsée dans les années 2000. Donner à croire, par le choix de la présentation, qu’il s’agit de l’assassinat d’un musulman pour son appartenance à l’islam par un De souche est donc une malhonnêteté manifeste dont la presse s’est rendue coupable.

 

Comment la manip politique a répandu le mot islamophobie

Le procureur de la République a finalement suivi la presse et ouvert une information pour « meurtre avec préméditation en raison de la race ou de la religion », tout en continuant à noter que la « connotation islamophobe » n’était pas le « seul motif ». Toutefois, sans attendre ni la police, ni la justice, les mots islamophobe et islamophobie se sont répandus dans toute la classe politique. LFI a organisé une manifestation monstre pour protester contre la discrimination dont souffriraient les musulmans de France et dénoncer le danger qu’ils courraient. Jean-Luc Mélenchon a pleuré pour l’occasion. Mais le centre et la droite n’ont pas été en reste. Le Premier ministre François Bayrou a condamné une « ignominie islamophobe ». On a parlé de « racisme antimusulman ». Et le délégué national de Conférence des évêques de France pour les relations avec les musulmans, Jean-François Bour, a écrit sur X : « Une réponse ferme à la haine antimusulmane est urgente. » Et le président de la République a déclaré : « Le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France », en adressant « le soutien de la Nation à nos compatriotes de confession musulmane ».

 

En Italie, Olivier H dément toute islamophobie

Aujourd’hui, « Olivier H. », le jeune Français suspect, a été retrouvé en Italie chez sa tante, à Pistoia où il a été incarcéré en attendant son extradition. Il a publié sur la toile une vidéo où il annonçait son ambition de devenir un tueur en série. Et aux policiers italiens qui l’ont interrogé, il a répondu, selon son avocat italien, Giovanni Salvietti, qu’il avait « tué la première personne qu’il a trouvée sur son chemin ». Et l’avocat d’ajouter : « Il n’a rien dit contre l’islam, ni contre les mosquées. » Il n’y a donc, à l’heure actuelle, aucune indication que le meurtre d’Aboubakar Cissé ait eu la haine religieuse pour motif. Ce qui n’empêche pas la justice de poursuivre sur cette « piste », ni les médias d’en faire une autoroute. Cet écart béant et sans justification logique est la preuve certaine d’une manip politique volontaire.

 

Mélenchon, ses larmes de crocodile et sa manip politique

Quant à la manip politique, elle est évidente, Jean-Luc Mélenchon l’a lui-même exposée avec une grande clarté : « Un climat islamophobe a été entretenu, cultivé, et des mois durant, et chacun jusqu’aux plus officiels, s’est senti autorisé à faire des déclarations dont sans doute, ils ne mesuraient pas toute la portée et toute la violence pour ceux qui avaient à [les] subir. » Il ne se cachait pas pour viser Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur coupable à ses yeux d’un peu de fermeté, apparente ou réelle, face à l’invasion migratoire : le chef de LFI s’emploie sans surprise à le discréditer en le faisant responsable moral d’un crime islamophobe. Contre cette grossière manip, une partie de la droite a eu beau jeu de rappeler que les mots islamophobe, islamophobie, sont utilisés couramment dans le débat politique pour confondre dans une même réprobation une haine portée aux musulmans en tant que groupe et toute critique de l’islam considéré soit comme une religion soit comme un système juridique et politique, et diaboliser ainsi quiconque s’oppose à l’islamisation de la France, par exemple.

