Poutine présente le partenariat entre Moscou et Pékin comme une « force stabilisatrice »

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Le partenariat entre Moscou et Pékin constitue une force stabilisatrice dans le monde, a affirmé Vladimir Poutine, en visite officielle chez Xi Jinping. En arrivant dans la capitale chinoise jeudi matin, il a assuré lors de sa première entrevue avec son homologue que les liens étroits entre la Russie et la Chine ne doivent être considérés comme une menace pour n’importe quel autre pays.

Après l’invasion de l’Ukraine, les déclarations belliqueuses de la Russie à l’égard des pays d’Occident et la multiplication des déclarations et des publications médiatiques russes contre l’ensemble de l’œuvre des nations européennes en Afrique au service de leur expulsion du continent noir et de l’expansion russe qui s’y déroule sans fard – pour ne citer que celles-là – le propos ne manque pas de sel.

Ajoutez-y les menaces de la Chine contre Taïwan et sa guerre hybride qui se manifeste notamment à travers une déstabilisation savamment entretenue des pays occidentaux, et l’assurance donnée par Poutine n’en semblera que plus surréaliste.

Il est à noter que Poutine a réservé son premier voyage étranger depuis qu’il a prêté serment pour la cinquième fois comme président de la Fédération de Russie début mai à la Chine communiste dirigée par Xi Jinping.

 

Moscou et Pékin, une force stabilisatrice qui sème la guerre et l’instabilité

Voici la phrase exacte du président russe : « Notre coopération dans les affaires mondiales est l’un des principaux facteurs de stabilisation sur la scène internationale. Ensemble, nous défendons les principes d’équité et l’ordre démocratique mondiale fondé sur les réalités multipolaires et la loi internationale. »

La multipolarité, véritable mot clef de la doctrine politique internationale russe, est un concept fondé sur le relativisme, puisqu’il proclame non seulement le droit des peuples et des grands blocs régionaux à se déterminer eux-mêmes, mais les attache aux différentes formes de cultures et de religions non hiérarchisées qui leur seraient propres et qui ne supportent aucun « universalisme ».

Russia Today, le média multilingue sous contrôle du Kremlin, note dans sa version anglaise que la visite de Poutine coïncide avec une montée de la tension entre les pays de l’OTAN d’un côté et la Russie et la Chine de l’autre, tandis que les gouvernements occidentaux accusent Moscou et Pékin d’agression et de coercition.

Voilà qui cadre mal avec l’influence stabilisatrice revendiquée par Poutine, sauf s’il s’agit d’affirmer que la domination de la scène internationale par le plus grand pays communiste du monde et l’ex-Union Soviétique est précisément le but recherché, façon lendemains qui chantent.

 

La force stabilisatrice de la Russie et de la Chine suppose une domination

Rt.com reconnaît encore que la Russie et la Chine sont sous pression de l’Occident au sujet de la guerre en Ukraine et des activités de Pékin dans le Pacific indien. Et de citer le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg qui a récemment décrit la Chine comme étant « le principal pays qui permet à la Russie de mener sa guerre d’agression ».

Cette analyse est naturellement contestée par le média russe, qui rappelle que la Chine a refusé de reconnaître la culpabilité russe dans l’affaire ukrainienne, accusant au contraire l’expansionnisme de l’OTAN et une « mentalité de Guerre froide » à Washington comme étant à la racine de l’escalade qui elle, est bien réelle.

Pourtant l’actualité qui se déroule sous nos yeux montre bien comment de grands blocs de puissance militaire se constituent de plus en plus ouvertement, avec d’une part les pays développés et de l’autre les pays de l’ancien bloc communiste et, dans les très grandes lignes, ce qu’on appelait jadis les pays non alignés, en fait alignés sur Moscou.

 

Dialectique et illusionnisme : se rappeler les leçons de la Guerre froide

On sait bien qu’à l’époque de la Guerre froide, l’opposition entre Est et Ouest n’était qu’un aspect de la réalité, puisqu’à un niveau supérieur, les grandes forces de promotion du mondialisme permettaient en même temps aux uns et aux autres de se retrouver ou d’être surplombés par des promoteurs de la disparition des nations dans une marche à cadences différenciées vers le socialisme international. La dialectique fonctionnait à plein, l’opposition devant permettre la synthèse du Nouvel Ordre Mondial.

La confrontation militaire n’eut pas lieu, ce fut au contraire l’Occident, poussé notamment par la doctrine Kissinger, qui arma économiquement la Chine en lui donnant moult avantages dans le commerce international, tandis que l’URSS se disloquait, comme l’avait d’ailleurs annoncé le transfuge du KGB Anatolij Golitsyne dans Des mensonges pas si nouveaux pour rompre elle aussi avec l’inefficacité économique communiste.

On voit bien que les choses changent. Nous passons un cap pour nous trouver dans une nouvelle dialectique. Vers une nouvelle synthèse du Nouvel Ordre Mondial. La « stabilisation » invoquée par Poutine serait-elle de cette eau ?

 

Jeanne Smits