Au Mexique, un cartel de la drogue utilisait des fours et des barils pour incinérer leurs victimes

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L’horreur remonte à mars 2011.

 
Les faits sont tout récents – et glaçants. Ils se passent dans le nord du Mexique dans l’état de Coahuila qui partage une longue frontière avec les Etats-Unis (le Texas), formée par le Rio Grande. Et ce sont des journalistes de Breitbart qui les mettent aujourd’hui en lumière, après avoir été chercher les informations durant des mois : pendant trois ans, le cartel de la drogue appelé « Los Zetas », a exterminé et brûlé des centaines et des centaines de personnes, dans des barils de pétrole et des fours de ranchs.
 
Sans que rien ne filtre, jusque là, dans les médias nationaux ou internationaux… Tous les « massacres » n’ont pas les mêmes intérêts.
 

Chape de plomb médiatique sur les victimes des massacres

 
C’était pendant la période 2011-2013. Le cartel « Los Zetas » avait alors pris le contrôle quasi complet du gouvernement de l’état de Coahuila, du gouverneur jusqu’aux prisons de la ville – même les médias étaient sous sa coupe. Et il s’arrangeait pour dissimuler l’extermination de masse qu’il pratiquait, dans des fours ou des barils de pétrole.
 
Ces atrocités sont restées, dans leur large part, ignorées. Pendant longtemps, aucune recherche n’a été effectuée sur le sujet par les autorités gouvernementales, locales, étatiques, fédérales ou même internationales.
 
Quelques échos des massacres de Coahuila avaient bien été donnés par un ou deux organes de presse nationaux mexicains, mais l’ensemble a été largement ignoré par les grands médias, que ce soit au Mexique ou ailleurs. Surtout, dans le peu de rapports qui ont été faits, à aucun moment, le lien avec Los Zetas qui avait installé son crématorium au cœur de la prison de Piedras Negras n’a été fait – volontairement.
 

Toute puissance des cartels de la drogue…

 
Ce sont les journalistes de Breitbart qui ont mené leur enquête. Une enquête difficile au départ à cause de la présence encore pregnante de Los Zetas sur la partie ouest de Tamaulipas autour de Nuevo Laredo, ainsi que sur l’état de Coahuila. Puis la donne changea, les gens commencèrent à se livrer.
 
L’article de Breitbart raconte cette première fois où deux de ses journalistes finirent dans un parc industriel éloigné de la ville texane d’Eagle Pass d’où ils pensèrent ne pas ressortir vivants. Leurs pseudo « ravisseurs » étaient tout simplement un groupe d’hommes d’affaires mexicains qui avaient craint qu’une entrevue au grand jour ne leur fasse risquer leur vie ou celle de leur famille…
 
L’équipe texane de Breitbart commença à recevoir des réponses à ses investigations quant à l’impunité avec laquelle « Los Zetas » opérait et les horreurs qui ont eu lieu à la prison. Plus de 150 personnes y ont été torturées, assassinées puis incinérées. Dans Allende et les villes environnantes, il faut parler de plus de 400 personnes…
 

Trafic de cocaïne

 
Les faits remontent à mars 2011. A cette époque, Los Zetas avait imposé la manière forte et la corruption régnait en maître. Via la ville de Piedras Negras et le corridor d’Eagle Pass, le cartel faisait transiter près de 2.000 livres de cocaïne par mois : un profit qui s’élevait à 6 à 12 millions de dollars.
 
Il était entré en guerre l’année précédente avec ses anciens patrons du cartel du Golfe et avait un besoin crucial de fonds pour soutenir la lutte armée sur le territoire. En mars 2011, un des barons et ses associés furent blâmés par le haut de la hiérarchie de « Los Zetas » à propos d’une somme d’argent qui manquait.
 
On ne sut jamais la vérité. Toujours est-il que ces « barons » s’enfuirent aux États-Unis et demandèrent la protection du gouvernement des Etats-Unis en tant qu’informateurs et témoins fédéraux.
 

« Los Zetas » utilisait les barils de pétrole et les fours

 
L’ordre d’extermination fut simple et systématique : tuer toute personne apparentée ou associée ou qui a eu des contacts avec les deux « traîtres ». Des rafles de familles entières, d’amis, de parents éloignés ou ayant malencontreusement le même nom… « Los Zetas » torturait et exécutait les victimes avant de faire disparaître les corps.
 
Dans la prison d’état de Coahuila, à Piedras Negras, les bouchers de « Los Zetas » démembraient les corps des hommes, des femmes et des enfants qui avaient été enlevés, et plaçaient leurs morceaux dans des barils remplis de diesel auxquels ils mettaient le feu. Après plusieurs heures, la majorité des restes humains avaient disparu – on jetait les cendres dans un ruisseau local qui mène au Rio Grande.
 
Un ranch était également utilisé, près de la ville d’Allende, mais à la place des barils, « Los Zetas » utilisait cette fois des fours pour incinérer les corps. Quand le ranch a été perquisitionné par les autorités de Coahuila en 2013, en début d’enquête, non seulement ils ont trouvé les fours, mais aussi les cendres et les fragments d’os des victimes…
 

Le Mexique toujours dans la peur… et la corruption

 
Comment une telle horreur a-t-elle pu rester impunie ? « Los Zetas » n’a pu agir que grâce à la complicité de l’ancien gouverneur Humberto Moreira qui est actuellement la cible d’une enquête pénale en Espagne pour blanchiment d’argent. Il a été jugé « subordonné au cartel » par les procureurs, mais après avoir passé une semaine en prison, a été libéré sous caution… Il n’a pas été jugé au pénal. Le bureau du procureur des Etats-Unis tente seulement de saisir certains de ses actifs issus de son pillage des fonds publics. « Los Zetas » avait déjà fini par tuer son propre fils…
 
L’actuel gouverneur de Coahuila, Ruben Moreira Valdez, qui est aussi le frère de Humberto Moreira, s’est dressé contre le cartel et a créé une unité de police spéciale connue sous le nom de « Los Gates », pour enquêter sur les cas des centaines de personnes dites « disparues ». Les familles se sont mises à parler et le nombre de témoignages augmente.
 
Reste que des « ripoux » demeurent, même au sein de l’administration et que le cartel opère toujours dans la région. La seule différence est qu’il ne possède plus de territoire physique à Coahuila – il doit aujourd’hui vivre caché. Ce qui n’empêche pas la population de demeurer dans la peur : on ne nomme jamais, par exemple, publiquement le cartel…
 

Clémentine Jallais