Mexique : le gouvernement prétend contrôler les dons à l’Eglise

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Qu’il s’agisse des aumônes, de la dîme, des prémices ou des autres dons des fidèles à l’Eglise ou à ses œuvres sociales, le gouvernement du Mexique entend désormais tout savoir en soumettant l’ensemble des entités religieuses à l’obligation de déclarer par internet tous leurs revenus et toutes leurs dépenses. La mesure devait entrer en vigueur dès le mois prochain, mais les protestations et les difficultés de mise en œuvre ont obligé les autorités fiscales à consentir un délai jusqu’au 1er janvier 2015.
Jusqu’ici, les entités religieuses pouvaient se contenter d’une comptabilité manuelle. Elles vont se voir obligées de tenir un registre analytique, comprenant le total quotidien, hebdomadaire ou mensuel de toutes les entrées provenant de donateurs non identifiables : en clair, les pièces et billets versés dans la corbeille ou le tronc de l’église, les enveloppes glissées pour la célébration d’une messe, bref, toutes les offrandes du petit peuple des fidèles. L’Eglise devra par ailleurs adresser un reçu électronique aux donateurs identifiés, y compris pour les petits dons en espèces.
La comptabilisation électronique des entrées et des dépenses sera difficile dans les zones très reculées où les moyens modernes sont difficiles d’accès, où les prêtres subsistent avec quelque 10 euros par jour. La réforme n’entraîne pas seulement la soumission totale au contrôle des revenus de l’Eglise par l’Etat, elle crée aussi une charge administrative considérable, voire l’obligation pour de nombreuses paroisses d’engager un comptable.
 

Un prétexte pour fliquer l’Eglise du Mexique

 
Plusieurs évêques du Mexique se sont élevés contre la réforme, craignant une baisse des dons et une charge insupportable qui frappera même les zones les plus pauvres où l’Eglise catholique joue un rôle si important pour aider les gens à subsister.
Si la réforme vise à éviter le blanchiment d’argent provenant du crime organisé, a commenté Mgr Vera Lopez, évêque de Saltillo, elle ne devrait pas se focaliser sur l’Eglise : « Nous voyons biens que le crime organisé est au sommet de sa puissance, et par rapport à lui on ne fait rien. »
Mais on peut imaginer d’autres mobiles à l’exigence gouvernementale : la rapacité du fisc, les minuties de l’informatique et de la comptabilité mises au service d’un projet de flicage et de mise au pas des populations – sans oublier le bon vieil antichristianisme qui n’a jamais vraiment quitté des « élites » mexicaines que la persécution des Cristeros n’a pas suffi à assouvir.