L’Affaire Michael Brown, ce jeune Noir tué par le policier Darren Wilson le 9 août à Ferguson dans le Missouri soulève plusieurs questions. Les faits eux-mêmes, avec l’enquête locale et sa conclusion au non lieu par le grand jury, les institutions judiciaires américaines, l’émeute de la communauté noire de Ferguson et des associations antiracistes à travers les Etats-Unis, la stratégie de Barak Obama et la réaction de Christiane Taubira. Il semble qu’on aille vers une instrumentalisation mondiale des communautés dites « défavorisées ».
Le 9 aout 2014, Darren Wilson, policier tranquille et bien noté, tuait de six coups de pistolet Michael Brown, jeune colosse noir de 18 ans. Deux versions s’affrontaient immédiatement. D’une part celle du policier, affirmant que le jeune homme, interpellé, avait refusé d’obtempérer et réagi violemment, provoquant la légitime défense. De l’autre, celle d’un jeune Noir accompagnant Michael Brown, pour qui celui-ci, s’étant rendu les mains levées, aurait été abattu de sang froid. D’autres témoignages avaient assuré qu’il avait été tué dans le dos alors qu’il fuyait. Immédiatement, la communauté noire de Ferguson déclenchait l’émeute et le pillage, qui nécessitaient un couvre feu et l’état d’urgence. Cependant l’enquête a suivi son cours, avec trois rapports d’autopsie et l’audition de 70 témoins. A son terme, un grand jury composé de douze jurés, anonymes pour assurer leur sécurité, a conclu qu’il n’existait pas de « charges suffisantes pour intenter des poursuites contre le policier Darren Wilson ». Le procureur Mac Culloch, qui a présenté cette décision, a dégagé plusieurs points importants pour la justifier.
Les éléments matériels corroborent la version de Darren Wilson
Le témoignage de Darren Wilson lui-même, fortement corroboré par les éléments matériels disponibles. Soupçonnant Michael Brown et son copain d’avoir volé un peu plus tôt des cigarillos dans une épicerie (vol et voleurs confirmés par la vidéo surveillance), il gare sa voiture et demande aux garçons de s’approcher. Refus sec de Brown qui lui claque la portière au nez, puis passe la tête et le bras à travers la vitre ouverte et le frappe. Le policier portera en effet juste après le drame des rougeurs sur un visage tumescent. Darren Wilson saisit alors son arme et menace de tirer. Au lieu de se retirer, Michael Brown l’insulte et saisit la main du policier avec l’arme qu’elle tient, la pointant vers sa hanche. « A ce moment-là, je suis sûr qu’il va tirer », explique Darren Wilson. Il se débat, reprend la maîtrise de l’arme et tire. Michael Brown est touché à la main, selon le Washington Post après consultation des trois autopsies. Des traces de sang de Michael Brown seront d’ailleurs relevées à l’intérieur de la portière du conducteur, sur la jambe gauche du pantalon de Darren Wilson, sur le col de sa chemise, sur son arme et à l’extérieur de la portière. Michael Brown, tente de frapper une nouvelle fois son adversaire, celui-ci tire encore et le jeune homme s’enfuit. Le policier le suit dans la rue, le rattrape, et Brown, très agressif, aurait alors couru vers lui. Ici le policier aurait pris peur : « Il met la main sous son t-shirt, en direction de la ceinture. Je lui demande d’arrêter et je plonge au sol. Il ne s’arrête pas. Je tire. A plusieurs reprises. » L’une des balles atteint à la tête Michael Brown, qui s’effondre.
Ainsi le policier affirme-t-il qu’il croyait le jeune Noir armé, ce qui justifierait la légitime défense.
Les témoignages pro Michael Brown sont faux
Quoi qu’il en soit de ce dernier point, subjectif, les enquêteurs ont établi que deux balles ont bien été tirées alors que Darren Wilson était assis dans sa voiture, et dix par la suite. Les autopsies concordantes établissent qu’aucune d’entre elles n’a touché Michael Brown de dos, ce qui réduit à néant les témoignages qui prétendent le contraire, quelle que soit la bonne foi de leurs auteurs. Le procureur l’a fait observer à certains témoins, qui ont alors changé leur version des faits. En fait, le policier a été victime de témoignages à charge systématiques, d’inspiration communautaire, et faux (volontairement ou non), qui ont gêné l’établissement des faits.
