« Ombres de vérité » : le film qui réhabilite Pie XII

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On était plutôt habitué à un autre discours. Depuis la pièce de théâtre communiste de 1963, Le Vicaire, jusqu’au récent film Amen de Costa-Gavras, c’était Pie XII, le Pape d’Hitler, celui qui a fermé les yeux sur le massacre des Juifs… Lundi, 2 mars, jour anniversaire de la naissance d’Eugenio Pacelli, mais aussi de son élection au trône de Saint Pierre sous le nom de Pie XII en 1939, a été présenté en avant-première mondiale à Rome, « Ombres de vérité », un film d’enquête qui réhabilite totalement la mémoire du pape de la seconde Guerre Mondiale, dans son rôle face à la Shoah.
 

« Ombres de vérité » : le film

 
Le long-métrage a été réalisé sur la base de témoignages inédits de juifs sauvés par Pie XII et de dizaines de milliers de documents. Son objectif : mettre définitivement à mal le lot commun de calomnies, devenues vraies à force d’être répétées…
 
Le rôle principal est tenu par un journaliste italo-américain d’origine juive qui réalise son enquête personnelle, avec l’aide d’un ami prêtre. Peu à peu, documents après entretiens, sa détestation originelle se meut en admiration muette. L’histoire d’Israël Zolli, grand rabbin de Rome pendant l’occupation nazie qui se fit baptiser à la fin de la guerre sous le nom d’Eugenio, y tient une place importante.
 
Pour la réalisatrice Liana Marabina, tout est clair : « Ce pape a été le Schindler du Vatican ».
 
La critique massive est née du fait que, si Pie XII avait clairement condamné les horreurs de la guerre, il avait toujours évité de s’attaquer directement à Hitler. Mais qui le faisait, qui n’était pas déjà une victime ou à l’abri de sa revanche ?! Ce fut pour ne pas entraîner d’encore plus lourdes répercussions sur les populations que le pape a ainsi diplomatiquement agi. Ce qui ne l’a pas empêché d’œuvrer – et ô combien – pour les Juifs.
 

A la gloire de Pie XII

 
Sa politique d’actions secrètes a contribué à sauver en Italie et dans le monde entier des centaines et des centaines de milliers de juifs – plus de 800.000, dont 200.000 rien qu’en France. Les exemples sont légion, des bateaux affrétés par le Vatican aux faux certificats de baptême. Et les témoignages innombrables. Survivant de l’Holocauste, le grand rabbin du Danemark a, lui, expliqué que « si le Pape avait été plus explicite, Hitler aurait sans doute massacré beaucoup plus que six millions de juifs, et peut-être dix millions de catholiques ».
 
Cette vérité est historique. Et beaucoup la connaissent depuis la guerre. Mais les accusateurs ont la dent dure. Même aujourd’hui, au sein de la communauté juive italienne, des voix se sont élevées pour réfuter la thèse du film et accuser « le cinéma catholique de produire une nouvelle fiction pour réécrire l’histoire »… Gageons que ce film les étouffera définitivement.
 
Il sera sur les écrans à partir du mois d’avril dans une dizaine de pays, dont l’Italie, la France et la Belgique. Et sera présenté hors compétition au Festival de Cannes, au mois de mai.