 

Derrière la confusion des féministes, une réalité révolutionnaire

Certaines féministes d’extrême gauche, comme Caroline Fourest et Fiametta Venner ont même prétendu que le mot islamophobie avait été inventé par les Mollahs iraniens après 1979 pour bâillonner toute opposition et empêcher l’Occident de combattre l’islamisme. Sans doute a-t-il été établi depuis que le mot islamophobie avait été employé dès 1910 par des administrateurs coloniaux français, mais il n’en reste pas moins que, de l’Iran à l’Arabie saoudite et la France, les partisans d’un islam conquérant ont employé massivement cette tactique, qu’ils aient utilisé le mot islamophobie ou préféré l’expression racisme antimusulman. Cependant le mot islamophobie, le ramdam de LFI le montre, est préféré de beaucoup par les agitateurs, parce qu’il entre dans la grande famille des « phobies » inventées depuis cinquante ans pour discréditer le vocabulaire et les mentalités antérieures à la révolution. Le mot transphobie fait aujourd’hui des ravages : il sert à priver de parole pour indignité morale et intellectuelle quiconque est assez fou pour penser qu’il n’y a que deux sexes : c’est le summum de l’inversion. Quant au mot « homophobie », qui l’a précédé, il est né à la fin des années 70 dans les milieux militants homosexualistes d’Amérique du Nord pour saper la loi, les us et les mœurs alors majoritaires : il a été transposé en France par les mêmes militants via le Québec.

 

Première cible spirituelle : changer la laïcité

Mais plus grave encore que la manip politique et la stratégie idéologique, l’emploi du mot islamophobie pour falsifier l’analyse du meurtre de la mosquée gardoise participe à une révolution spirituelle visant la soumission des croyants à la maçonnerie, ce qui correspond, pour les catholiques, principale cible visée, à une hérésie voisinant à l’apostasie. Il est intéressant de transcrire, pour le comprendre, le tweet intégral du Premier ministre François Bayrou, qui se revendique catholique pratiquant : « Un fidèle a été assassiné hier près d’Alès à la mosquée de la Grande-Combe. L’ignominie islamophobe s’est exhibée sur une vidéo. Nous sommes avec les proches de la victime, avec les croyants si choqués. Les moyens de l’Etat sont mobilisés pour que l’assassin soit saisi et puni. » Deux choses sont à noter. Le Premier ministre ne parle pas de l’assassinat d’un musulman mais d’un fidèle, d’un croyant. Et il mobilise pour venger celui-ci les moyens de l’Etat. Sur le plan politique et philosophique, cela change de la laïcité française, qui excluait toute religion de l’espace public, et cela se rapproche de la laïcité positive à l’anglo-saxonne, prêchée par Sarkozy dans les années 2000, s’efforçant de faire cohabiter harmonieusement toutes les « grandes religions » dans le cadre de la république universelle pour « civiliser la globalisation ».

 

Sous la houlette spirituelle maçonne, changer l’Eglise

Ce vocabulaire a deux fonctions. D’abord, il vise évidemment à intégrer l’islam en France dans le cadre de la laïcité positive. Ainsi la France ne sera pas d’abord le pays des Français de souche ni la succession de la fille aînée de l’Eglise, mais un manteau d’arlequin de communautés diverses dont la seule unité sera la soumission aux lois de la République maçonne. Ensuite, plus profondément, il manifeste un choix religieux qui se veut le reflet de la nouvelle théologie de feu le pape François. Celui-ci a déclaré aux rencontres méditerranéennes : « La diversité de notre identité culturelle et religieuse est un don de Dieu. » Tous les « fidèles » et les « croyants », pour reprendre le vocabulaire de François Bayrou, sont sur le même plan, devenu comme par miracle le plan de Dieu. Et pour bien enfoncer le clou, François dans son message solennel signé à Saint-Jean-de-Latran le 17 septembre 2024, exhortait les « Eglises chrétiennes » et les « grandes religions du monde » à « se laisser guider par l’inspiration divine qui habite toute foi ». L’œcuménisme est bien dépassé : c’est un syncrétisme planétaire dont le défunt pape s’est fait l’apôtre, et c’est ce syncrétisme maçon qui s’exprime par la bouche de François Bayrou et dans les médias français à propos du meurtre de la mosquée et de la prétendue islamophobie de son auteur présumé, Olivier H.

 

Pauline Mille