Alors qu’en France, Viviane Lambert se bat pour la vie de son fils en état pauci-relationnel et menacé de mort par arrêt de la nutrition et de l’hydratation, un sénateur de l’Etat du New York veut rendre cette procédure, légale aux Etats-Unis depuis 1990, encore plus simple et applicable en l’absence de toute expression de la volonté d’un patient. Dans le cas de Vincent Lambert, il est question du moins de l’« accord » de la victime, même si elle est abusivement invoquée, sans autre preuve que les dires de son épouse. Dans l’Etat de New York, on cherche désormais à renverser les dispositions légales mises en place dans de nombreux Etats pour protéger les patients de cette forme d’euthanasie involontaire.
L’affaire Nancy Cruzan, portée devant la Cour suprême en 1990, avait accordé aux tiers la possibilité de décider d’un arrêt de l’hydratation et de l’alimentation d’une personne incapable d’exprimer sa volonté, même en l’absence de directives anticipées, pourvu que des indices sérieux permettent d’affirmer que tel aurait été son désir. Selon une proposition d’amendement de la loi de New York, le sénateur Kemp Hannon vise à supprimer de la loi de l’Etat la disposition qui limite le droit du soignant d’engager la procédure de fin de vie aux cas où la volonté du patient est connue : si elle ne peut pas l’être de manière « raisonnable », il ne peut pas passer à l’acte.
New York : vers l’euthanasie involontaire par déshydratation sans l’accord du patient
Ce qu’il cherche à mettre en place, c’est, ni plus ni moins, un droit arbitraire de vie et de mort pour les soignants que rien ne saurait plus contraindre à rechercher la volonté d’un patient par rapport à une procédure objectivement euthanasique, puisqu’elle consiste non à le laisser mourir de sa maladie, mais à le faire mourir par déshydratation et dénutrition : de faim et de soif.
C’est en réalité une présomption d’acceptation de cette procédure aussi cruelle qu’assassine qui serait mise en place. La « déshydratation par défaut », pour reprendre les termes de l’Euthanasia Prevention Coalition.
La mort non choisie, suite logique de l’euthanasie volontaire
On dira que ce qui se passe dans la tête d’un sénateur à New York n’a pas grande importance. Erreur : dans le contexte actuel, sa proposition pourra bien être adoptée. Et l’on sait que les pays se regardent et se copient en la matière : lorsque les juges introduisent des « changements sociétaux » par le biais de leurs décisions, ils le font volontiers en citant abondamment la jurisprudence d’autres pays aussi « démocratiques » que « progressistes ».
Sur le plan économique, on voit où cela mène : vers la possibilité de la suppression volontaire des déments et des handicapés profonds par une euthanasie qui ne veut pas dire son nom.