C’est une information du New American, d’après des documents officiels fuités rendus publics par l’organe de veille The Intercept : discrètement, l’administration Obama a étendu son programme de guerres secrètes et d’assassinats ciblés par drones en Afrique. Diverses accusations mettent en cause son utilisation de régimes autoritaires dans le continent, en même temps que l’aide à la progression des capacités militaires de l’Union africaine, en vue de mener une politique violente par personnes interposées.
Ces opérations faciliteraient notamment la création de bases de drones utilisés pour l’espionnage et les assassinats ciblés, dans une logique interventionniste qui se dispense de tout contrôle parlementaire et qui se repaît du secret.
Les guerres secrètes des Etats-Unis s’étendent à l’Afrique
Les « Drone papers » publiés en octobre par The Intercept confirment une tendance connue depuis plusieurs années. Ces documents permettent notamment d’en savoir davantage sur une base de drones semi-secrète à Djibouti, le Chabelley Airfield, jadis réservé à la Légion étrangère, non loin d’une très grosse base américaine. Chabelley a été réservé aux drones américains après que les autorités de Djibouti se sont émues d’une série de crashes de drones autour de la base de Camp Lemonnier. La petite base permet aux drones d’atteindre aussi bien le Yemen et le sud de l’Arabie Saoudite que la plus grande partie de la Somalie, de l’Ethiopie et de l’Egypte, en même temps qu’ils peuvent opérer de manière plus discrète.
Devenue « vitale » pour les opérations des Etats-Unis en Afrique du nord-est, la base leur permet de mener des opérations avec une intervention minimale du Congrès : celui-ci a simplement été sollicité en 2011 pour approuver le déménagement temporaire (« pas plus de deux ans ») des drones américains de Camp Lemonnier à Chabelley, avec un matériel « minimal ». En réalité, la base a pris beaucoup d’ampleur et plus de quatre ans plus tard, tourne à plein régime, au profit du Joint Special Operations Command, sans être pourtant répertoriée parmi la liste des bases officielles du Pentagone.
Des documents fuités accusent Obama d’utiliser des drones pour ses guerres secrètes et assassinats ciblés
Car il n’y a pas que le désastre libyen. Les Etats-Unis interviennent au Yemen, pays totalement déstabilisé où les frappes de drones d’Obama sont fréquentes, d’après The New American – sans qu’aucune guerre n’ait été déclarée – et au Niger où ils participent à la formation militaire de l’armée locale. De nouvelles opérations de ce type sont programmées au Cameroun, au Nigeria et au Tchad, selon un responsable de l’administration parlant sous couvert d’anonymat. C’est pour combattre Boko Haram, paraît-il. Sur le plan de la lutte contre l’islamisme, les exploits des Etats-Unis restent de l’ordre du vœu pieux et l’on assiste plutôt à l’entretien de l’instabilité. Quand il n’y a pas carrément des objectifs de création et de soutien de groupes islamiques contre tel ou tel dictateur.
D’autres interventions ont été réalisées ou sont en cours, notamment en Côte-d’Ivoire ou au Mali : dans ce dernier cas, c’est en réponse à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et sans rechercher l’approbation du Congrès, selon un scénario de plus en plus fréquent dans le monde.
Les Américains veulent-ils de cette politique interventionniste de leur pays en Afrique ? C’est toute la question. Et personne ne leur donne la possibilité d’y répondre.