Le boxeur Pacquiao viré par Nike : quand la finance impose sa révolution morale

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Le boxeur philippin Manny Pacquiao, portant des shorts et chaussures au logo Nike, pendant un entraînement à General Santos, sur l’île des Mindanao aux Philippines.

 
La marque d’équipements de sports Nike a ôté son parrainage au boxeur Manny Pacquiao, coupable d’avoir jugé l’homme pire que l’animal parce qu’il admet l’accouplement homosexuel, ce qui a provoqué une révolution aux Philippines. La finance qui possède les grandes marques multinationales est très stricte sur la nouvelle morale et sanctionne ceux qui « dérapent », quelle que soit leur popularité.
 
Emmanuel Dapidran Pacquiao est une idole aux Philippines. A trente-huit ans, le boxeur a collectionné des titres mondiaux dans six catégories, des mouches au super-welters, il est également acteur, chanteur, basketteur et entraîneur au sein de la Philippine Basketball Association, enfin député de la province de Sarangani depuis 2010. On estime ses revenus annuels à 165 millions de dollars. Mais ni l’argent ni le pouvoir ni la célébrité ne mettent à l’abri d’une faute : Manny Pacquiao a contrevenu à la nouvelle morale mondiale en parlant des relations homosexuelles. Il a dit : « C’est le bon sens même. Avez-vous vu des animaux chez lesquels les mâles vont ensemble et les femelles également ? Les animaux sont meilleurs [que les hommes] : ils savent distinguer le mâle de la femelle. Si nous acceptons que les hommes aillent ensemble et les femmes aussi, alors l’homme est pire que les animaux. »
 

Nike se sépare par devoir de Pacquiao son boxeur préféré

 
Il ne s’agit pas ici d’examiner la pertinence de ces propos mais de voir comment ils ont été répercutés et les conséquences qu’ils ont entraînées. Selon les médias, Pacquiao aurait affirmé que les homosexuels sont pires que des animaux, ce qui est faux : c’est l’homme, selon lui, qui l’est. Puis, d’autres idoles du sport et du showbiz lui ont aussitôt été opposées, notamment par le biais de tweeter. La chanteuse philippine Aiza Seguerra qui vient « d’épouser » une amie aux Etats-Unis a traité le boxeur « d’hypocrite sectaire ». L’ancien basketteur Jason Collins a « perdu son respect » pour lui et préfère le mot de « bigot », car Manny Pacquiao a le malheur aux yeux de la nouvelle morale d’être chrétien. Un acteur philippin gay, Vince Ganda, a ironisé sur ces gens qui se prennent pour « Dieu juste parce qu’elles ont assisté à une prière et lisent la Bible ». Les associations homosexualistes et les politiques n’ont pas été en reste. Le chef du parti de gauche La déferlante, Santon Remoto a déclaré : « Les LGBT philippins, les groupes associés et la prise de position éclairée de Nike ont mis à terre un fanatique fondamentaliste qui veut être sénateur ».
 
Devant la révolution qu’il a provoquée, et paniqué par la perspective de perdre d’autres parrains, le boxeur a immédiatement présenté ses excuses dans une vidéo, c’est obligatoire. Peine perdue. La marque à la virgule, qui vendait toute une gamme frappée au nom de « Team Pacquiao », n’a désormais « plus aucune relation » avec le boxeur. Elle explique cette rupture de contrat par une exigence morale, supérieure à toute considération touchant à la finance : « Nous trouvons les déclarations de Manny Pacquiao abjectes. (…) Nike est fermement opposé à la discrimination quelle qu’elle soit et à une longue histoire de soutien et de défense des droits de la communauté LGBT ».
 

Aurier aussi au centre d’une révolution

 
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une marque multinationale s’arroge le droit de juger quelqu’un sur de simples déclarations contraires à sa morale gay friendly (et plus généralement anti-discriminatoire), de le condamner dans les termes les plus sévères, et de rompre sans plus de formes un contrat régulièrement passé pour, en fin de compte, imposer sa façon de voir le monde : il s’agit d’une véritable révolution, car ce n’est nullement un cas isolé. L’affaire Serge Aurier, sans être identique, s’y apparente. Cet international de football ivoirien jouant au Paris Saint-Germain a fait scandale en traitant son entraîneur Laurent Blanc de « fiotte » et en estimant que le vrai patron de l’équipe était l’avant centre Zlatan Ibrahimovic. Le propriétaire qatari l’a immédiatement suspendu, à titre conservatoire. Le mot de fiotte est grossier et méritait certes une réprimande, mais ce n’est pas cela qui a provoqué un hourvari général des médias français. Voici ce qu’a voulu dire Aurier en utilisant le mot « fiotte », qui vient de fille, comme le mot québécois fif, qui a le même sens : que Laurent Blanc est une « fille », c’est-à-dire un garçon faible et lâche, comme sont réputés l’être les homosexuels passifs dans le monde de prédateurs simplistes qui est celui du sport et de la finance, qu’il se couche devant le véritable mâle dominant du PSG, le « Suédois » Zlatan Ibrahimovic. Cette « vérité », qui est la sienne, Aurier n’avait pas le droit de l’exprimer non pas parce qu’elle est vulgaire ou sotte, mais parce qu’elle n’est pas conforme à la morale nouvelle et aux intérêts de la finance qatarie qui possède le PSG. On peut penser qu’Aurier n’a dû qu’à sa double qualité d’étranger et de Noir la faveur de voir ses excuses acceptées et de ne pas être licencié.
 

L’implacable morale de la finance face à Galliano

 
Ses titres d’homosexuel et de star de la mode n’ont pas suffi à protéger John Galliano, le styliste de chez Dior, dans une autre affaire où s’est illustrée la révolution morale « par le haut »,  en 2010 et 2011. John Galliano était alors le chouchou incontesté de la mode branchée, il faisait la pluie et le beau temps par ses collections chez Dior. On le félicitait dans les journaux ad hoc de choquer le bourgeois et d’entrechoquer les mondes, on louait ses idées extravagantes et provocatrices, son style clochard, grunge, sorti du contexte, porno-chic, que sais-je, on portait aux nues ses pires outrances parce qu’il était « libre ». Et puis un jour, une femme, puis une autre ont porté plainte parce que, ivre comme une vache, il avait tenu contre elles des propos antisémites et parlé d’Hitler en bien. Aussitôt c’est la révolution chez Dior. Bernard Arnault, le Tycoon de la finance que ses concurrents ne savaient pas si strict sur la morale, le débarque sec. Plus tard, sevré, s’étant répandu sur sa « descente aux enfers » et son « suicide professionnel », Galliano sera repris par d’autres marques, après moult excuses répétées. La justice, d’ailleurs, sera bonne fille avec lui : il n’est condamné par le tribunal de Paris ni pour incitation à la haine raciale ni pour contestation de crimes contre l’humanité, mais pour simple injures publiques, une bagatelle. Le système protège ses esclaves tout en les tenant en laisse. Il sanctionne très durement l’infraction à la morale, mais, pourvu que le coupable fasse amende honorable, il laisse se rédimer les icônes dont il a besoin pour mener sa révolution.
 
Les multinationales sont l’un des vecteurs primordiaux de cette révolution morale, et elles sont indubitablement liées à la finance : mais cette finance elle-même est soumise aux injonctions de l’humanisme mondialiste, de sa politique, de son idéologie. Bref, la finance est l’une des courroies de transmission de la révolution mondialiste, le boxeur Pacquiao, Serge Aurier et John Galliano ont pu le constater à leurs dépens. Ca leur apprendra, aussi, à dire un peu moins de bêtises.
 

Pauline Mille