
Nous aurons appris ce mot, qui désigne la protection de mousse que portent les micros pour filtrer les bruits parasites tels que le vent, quelques minutes après la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Sa femme, juste avant de se retirer à sa suite de la conférence de presse qu’il avait improvisée, ôta la bonnette du micro de Mediapart et la laissa choir à terre. Vengeance était faite. La chanteuse Carla Bruni devrait tirer une chanson de son geste d’épouse, car il était assez classe. La presse a écrit en chœur qu’elle avait « arraché la bonnette » avant de la jeter : il n’en est rien, elle l’a cueillie, avec juste assez d’emphase pour montrer que c’était volontaire, mais en passant, afin qu’on comprenne aussi que l’adversaire, quoi que nocif, n’était pas grand chose à ses yeux. En somme, une rancune tenace tempérée par un insondable mépris.
La bonnette paye pour l’acharnement de Mediapart
Il faut dire que Mediapart, site de délation vertueuse d’extrême gauche branché sur la police depuis sa fondation par Edwy Plennel, a provoqué, par 14 ans de haine industrieuse, le procès et la condamnation d’aujourd’hui. Or, bien que le tribunal ait justifié les cinq ans de prison ferme prononcés contre l’ancien président par des « faits d’une gravité exceptionnelle de nature à altérer la confiance des citoyens en ceux qui les représentent », on ne sait pas bien quels sont ceux-ci. La principale accusation était fondée sur un document produit en avril 2012 par Mediapart. L’ancien chef des services de renseignement extérieur de la Libye y faisait état d’un « accord de principe » pour « appuyer la campagne électorale du candidat » Nicolas Sarkozy « pour un montant d’une valeur de 50 millions d’euros ». Or, de l’aveu même de la présidente du tribunal, « il n’y a aucun élément qui a permis de corroborer le contenu de la note, qui apparaissait déjà fragile » et « le plus probable est que ce document soit un faux ».
A justice de classe, mépris de classe
En l’absence d’élément concret de preuve, c’est donc l’intime conviction des juges qui a fondé le jugement. C’est parfaitement légal mais cela rend encore plus surprenante l’exécution provisoire décidée, alors qu’il n’y a risque ni de fuite ni de récidive. Manifestement, les cinq ans ferme de Sarkozy sont le produit d’une justice de classe, qui s’exerce sans doute pour calmer la grogne sociale ruisselant quotidiennement, de blocages en journées intersyndicales. Les réactions satisfaites de LFI et consorts l’indiquent. A cette justice de classe dont elle est la victime indirecte, Carla Bruni, héritière d’une vieille famille juive d’Italie, a répondu par un (in)discret mépris de classe.