Il s’appelle José Guirao, et il ressemble à n’importe quel homme costumé cravaté, coupe de cheveux impeccable, rasé de près – rien du grand primate ni même du petit. Pourtant, ce nouveau ministre de la culture et des sports du gouvernement Pedro Sanchez affiche à son palmarès un discours que les médias se sont fait un malin plaisir de ressortir depuis qu’il a obtenu son nouveau portefeuille ministériel : en janvier 2016, il proposait de donner les mêmes droits aux animaux qu’aux hommes.
A tous les animaux. Exactement les mêmes droits. Si, si…
Ce pro-animaliste radical participait alors en tant que directeur de la Fondation Montemadrid à une rencontre de presse organisée avec Capital Animal, une plateforme culturelle et artistique de lutte pour les droits des animaux. L’homme qui s’est longtemps occupé d’art contemporain, sept ans directeur du musée Reina Sofía, a certainement dépassé les attentes de ses hôtes en présentant une version extrême de la lutte pour la cause animale.
Les mêmes droits pour les animaux et pour les hommes ?
Ayant expliqué qu’il était normal, jadis, que l’homme, espèce comme une autre, ait agi et lutté pour s’assurer un habitat et un territoire, sa « survie » en somme, il a demandé que l’on rompe désormais avec ce que fut l’histoire humaine pendant des millénaires pour mettre en place un véritable « changement anthropologique radical », et en définitive le « changement de paradigme » réclamé par le Nouvel Age, pour difficile et ardu que cela puisse paraître.
Les animaux, a-t-il expliqué, doivent être considérés comme des égaux alors que l’homme « avec tout son orgueil de race » les a depuis toujours considérés comme des inférieurs qu’il a mangés, utilisés pour le travail ou pour le divertissement. Il est temps que cela change, selon le futur ministre : « L’espèce humaine, dans sa superbe, a oublié tout ce qui la rend humaine », déclarait alors José Guirao. « Si réellement nous sommes arrivés à un niveau de technologie aussi avancée, comment est-il possible que nous continuions d’avoir des instincts aussi primitifs, aussi éloigné de la réalité du bien-être et des possibilités que possède l’espèce, pour continuer à jouer à ce jeu si primitif ? », a-t-il dit.
Le nouveau ministre de la culture en Espagne, José Guirao, veut un « changement anthropologique radical »
Membre du parti socialiste espagnol, Guirao veut voir l’homme « considérer les animaux comme des égaux, mais égaux en tout : égaux en intelligence, en sensibilité, en droit à la vie », comme il l’a indiqué en donnant l’exemple des chasseurs qui prétendent avoir le droit de tuer des chèvres parce que celles-ci sont en surpopulation. « Je leur réponds qu’il y a aussi une surpopulation humaine ; personne ne proposerait, et si quelqu’un le faisait nous penserions qu’il s’agirait d’un monstre, que l’on doive en éliminer une partie pour que la situation soit viable. » Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de militer au sein d’un parti favorable à l’avortement…
Ce qu’il veut au fond, c’est qu’ayant « rendu » leurs droits à toutes les espèces animales, l’homme retrouve ses instincts qui permettent de pressentir l’arrivée d’un séisme ou d’un tsunami. Pas sûr que cela fonctionne. Mais on ne s’étonnera pas de voir un sectateur de l’art contemporain déprécier à ce point la spécificité de l’homme et de la raison.