Voilà une école qui a tout pour elle, ultra-moderne, dotée de terrains de sports, spacieuse… et surtout « net zéro ». Elle a été achevée de construire l’an dernier et devait ouvrir à la rentrée, à Waterside, Nottingham en Angleterre en septembre 2024. Trois fois hélas, ces bâtiments on ne peut plus exemplaires, « vertueux » du point de vue de la marche forcée vers la fin des émissions carbone, n’accueilleront jamais les 30 élèves de maternelle et les 210 écoliers pour lesquels ils ont été conçus… faute d’enfants. Dans le nouveau quartier de Nottingham Waterside Trent Basin, malgré la construction récente de 350 nouvelles habitations, qui se sont vendues jusqu’à 500.000 livres (près de 600.000 euros) l’unité, il y a surtout des couples plus âgés et des « jeunes professionnels » sans enfants. Seule une poignée de résidents ont des enfants d’âge scolaire. La Greenwood Academies Trust qui devait faire fonctionner l’établissement scolaire s’est retirée. Cette histoire édifiante contient tant d’enseignements qu’on ne sait où donner de la tête.
Sa morale n’est pas totalement inédite. On pense aux réalisations les plus absurdes des pays communistes : cette usine qui ne fabriquait que des chaussures pour pied gauche en URSS, ou des immeubles sans escaliers pour accéder aux étages, ou encore les immenses villes sorties de terre en Chine où personne n’habite… Le Royaume-Uni n’est pas censé être un pays communiste, mais la planification à la mode soviétique s’y porte bien.
Quand le « net zéro » s’étend aux enfants
L’ex-future Waterside Primary Academy a également coûté très cher. On ne sait exactement quel a été son budget de construction mais, édifiée sous la surveillance et grâce aux subventions du Département de l’Education (qui vient de retirer son soutien financier), elle a bénéficié d’un projet à 3 milliards de livres lancé en 2020 par le gouvernement conservateur du moment en vue de construire 30 écoles par an en utilisant des méthodes à « bas carbone ». L’exigence aura forcément alourdi la note puisque des études préalables à cette fin ont eu lieu avant d’entamer les travaux eux-mêmes.
Le bâtiment a été livré clefs en mains – pour des enfants inexistants – avec des équipements assurant sa « durabilité » tous azimuts : des pompes à chaleur à air (pas forcément très performantes quand les températures à Nottingham sont voisines de zéro, comme ces jours-ci), des panneaux photovoltaïques et des capteurs de vent sur les toits pour assurer la ventilation. Est-il utile de préciser que l’ensemble est très laid ? On est soviétoïde ou on ne l’est pas…
Quant aux prévisions du conseil municipal relatives aux besoins de places scolaires qui ont dicté la construction de cette école fantôme, elles ont eu l’intérêt d’une évaluation au doigt mouillé réalisée par un clampin souffrant d’insensibilité aux extrémités. Nul.
Un nouveau conte de Nottingham sur une école fantôme
Plus encore, le conte exemplaire de la non-école de Waterside résume à lui seul ce dont souffrent nos pays développés occidentaux (mais pas seulement) : un lent suicide collectif, alimenté notamment par la cherté de l’habitat. Ce n’est pas pour rien que des couples déjà bien installés dans la vie, et ayant passé la fenêtre de fertilité où l’on a des enfants, ont constitué une partie de la clientèle. Les « jeunes professionnels » qui ont pu acheter une maison dans ce quartier « durable » à l’architecture déprimante ont d’autres raisons de ne pas procréer : la difficulté de vivre avec un seul salaire ou de financer l’accueil professionnel de la petite enfance, hors de prix au Royaume-Uni, ou la réticence à ajouter de nouveaux habitants sur la planète dès lors que la mauvaise conscience environnementale fait partie de leur système de valeurs – et ce doit être le cas, puisqu’ils ont opté pour la vie dans une zone « net zéro » sous tous rapports.
Dénatalité, hiver démographique, refus de la vie, tout semble s’être conjugué autour de l’école fermée avant d’avoir pu ouvrir ; aujourd’hui, on discute, entre autorités locales, promoteurs et Département de l’Education pour savoir qu’en faire.
A Nottingham, Robin des Bois prenait jadis aux riches pour donner aux pauvres. Aujourd’hui, on prend à tout le monde via les impôts… pour ne donner à personne. C’est l’aboutissement du communisme étatiste.