« La bonne vie pour tous » : la revue “Nature” publie une étude favorable à la décroissance et à la redistribution

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Il va falloir restructurer des systèmes économiques et les instruments de mesure utilisés pour calculer le progrès à fin de rendre la consommation humaine compatible avec les « limites planétaires » : telle est la conclusion d’une étude signée O’Neill, Fanning, Lamb et Steinberger des universités de Leeds et de Berlin publiée par la prestigieuse revue Nature. L’objectif affiché : comprendre comment une humanité à 7 milliards et davantage peut obtenir un « niveau de vie élevé, sans déstabiliser les processus planétaires ». En définitive, on aboutit à un plaidoyer pour la décroissance et la redistribution des richesses qui passe forcément – mais cela, ils ne le disent pas – par une forme de socialisme international selon la formule chère à Marx : « à chacun selon ses besoins » – on a vu ce que cela a donné.
 
Les auteurs envisagent sept limites planétaires parmi lesquelles quatre sont déjà « transgressées » : l’intégrité de la biosphère, le changement climatique, les flux biogéochimiques et le système d’usage de la terre. Tout cela est ensuite combiné avec une évaluation de « l’empreinte environnementale » pour déterminer des niveaux de « durabilité ».
 
Et de s’interroger : quelle serait la qualité de vie si les ressources étaient également distribuées, en partant du principe que chaque être humain a des besoins incompressibles ?
 

Une étude favorable à la décroissance au nom de la Planète

 
A partir de là, il suffit d’accorder les données, dirons-nous pour aller vite. Il va de soi que les chercheurs prennent pour argent comptant la théorie du réchauffement climatique qu’ils veulent limiter à 2 ° C très précisément, comme si c’était possible, même si les affirmations des réchauffistes étaient exactes !
 
La qualité de vie, ils la mesurent en prenant en compte l’accès à l’alimentation et à l’assainissement, le revenu, l’accès à l’énergie, l’éducation, le soutien social, l’égalité, ce qu’ils appellent la « qualité démocratique » et l’emploi, en même temps que des sentiments subjectifs de satisfaction par rapport à la vie et à l’espérance de vie. Et d’expliquer que la plupart des pays qui réalisent cette qualité de vie pour l’ensemble de leurs citoyens utilisent des ressources planétaires bien au-delà de ce qui est, comme ils disent, « soutenable ». Il y a même une relation inversement proportionnelle : plus les pays atteignent les seuils de satisfaction dans ces différents domaines, plus ils utilisent les ressources de manière à dépasser les « limites biophysiques par tête ».
 
On sera heureux d’apprendre que le Vietnam, qui pèche seulement sur le plan des émissions de CO2, atteint les seuils minimums pour six indicateurs sociaux sur neuf. Vive le communisme du XXIe siècle ?
 
On apprend aussi que les facteurs sociaux les plus fortement corrélés avec la plus forte utilisation des ressources sont la qualité démocratique, l’égalité, soutien social et l’éducation secondaire.
 

La redistribution des biens pour diminuer l’utilisation des ressources

 
Les auteurs en tirent l’hypothèse que si tous doivent avoir une bonne vie à l’intérieur des limites planétaires, il faut restructurer les systèmes d’approvisionnement afin de satisfaire les besoins fondamentaux au moyen d’une utilisation beaucoup plus modeste des ressources. Cela passe d’abord par la « stabilisation de la population globale », bien sûr : le vrai environnementaliste est malthusien. Donner à manger, fournir l’accès à l’énergie et à l’assainissement doit être possible pour 7 milliards d’hommes sans dépasser ces limites, soutiennent les auteurs. Pour le reste, « il va falloir que l’approvisionnement – qui fait le lien entre l’utilisation des ressources et les indicateurs sociaux – devienne entre deux et six fois plus efficaces ».
 
Comment faire ? Viser d’abord la réduction de l’utilisation des ressources de manière significative dans de nombreux pays riches – sans pour autant modifier les indicateurs sociaux, promettent-ils – ce qui permettrait en même temps de mieux redistribuer les richesses pour l’ensemble des pays. Il faudrait pour cela abandonner la recherche de la croissance du PIB « pour embrasser de nouvelles mesures du progrès » tout en recherchant la « décroissance » dans les pays riches.
 
Et d’appeler de leurs vœux « l’avènement de systèmes économiques alternatifs » comme « l’état stationnaire » (steady-state economy) qui doit tout à Malthus et prône l’augmentation des prix des denrées alimentaires, et avec elle celle des salaires, pour aboutir à la décroissance des profits des entrepreneurs et donc de leurs investissements. En clair, c’est une diminution de la richesse qui est recherchée.
 

Limites et décroissance : les tartes à la crème des environnementalistes malthusiens

 
Suit un laïus sur l’énergie renouvelable, la fabrication d’objets à durée de vie plus longue (tiens, si on arrêtait d’importer des aspirateurs d’Extrême-Orient qui se cassent au bout d’un mois !), la réduction des déchets : il y a là une part d’économie des grands-mères et une autre d’idéologie anti-énergies fossiles qui sont et restent au moins pour l’heure indispensables ne serait-ce qu’à la santé humaine.
 
Un autre problème se pose, selon les auteurs de cette étude : en diminuant les coûts technologiques et ceux de l’énergie, comme ils l’espèrent, ils craignent que les économies dégagées n’aboutissent à davantage de consommation.
 
« C’est pour cette raison qu’il faut réaliser des améliorations de l’approvisionnement social, en particulier pour réduire les inégalités de revenus et améliorer le soutien social », proclament les auteurs. Cela ne coûte pas cher en ressources si l’on a recours à des « moyens immatériels » tels « le soutien social, la générosité, la liberté de faire des choix de vie et l’absence de corruption ». Cela sent fort l’ingénierie sociale : vers l’alignement des individus qui doivent recevoir du système à parts à peu près égales et s’appuyer sur lui plutôt que de chercher à s’enrichir, dans un bonheur de satisfaction définie par l’Etat.
 
Ces écologistes ne sont même pas satisfaits par les ODD (Objectifs du développement de l’ONU pour 2030), pourtant déjà bien avancés sur la voie de l’égalitarisme forcené, affirmant que leur réalisation – qui vise « la poursuite du développement humain universel » – a la capacité de « saper les processus terre-système sur lesquels repose en définitive le développement ».
 
« Un scénario plus encourageant verrait les ODD glisser d’une politique de croissance vers un modèle économique dont le but est le bien-être humain durable et équitable », au moyen d’une baisse « drastique » de l’utilisation des ressources, concluent-ils. Ainsi mettent-ils en lumière les vrais objectifs des environnementalistes.
 
Le site climatedepot.com signale cette étude en y joignant de multiples exemples de prises de position similaires : la « décroissance » est une idée qui progresse, et vite.
 

Anne Dolhein