Le très gauchiste Oliver Stone sortira un film-documentaire sur Poutine… complaisant !

Oliver Stone Poutine film documentaire
 
Ce n’est qu’un film, mais à l’heure où le produit culturel a force de propagande, les idées qu’il véhicule sont à relever, à entendre. Le réalisateur américain Oliver Stone sortira cette année un film-documentaire sur Poutine. A charge ? Que nenni. A rebours de la doxa médiatique officielle, Oliver Stone ne compte pas du tout « assassiner » le président russe – au contraire. Il n’hésite pas, déjà, à le dire.
 
Un discours indépendant, hors système ? Ce serait trop simple… Oliver Stone est un gauchiste avéré qui n’hésite pas à se dresser contre l’Etat policier américain et sa suprématie guerrière, mais aussi un très farouche partisan du réchauffement climatique. Autant d’éléments très « globalisants » qui rentrent dans le schéma mondialiste.
 
Est-ce à dire que Poutine doit y prendre part ? C’est à considérer.
 

Poutine à l’honneur dans un prochain film-documentaire américain ?

 
Cette idée travaille Oliver Stone depuis 2014, depuis cette fois où il se rendit en Russie pour le tournage d’« Ukraine on fire » : « Je voudrais interviewer Poutine pour montrer le point de vue que les Américains refusent d’entendre », avait alors lancé le réalisateur à une agence de presse russe. Aujourd’hui, il l’a bel et bien annoncé dans le journal Sydney Morning Herald : il travaille sur un film qui lui est entièrement consacré.
 
Ce sera d’ailleurs plutôt une conversation, sous la forme de questions-réponses : le film montrera l’attitude de Poutine au cours des événements mondiaux à partir de 2000, année de sa première élection.
 
Quatre fois déjà, au cours des deux dernières années, l’équipe de tournage d’Oliver Stone est allée rencontrer le chef du Kremlin. « Je lui ai parlé à l’origine de l’affaire Snowden, qui est dans le film. Et à partir de là est née une relation de confiance, il savait que je n’allais pas tronquer ses propos ».
 

« Cela ouvre un point de vue que nous, les Américains, n’avons pas entendu » Oliver Stone

 
« Je pense que nous avons rendu justice en incluant ses commentaires dans un récit occidental, commentaires qui pourraient expliquer l’opinion de la Russie et empêcher l’incompréhension et une situation explosive, au bord de la guerre ».
 
« M. Poutine est un des dirigeants les plus importants du monde et comme les États-Unis le traitent comme leur ennemi — un grand ennemi — je crois qu’il est très important qu’on puisse entendre ce qu’il a à dire », a affirmé le réalisateur.
 
Autant de déclarations qui donnent un tout autre son de cloche que celui qui retentit dans la plupart des media américain dits « mainstream ».
 

« Depuis 10 ans, [Julian Assange] a été un phare d’intégrité et d’honnêteté »

 
Quelle est la production antérieure d’Oliver Stone ? Ses films ont toujours été réputés controversés, hors des normes officielles, de « Platoon » sur la guerre du Vietnam à « JFK », sur l’assassinat du président Kennedy, qui évoque la possibilité d’un complot.
 
Dernièrement, dans « Ukraine on Fire », il a pointé sans ambages l’implication des États-Unis et de la CIA dans la révolution de Kiev, puis dans le conflit entre les forces ukrainiennes et russes dans l’Est du pays – un sujet pour le moins polémique où il interviewa Poutine et l’ancien président ukrainien déchu, Viktor Ianoukovitch. « Je comprends pourquoi Poutine n’a pas pu lâcher la Crimée » déclarait-il en septembre 2014 au quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta…
 
Et dans « Snowden », sorti en novembre 2016, il a retracé avec sobriété l’itinéraire du lanceur d’alerte, félicitant Moscou d’avoir donné asile à l’ancien consultant de la NSA qui a révélé en 2013 l’étendue des programmes de surveillance des agences de renseignement américaines, une « erreur » monumentale de la part de l’establishment.
 
