La « migration forcée », une stratégie du socialisme moderne

 

Partir à la recherche d’une vie meilleure : telle est bien souvent la motivation des migrants lorsqu’ils quittent leur pays, leur famille pour aller clandestinement dans les « pays riches » dont on nous donne à comprendre que, quelque part, ils le méritent bien : ne s’agit-il pas des prédateurs coloniaux (et aujourd’hui néocoloniaux) qui ont exploité les pays pauvres, tout en les précipitant dans davantage de pauvreté en réchauffant le climat ? Hugo Marcelo Balderrama, économiste bolivien, ne voit pas les choses ainsi : dans une analyse publiée par panampost.com, il pose que la « migration forcée » constitue une stratégie du socialisme du XXIe siècle. Et prend l’exemple du Venezuela pour appuyer ses dires : « Arabie saoudite de l’Amérique latine » pendant les années 1980, le chavisme l’a plongé dans une pauvreté endémique. En 2023, 51 % de la population vivait dans la misère, subissant de plein fouet la crise alimentaire. Pour beaucoup, il n’y a pas eu d’autre solution que de fuir : aujourd’hui, sept millions de Vénézuéliens sont partis, soit pour des pays limitrophes, soit pour les Etats-Unis.

Tous ne sont pas des hommes de bien en quête d’un avenir meilleur, souligne l’auteur : beaucoup d’entre eux, estime-t-il, sont des « infiltrés du chavisme » ou des membres de l’organisation criminelle « Tren de Aragua », un méga-gang originaire du Venezuela qui sévit en Amérique latine, mais aussi aux Etats-Unis et notamment au Texas où il a été classé « organisation terroriste » en septembre dernier.

 

La migration forcée par des politiques qui créent la misère

Une autre précision s’impose : la migration manipulée à des fins politiques ne date pas du XXIe siècle… mais c’est une autre histoire.

Dans le cas du Venezuela, c’est bien la misère qui a poussé tant d’hommes et de femmes à fuir : le salaire minimum de 130 bolivars (moins de 3,5 euros) suffit à peine à acheter trois douzaines d’œufs. Ceux qui restent dépendent quasi totalement de l’Etat qui accorde aux plus pauvres des bons pour l’énergie et l’alimentation, et met en place d’autres transferts (ou redistributions) des richesses. « Ce sont en réalité des mécanismes de soumission et de domination », observe Balderrama.

C’est même, pourrait-on ajouter, une version extrême de l’appauvrissement programmé qui empêche les petites gens de vivre de leur travail, ou les plus fortunés de s’enrichir, et de les priver ainsi de leur liberté.

Au Venezuela, c’est cette misère organisée qui a poussé les gens dehors, parmi lesquels certains ont bravé les dangers de la traversée du Darien pour parvenir, via l’Amérique centrale, aux frontières nord du Mexique, avant de rejoindre les USA : on évalue à deux millions le nombre de Vénézuéliens qui y sont parvenus depuis 2015. Les y rejoignent bien d’autres, par millions, qu’ils viennent d’Amérique latine, de Chine ou d’ailleurs.

 

Par stratégie, le socialisme a besoin de semer la pauvreté et la dépendance à l’égard de l’Etat

L’auteur identifié deux avantages à l’opération pour le régime chaviste de Caracas (on peut en imaginer d’autres) : d’une part, les émigrés font parvenir de l’argent à leurs proches, et en dollars. Dollars qui reviennent aux intermédiaires financiers : comme cela se produit en Bolivie et à Cuba, les Vénézuéliens se voient verser des pesos dévalués. D’autre part, souligne Balderrama, « cet énorme flux humain déstabilise les systèmes de santé et d’éducation des Etats-Unis ».

Il poursuit : « La migration forcée fait partie de la guerre hybride du socialisme du XXIe siècle contre l’Occident en général, et les Etats-Unis en particulier. » Et de citer Carlos Sánchez Berzaín, juriste et ancien ministre bolivien : « L’incitation et la manipulation des migrations forcées constituent un ensemble très sérieux de délits commis par les dictatures socialiste du XXIe siècle. Elles font partie de leur “lutte contre l’impérialisme” auto-proclamée et constituent une attaque contre les Etats-Unis qui s’étend aux démocraties de la région comme la Colombie, l’Equateur, le Pérou, le Chili, l’Argentine, le Brésil, le Panama, le Costa Rica et d’autres. »

D’où l’approbation de l’auteur à l’égard de la politique de déportation massive d’immigrés clandestins mise en place par Trump, qui au cours des premières semaines de son second mandat, a déjà expédié à Guantanamo dix membres du Tren el Agua et renvoyé tout un groupe de Colombiens chez eux. Il souhaite simplement que les USA mènent à l’égard de leurs voisins méridionaux une politique véritablement étatique, de manière à libérer l’Amérique latine de ses dictatures, vrai moyen pour « tenir » la sécurité des frontières des Etats-Unis.

 

Jeanne Smits