Paradoxe ! Elon Musk a cofondé l’OpenAI, entreprise de recherche sur l’intelligence artificielle qui inventé ChatGPT, puis l’a quittée : il ne cesse depuis de tirer la sonnette d’alarme à propos de l’IA. Il répète à tout vent que c’est un danger potentiel pour l’homme et qu’elle peut « détruire la civilisation ». Or il vient de lancer un concurrent de ChatGPT, pour le compte de sa société xAI, nommé Grok. Cette fois, ce sont ses concurrents et la presse mainstream qui s’inquiètent.

Musk : Grok, l’IA vérité contre l’IA qui ment

En 2018, Musk quittait OpenAI, et, en décembre 2022, il appelait à une pause dans la recherche sur l’IA, qui a selon lui « le potentiel pour détruire la civilisation », souhaitant que le secteur soit « régulé ». Il constatait un biais gauchisant dans ChatGPT, craignant que l’IA ne devienne « woke » et n’ait pour effet que de « mentir ». Puis, en avril de cette année, il disait à FoxNews : « Je vais lancer quelque chose qui s’appelle TruthGPT (véritéGPT), une IA qui recherche la vérité maximale et qui essaie de comprendre la nature de l’univers. » Cela devrait suffire selon lui à sauver la civilisation : « Une IA qui se soucie de comprendre l’univers ne risque pas d’anéantir les humains, parce que nous sommes une partie intéressante de l’univers. »

Musk, l’homme qui trolle, l’IA et les fakes news

Voilà qui était clair : les IA type ChatGPT étaient mauvaises parce biaisées par le mensonge « woke », l’IA de Musk s’intéresse à la « vérité de l’univers » et ne peut donc qu’être bonne pour l’homme. Eh bien, pour ses adversaires, c’est naturellement le contraire qui est vrai. Voici comment notre confrère la Tribune, par exemple, présente Grok : il « aura la particularité d’adorer les sarcasmes et d’utiliser les contenus issus du réseau social… alors que ce dernier se distingue depuis le rachat par le milliardaire comme un vivier inépuisable de fake news ».

Grok ou ChatGPT, le danger, c’est l’homme qui les conçoit

Et de continuer : « Désastre en vue ! On le sait : Elon Musk adore “troller”, cette activité très prisée sur Internet qui consiste à toujours vouloir provoquer, perturber ou créer la polémique. Les exemples ne manquent pas : racheter Twitter en trois semaines puis vouloir abandonner le deal ; se moquer publiquement de ses ennemis et des régulateurs du monde entier ; provoquer Mark Zuckerberg en duel à mains nues puis se défiler ; ou encore se poser en garant de la vérité mais propulser les fakes news et la haine en ligne vers de nouveaux sommets. » Derrière ces rodomontades opposées se dessine une évidence : l’IA dépend de la façon dont elle est conçue et entraînée. Autrement dit, le plus grand danger de l’IA, c’est l’homme !

Pauline Mille