Mexique : le désaveu du pape François de la mobilisation des évêques contre le « mariage » gay

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Pour les évêques conservateurs du Mexique, c’est une claque : le pape François a ordonné qu’on arrête les hostilités au Mexique à propos du « mariage » gay – véritable désaveu de la mobilisation de la hiérarchie catholique mexicaine. Il a été perçu comme une « démonstration de force » note le quotidien espagnol El País. C’est publiquement que le nonce apostolique, Mgr Franco Coppola, a déclaré : « Plutôt que de s’affronter, faire des proclamations ou des manifestations, les Mexicains doive s’asseoir la table et se parler. Il ne faut pas parler de ces thèmes à travers les yeux d’une idéologie mais du point de vue de la réalité concrète. »
 
Mgr Coppola a fait cette déclaration dans le lieu le plus hautement symbolique du catholicisme mexicain et américain, la basilique de Notre-Dame de Guadeloupe.
 

Au Mexique le nonce Franco Coppola exécute les ordres du pape François

 
Pour le journal de gauche, ce rappel à l’ordre du Vatican intervient dans le cadre d’une politique des plus déterminées : le nouveau nonce, arrivé dans le pays fin septembre, a selon lui pour mission de désamorcer le virulent conflit avec le président Enrique Peña Nieto qui veut inscrire dans la constitution mexicaine la reconnaissance des « mariages » homosexuels, conflit mené par « l’ultraconservateur cardinal Norberto Rivera, le plus puissant vestige de l’ère Jean-Paul II ».
 
Ce qu’écrivait à ce propos il y a quelques semaines le quotidien espagnol est bien en train de s’avérer. L’émissaire du pape s’en prend directement selon lui à « l’obscur et puissant cardinal Norberto Rivera » qui dans la bataille contre le « mariage » gay n’a pas hésité avec quelques autres évêques « à sortir des catacombes l’ultra-droite mexicaine », écrit El País le 9 novembre. Le journal qualifie cette mobilisation d’« homophobe », accusant les opposants de vouloir imposer leurs objectifs politiques un État dont la laïcité est l’un des traits fondamentaux. Ce dernier point exact : la république mexicaine est en effet fondée sur la laïcité maçonnique.
 
Pourquoi le Vatican est-il donc intervenu ? Selon El País, le cardinal Rivera et les siens sont allés trop loin en publiant dans la revue épiscopale Desde la fe toute sortes d’horreurs attribuées aux homosexuels : augmentation des maladies sexuellement transmissibles, la déstabilisation émotionnelle des mineurs, une baisse des résultats scolaires et davantage d’agressions sexuelles : « Un enfant a plus de risque de souffrir les abus sexuels de la part d’un père homosexuel » affirmait l’hebdomadaire, s’appuyant sur de multiples études que le politiquement correct veut à tout prix discréditer.
 

Le désaveu des évêques du Mexique qui ont trop lutté contre le « mariage » gay

 
A peine arrivé à Mexico, le nouveau nonce a pris les affaires en main. Fin octobre, lors de la présentation de ses lettres de créance au président mexicain, il a déclaré que toutes les personnes qui « font partie de la diversité sexuelle » doivent jouir des mêmes droits que les autres Mexicains : « Ce que je suggère, simplement en regardant le pape, c’est que chacun peut parler de ce thème s’il a l’expérience directe de accompagnement des personnes de ce type. » En clair : tous les autres n’ont rien à dire. Mgr Coppola ajoutait qu’il n’allait pas se comporter en « simple observateur ».
 
Une semaine plus tard, le cardinal Rivera devait faire un mea culpa public en s’excusant d’avoir employé « des termes offensifs » à l’égard des « hommes et des femmes ayant une attirance pour le même sexe » : les observateurs y avaient vu une rétractation imposée par le Vatican.
 

Pas de mobilisation contre le mariage gay : « Il faut se comprendre, s’entendre »

 
Lundi dernier, Mgr Coppola, flanqué d’un des rares archevêques mexicains qui ne soient pas proches du cardinal Rivera, Mgr Franciso Robles, a donc déclaré sous le regard de la Vierge de Guadelupe : « Je ne crois pas que ce soit bon pour le pays de s’affronter sur le thème du mariage égalitaire, d’aller au combat et de compter combien sont en faveur et combien sont contre. C’est quelque chose qui touche à la constitution, et lorsqu’on parle de constitution c’est quelque chose que tous les Mexicains doivent partager, ou au moins une grande majorité. » Il a ajouté qu’il était disposé à recevoir les représentants de la communauté homosexuelle, sans se poser toutefois en médiateur : « Lancer des insultes et des préjugés ne serrent à rien : il faut se comprendre, s’entendre. »
 
Voilà ce qui s’inscrit pleinement dans l’appel irrité du pape François à l’épiscopat mexicain, lors de sa visite au mois de février, de cesser d’être proche des « pharaons » du pouvoir et d’abandonner ses « intrigues de palais » pour sortir dans la rue et aider les pauvres et les opprimés.
 
L’aide aux pauvres qu’est l’annonce de la vérité et la lutte contre la destruction du mariage ne semble plus devoir entrer dans la mission des évêques mexicains, qui se voient taxés d’idéologie dans leur opposition à la plus radicale et révolutionnaire idéologie que l’homme ait connu : la négation de la réalité de la différence des sexes et de ses conséquences spirituelles, humaines et sociales.
 
Dieu nous préserve…
 

Anne Dolhein