Olafur Ragnar Grimmson : « l’Islande sort de la crise de 2008 grâce à la faillite des banques »

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Six ans après la crise de 2008, le chômage est retombé à 3,3 % en Islande (4,4 % en données corrigées des variations saisonnières), et la croissance est relancée. Une victoire pour le président Olafur Ragnar Grimsson qui accepté la faillite des banques et refusé toute politique d’austérité.
 
L’Islande de 2007 faisait l’admiration des économistes occidentaux, avec un chômage à 2,9 % et une croissance spectaculaire qui lui avait permis d’atteindre en quelques années le PIB par habitant le plus élevé du monde. Et puis la crise de 2008 a révélé la réalité : si l’Etat était géré en bon père de famille, les trois principales banques, dont la Landbanki, étaient surendettées, et la dette souveraine extérieure, détenue à quatre-vingt pour cent par les banques se montait à plus de sept fois le PIB annuel. Quand survint le krach, on pensait que l’Islande viendrait au secours des trois grandes banques (suivant le principe « too big to fail », trop gros pour faire faillite), et lancerait une politique d’austérité, comme ailleurs.
 

Olafur Ragnar Grimsson a laissé tomber les responsables de la crise de 2008

 
Mais le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson a préféré, sous la pression d’une population aux abois, laisser les banques faire faillite et les nationaliser, quitte à revoir et étaler leur dette. Naturellement les principaux créanciers, des banques anglaises et néerlandaises, ont hurlé. En 2008, le premier ministre britannique de l’époque, Gordon Brown, a même placé l’Islande sur la liste des pays terroristes pour pouvoir saisir les avoirs des filiales de la Landsbanki avant sa nationalisation. Mais Olafur Ragnar Grimsson a tenu bon. Aujourd’hui le chômage est retombé à 3,3 %, la croissance repart mieux qu’aux Etats-Unis et le pouvoir d’achat des Islandais se maintient, même si cela leur demande des horaires de travail accrus. La recette de ce petit pays de 320.000 habitants pour sortir de la crise donne un exemple à méditer. Olafur Ragnar Grimsson, qui remplit son cinquième mandat, ne mâchait pas ses mots : « Nous fûmes assez sages de ne pas suivre des dogmes qui prévalent dans le monde financier occidental depuis trente ans. Nous avons établi le contrôle des changes, laissé les banques faire faillite, aidé les pauvres, et nous nous n’avons pas décidé l’austérité comme vous voyez le faire en Europe. »
 

La faillite des banques, morale, a sauvé l’Islande

 
Et de poser la question : « Pourquoi les banques sont-elles considérées comme le Saint-Sacrement dans l’économie moderne ? Pourquoi les banques privées ne pourraient-elles pas faire faillite comme les compagnies aériennes ou les entreprises de télécommunication, si elles ont été mal gérées ? La théorie qui fait renflouer les banques signifie que l’on permet aux banquiers d’empocher leurs profits quand ils réussissent, et rejette le poids des échecs sur le dos du vulgum pecus par le biais des impôts et de l’austérité. Nos démocraties éclairées ne vont pas accepter cela très longtemps. » Démocraties éclairées : cette terminologie rappelle que l’Islande, si elle brille par son bon sens national en matière de sous, est en pointe sur les réformes sociétales ineptes, Johanna Siguroadottir, ancien premier ministre, ayant été premier homme d’Etat à contracter un « mariage » lesbien.