De la même façon, il soutient radicalement le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, accusé par les media d’avoir influencé les élections américaines de novembre, via des documents classés venant de Moscou. « C’est un chemin qui ne mène nulle part, à mon avis. (…) Des agences de renseignement se battent contre la Russie (…) Je pense que nous avons eu beaucoup d’informations fausses – des « fake news » comme ils disent – utilisées à des fins idéologiques politiques. (…) Le film de Snowden montre pourquoi on ne peut pas leur faire confiance ».
 
Dans un article posté par lui-même sur « Facebook », le 29 septembre 2016, on retrouve ces thèmes récurrents : la sur-militarisation américaine et ses guerres à outrance, « Hussein en Irak », « Kadhafi en Lybie, et puis Assad en Syrie »… Les véritables « fake news » véhiculées par le Times, sur le piratage russe et avalisées par tous, du FBI à la CIA, en passant par le NSA et l’administration Obama…
 
« Notre pensée est malade » déclarait-il. Il faut se défaire de cette « vision stagnante de Guerre froide d’un monde des années 50 où l’on blâme les Russes à propos de presque tout ». « Quand une pensée de groupe unique contrôle le débat national, cela devient vraiment dangereux ».
 

La fausse posture d’Oliver Stone

 
On se jetterait facilement sur l’analyse très séduisante d’Oliver Stone, à rebours de la doxa « mainstream », à rebours de la politique extérieure américaine affichée et de sa manière très orwelienne de gouverner ses propres sujets… La posture de dénonciation, de retour au réel, est (apparemment) saine.
 
Comme l’écrivait un journaliste de La Croix en juin dernier : « Oliver Stone n’en finit plus de déranger ; (…) s’afficher ainsi avec le leader russe ne risque pas de le réconcilier avec l’establishment ».
 
Certes. Du moins avec cet establishment précis, dont il assassine effectivement les méthodes et les programmes. Il en est peut-être un autre, beaucoup moins « évident », avec lequel, en revanche, il est parfaitement en règle et auquel Poutine ne serait donc pas si étranger, vu sa quasi empathie.
 

Les nouveaux objectifs : globalisme et mondialisme

 
Oliver Stone a d’autres accointances, celles-là, globalistes et mondialistes. Si certains de ses chevaux de batailles sont heureux, ils rentrent dans un programme de dénonciation qui promeut d’autres objectifs : ses produits de remplacement ne sont pas les nôtres.
 
« Il existe une alternative au monde contrôlé par les États-Unis » écrivait-il dans Facebook. Rappelons-nous qu’en 2015, il s’est rendu en personne à la Conférence mondiale sur le climat en 2015, rejoignant des personnalités très engagées comme Sean Penn ou Leonardo Dicaprio…
 
Lorsqu’on lui avait posé la question de son choix politique, de Clinton ou de Trump, il avait répondu : « Ni l’un ni l’autre des candidats ne disent que les États-Unis sont un état policier, que nous devons réduire le nombre de guerres auxquelles l’Amérique est impliquée ou que nous devons nous concentrer sur les problèmes du changement climatique », avait-il déclaré.
 
Les objectifs du « soft power » mondialiste (pourtant totalitaire) sont parfaitement résumés. Oliver Stone cite d’ailleurs le Dalai Lama, l’icône de la révolution mondialiste. Casserait-on le moule de l’ancien monde, quand on en fabrique un nouveau, axé sur les faux impératifs du climat et de tout ce qui en découle, réduction des inégalités, paix imposée… ?
 
Il semble bien que le réalisateur veuille le montrer. Comme il semble bien que Poutine fasse partie du projet – l’animosité politique officielle envers la Russie poutinienne va cesser d’être une vitrine et un moyen. Les cartes sont en train d’être rebattues. Il est d’ailleurs instructif de voir le traitement qu’en font l’agence russe Sputnik ou encore RT : elles ne voient rien d’autre en Oliver Stone que celui qui fait justice à leur chef.
 

Clémentine Jallais