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Naples : Métro, boulot, Museo


 

Garibaldi, la dix-septième station de la ligne n° 1 du métro de Naples, vient d’être mise en service. Conçue par le Français Dominique Perrault, l’auteur de la très grande bibliothèque François Mitterrand, elle fait partie du Metro dell’Arte, projet dont les concepteurs ont voulu faire un « musée obligatoire ».
La ligne 1, qui est la chose d’une petite caste mondiale (quinze « grands » architectes ont été cooptés pour la construire), a donc coûté (officiellement) un milliard et demi aux contribuables européens et italiens, soit cent millions par station. La notion de « musée obligatoire » défendue par Achille Bonito Oliva, le responsable artistique du métro napolitain, est cruciale : les usagers ne peuvent pas ne pas voir ce qui se trouve dans les couloirs qu’ils traversent. C’est une intrusion volontaire et calculée dans l’intimité des passagers, forcés à ingurgiter les « œuvres » qu’on leur impose, à la manière de fumeurs passifs obligés d’inhaler la fumée produite par leur environnement. C’est aussi un formatage des cerveaux et du goût, puisque la décoration des stations de la ligne et les 170 œuvres qui s’y trouvent exposées sont exclusivement contemporaines. La question n’est pas de se demander si le résultat est beau, comme l’affirme pour la station Toledo le Daily Telegraph, ou s’il est ridicule, comme les photos de passagers collées sur un miroir par l’artiste Michelangelo Pistoleto, mais de savoir si l’argent public doit être dépensé à gaver les populations d’art conceptuel.