Enfin, le climat de terreur engendré par les émeutes d’août a conduit plusieurs personnes à déposer en secret : plusieurs témoins afro-américains ont déclaré lors des auditions que Michael Brown a bien menacé Darren Wilson pendant la dispute, mais n’ont pas osé en témoigner en public.
Voilà pour les faits. Une enquête fédérale se poursuit, diligentée par le ministre de la justice Eric Holder, indépendante de la locale et de ses conclusions. Mais rien ne permet ni de soupçonner celle-ci de légèreté, ni d’infirmer ses dires.
Les institutions américaines en question
Le fonctionnement de la police et de la justice américaines choque le public français, on l’a vu spectaculairement en mai 2011 quand Dominique Strauss-Kahn est apparu menotté devant les caméras. Pourtant, il est devenu plus familier à nombre de jeunes Français que leurs propres institutions, par la grâce des films et séries US. Surtout, il est parfaitement légal, correspondant aux us et coutumes des Américains, intériorisé par eux. Sans doute peut-on être surpris par les autorisations de tirer très extensives données aux polices des Etats-Unis, mais à l’inverse, un policier américain pourrait juger les protocoles français trop restrictifs et mal adaptés à la violence actuelle. De même les Américains pourraient-ils être aussi surpris par le rôle de notre juge d’instruction et de notre chambre d’accusation que certains Français le sont par le grand jury : la fonction de celui-ci, comme le rappelle aujourd’hui le New York Times, n’est pas de déclarer si Darren Wilson est innocent ou coupable aux yeux de la loi américaine, mais de déterminer si oui ou non il existe contre lui des charges suffisantes pour justifier des poursuites. Et la réponse, en toute indépendance et en toute légalité, a été : Non.
Ferguson invente le concept d’émeute a priori
Quant à la réaction de la communauté noire de Ferguson, elle a précédé tout jugement et toute enquête : en août, il y a eu émeute a priori, parce que la victime était noire et le policier blanc, de même que le moindre rodéo qui se termine mal provoque chez nous l’embrasement de certaines banlieues. C’est une réaction systématique, communautaire et raciale. Dès le verdict du grand jury, l’émeute a repris à Ferguson, où des centaines de manifestants s’étaient massées près du siège de la police pour faire pression sur les jurés. Des commerces ont été pillés, une douzaine d’entre eux incendiés. La police a été la cible de tirs, au moins deux de ses voitures ont été brûlées et ce n’est pas fini. Malgré l’interpellation de 29 casseurs, la situation n’est pas maîtrisée. Selon Jon Belmar, chef de la police du comté de Saint Lous, « si nous ne faisons pas venir 10.000 policiers, on ne pourra pas contrôler les manifestants ». Ces faits ne sont pas isolés. Des manifestations plus ou moins violentes avaient été préparées de longue main par des collectifs « antiracistes » dans de nombreuses grandes villes à travers les Etats Unis, Boston, Philadelphie, Denver, Oakland, Salt Lake City, Chicago, Seattle, Los Angeles, New York et Washington notamment. Tous avaient pris pour cible les « flics tueurs ». Il s’agit d’un mouvement organisé qui répond à une stratégie.
Le trotskisme communautariste d’Obama
Cette stratégie est celle du président Obama. Disciple du trotskiste Alinski qui a théorisé le remplacement du prolétariat dans le processus révolutionnaire par les minorités dites opprimées, le jeune Obama s’était fait la main dès les années quatre vingt comme « organisateur communautaire » dans la banlieue de Chicago. Aujourd’hui, tant par des lois orientées (Obamacare), que par l’instrumentalisation de la justice ou sa récente régularisation des immigrés clandestins, le président applique en grand sa politique de scission communautariste des Etats-Unis. Il l’habille de propos lénifiants. Ainsi appelait-il hier soir « au calme ». Mais tout en demandant d’une voix douce à ses concitoyens de se rassembler dans la modération, Barak Obama tenait des propos objectivement incendiaires. Selon lui, il ne faut pas se « dissimuler les problèmes » liés au racisme aux Etats-Unis. Et d’ajouter : « Dans trop de régions du pays, il existe une profonde défiance entre les forces de l’ordre et les communautés de couleur. » C’est une approche racialiste sans détour, et, en mineur, une justification des « communautés » qui expriment leur « défiance », c’est-à-dire en somme un encouragement à l’émeute.
