Le président Macron, avec son idée de labellisation de l’information, n’a rien inventé. D’abord parce que c’est le rêve de bien des autocrates depuis des siècles, et que l’Union Soviétique l’a réalisé voilà cent ans en imposant la Pravda, c’est-à-dire proprement la Vérité. Ensuite parce que dans les principales matières qui permettent de gouverner l’opinion, nos démocraties éclairées procèdent depuis plusieurs décennies par labellisation implicite. Par exemple, quant au réchauffement du climat par l’homme, ce n’est pas la justesse de l’argumentation qui emporte la conviction du grand public, mais l’étiquette scientifique. Les médias affirment que le consensus scientifique dit que… et la cause est entendue. Si quelque étude semble aller contre ce consensus, l’argument d’autorité suivant tombe : ne vaut que ce qui est paru dans une revue où les études sont évaluées par des pairs. Et comme les grandes écoles, il y en a de plus prestigieuses que d’autres, on en connaît la liste. Le Lancet, Nature, sont particulièrement réputés. Pourtant ces oracles commettent des erreurs comme tout le monde. Nature vient de retirer une étude de l’institut Potsdam qu’elle avait publié en avril 2024 sur les effets économiques du réchauffement. Un tableau gigantesque portant sur 1.600 régions de la planète sur 40 ans. La conclusion n’en était pas drôle : « L’économie mondiale subira une baisse de la production de plus 60 % et une réduction des revenus de 19 % au cours des 26 prochaines années, indépendamment des choix futurs en matière d’émissions, ce qui dépasse déjà de six fois les coûts d’atténuation nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C à court terme. » Hélas – ou tant mieux – d’autres scientifiques ont remarqué un an après des erreurs dans les données de l’Ouzbékistan qui ficheraient toute la théorie en l’air, et, le 3 décembre, Nature, la corde au cou et en chemise, a dû faire amende honorable pour cette étude. Ouf, nous venons d’échapper à une catastrophe purement virtuelle. Quant à Nature, elle a fait son travail en retirant la première étude : peut-être aurait-elle pu ouvrir l’œil un peu mieux voilà dix-huit mois…











