« L’UE devient un super-Etat, le Royaume-Uni n’y a pas sa place » selon Nigel Lawson

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Nigel Lawson.

 
S’exprimant sur le référendum du Brexit, une figure du camp favorable à la sortie de l’UE, Nigel Lawson (auteur du pamphlet Joining the world : Britain outside the EU), a écrit un texte dans le Telegraph dans lequel il dénonce le véritable projet européen, celui d’un super-Etat dans lequel, selon lui, la Grande-Bretagne n’a rien à faire.
 
Il y a en effet toujours eu un objectif politique derrière l’intégration économique européenne selon lui, un objectif situé aujourd’hui au premier plan. Car, si l’objectif premier dans la construction européenne était de « placer le tigre allemand dans la cage de l’Europe » (sic), l’Allemagne d’aujourd’hui ne représente plus une menace. Mais le super-Etat fédéral qui se dessine peu à peu – « Ce pour quoi l’UE existe, son unique raison d’être », dit Lawson – est une utopie à ses yeux, car l’Europe ne remplit aucune des conditions qui contribuèrent à faire des Etats-Unis un succès. L’ancien chancelier de l’Echiquier du cabinet Thatcher est crédité d’avoir efficacement combattu le chômage en son temps : une carte de visite comme on n’en fait plus.
 

« Les pays qui ne sont pas dans l’UE s’en sortent mieux économiquement »

 
Pour Lawson, « il serait pervers d’y rester », d’autant plus que « la plus grande partie du monde n’est pas dans l’UE et ces pays s’en sortent mieux économiquement que l’UE ». Le lord britannique rappelle au passage que l’Union européenne coûte 10 milliards de livres chaque année à la Grande-Bretagne, déduction faite des subsides versés par l’UE aux agriculteurs et aux chercheurs britanniques. Une somme qui serait économisée si son pays quittait l’UE. Il précise : « Ni les commerces du Royaume-Uni, ni l’industrie n’auraient à supporter le poids des régulations européennes excessives qui pèsent très lourd sur les PME… Certes, les entreprises auraient à se conformer aux régulations de l’UE en y exportant des produits, mais ces exportations ne comptent que pour 13 % du PIB et cette proportion décroît… »
 
Quant à l’argument qui consiste à dire que l’intégration est nécessaire pour assurer la sécurité du Royaume-Uni, Nigel Lawson le balaie du revers de la main : la Grande-Bretagne consacre 2 % de son PIB à la défense et a un rôle de premier plan dans l’OTAN. Par ailleurs, les pays qui collaborent le plus étroitement avec la Grande-Bretagne en matière de renseignement, outre les Etats-Unis, sont le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, pays qui ne sont pas précisément situés dans l’UE, rappelle-t-il.
 

Nigel Lawson ne veut pas d’un Royaume-Uni soumis au super-Etat européen

 
Mais la question primordiale se situe pour lui à une autre échelle : dans notre monde globalisé, la coopération internationale est plus que jamais vitale. Cela est vrai, souligne-t-il, pour la défense, la lutte contre du terrorisme ou encore la lutte contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, domaines dans lesquels l’UE ne fait pas preuve d’efficacité. On peut être mondialiste sans être européiste, en somme !
 
Il y a, enfin, un aspect fondamental, incontournable, dont les Britanniques sont selon lui conscients et qui doit les inciter à quitter l’Union européenne : le super-Etat en construction souffre non seulement d’un surplus bureaucratique, mais d’un véritable déficit démocratique. Nigel Lawson rappelle que son pays reste très attaché à la liberté et à la démocratie, et que cela est en rapport avec quelque chose d’encore plus ancré dans le temps et fondamental : l’idée d’un gouvernement qui représente son peuple. C’est, selon lui, tout l’enjeu de ce référendum.
 

Patrick Neuville