Cerise sur ce chocolate cookie américain, Christiane Taubira vient de se fendre de trois tweets et d’une interview sur la question. En mettant carrément en cause les Etats-Unis et leur système judiciaire. C’est quelque chose d’assez neuf pour un Garde des sceaux en exercice. Leur contenu est croquignolet.
Taubira disjoncte et joue à l’émeute mondiale
Voici le premier, en français : « Profilage racial, exclusion sociale, ségrégation territoriale, relégation culturelle…des armes, la peur… Fatal cocktail ! » Quelle science innée de la banlieue de Saint Louis, Missouri, permet-elle au Pic de la Mirandole de la place Vendôme de porter de telles accusations contre la ville de Ferguson, l’Etat de Missouri et l’Etat fédéral américain ?
Les deux autres tweets sont en anglais mais ne sont pas mal non plus. Traduisons : « Qui croit encore que les races existent, qu’elles ont jamais existé ? Qui te remplacera dans le ciel de nos pousses prometteuses ? Personne ! » Cette fois, Christiane donne dans la poésie effusive sur le mode télévangéliste pour masquer la contradiction qui fonde son discours : elle répète la doxa comme quoi les races n’existent pas, tout en instrumentalisant à fond les communautés raciales et en exacerbant leur ressentiment.
Enfin, pour couronner le tout, elle a cité un vers de Shot de Sheriff (un bien joli titre), de Bob Marley, en conclusion d’une série de questions : « Quel âge avait Michael Brown ? 18. Trayvon Martin ? 17. Tamir Rice. 12. Quel âge aura le prochain ? 12 mois. « Tuez-les avant qu’ils ne grandissent » C’est suggérer sans ambiguïté que les policiers américains tuent des gamins sans défense, et sciemment, pour les éliminer. Est-ce le rôle d’un ministre d’Etat français ? Dans une république digne de ce nom, la démission de Christiane Taubira aurait déjà eu lieu, exigée par le chef de l’Etat lui-même. Au–delà de cela, le choix de Tamir Rice est significatif. Il s’agit d’un gamin de Cleveland qui s’amusait à terroriser les passants avec un pistolet à bille imitant parfaitement les vrais, et qui, dénoncé par un quidam, a été abattu par erreur voilà trois jours par la police.
Quand le garde des sceaux s’emploie à subvertir les institutions américaines
On a beau jeu d’en tirer la conclusion que certains règlements devraient être changés d’urgence. Mais s’en servir comme cela dans la controverse actuelle, étant donné la situation explosive, est une façon extrêmement violente de monter les communautés les unes contre les autres et de dresser les populations américaines contre leur justice et leur police.
Elle l’a explicitement confirmé dans son interview à France Info, assurant les gens de Ferguson de sa « solidarité ». Avec qui donc ? Avec les « gamins afro-américains ». Précisant : « Il est évident qu’on se rend compte que ça n’arrive qu’aux mêmes. » Elle est donc explicitement solidaire des Noirs maltraités par des Blancs racistes. Et sa solution n’est pas ambiguë, il faut modifier les institutions américaines : « il est évident que lorsque le sentiment de frustration est aussi fort, aussi profond, aussi durable et aussi massif, il y a à s’interroger sur la confiance dans ces institutions, et donc la capacité des institutions à assurer cette paix sociale. » La fin est particulièrement savoureuse : en cas de graves dégénérescence des émeutes, elle en impute la responsabilité, a priori, aux institutions américaines. C’est indigne d’un Garde des sceaux français, mais c’est une grande première pour une militante de la subversion planétaire des Etats par le biais des communautés dites « défavorisées ». Christiane Taubira lance une grande première de la révolution mondialiste via les émeutes raciales. Chapeau l’artiste !