Coup de déprime à l’Organisation mondiale du commerce, l’OMC. « Le plus important, c’est que le système reste solide, voire devienne plus solide encore », a déclaré son directeur général, le Brésilien Roberto Azevedo, mardi aux représentants des pays du Commonwealth. Le patron de cet organisme-clé de la gouvernance globale et mercantile, fondé en 1994 aux Nations unies, était en colère face au nombre record, depuis 16 ans, de contentieux commerciaux. Et il en a profité pour prôner une augmentation des pouvoirs de cette autorité arbitrale supranationale mise à mal par le bilatéralisme de Donald Trump.
Les membres de l’OMC, dirigée par Roberto Azevedo, lui ont cédé une part de leur souveraineté
L’OMC, basée à Genève, arbitre les contentieux commerciaux entre les nations qui en font partie et lui ont cédé une part de leur souveraineté. Pour la seule année 2018, on compte déjà trente sujets contentieux traités par l’organisation, « mettant plus de pression sur le système de résolution qui est menacé de ce fait dans son existence même », a larmoyé Roberto Azevedo devant la conférence, exigeant sous ce prétexte une augmentation de ses compétences. La majorité des dossiers est liée à la hausse des droits de douane imposés par le gouvernement de Donald Trump, qui réplique ainsi aux dumpings et protectionnismes cachés des concurrents commerciaux des Etats-Unis, Chine, Canada, Europe par exemple. Sont concernés en particulier l’acier et l’aluminium.
Opérant un syllogisme parfaitement opportuniste, Azevedo a jugé que cette augmentation était finalement positive pour l’OMC car cela signifierait que les pays se retournent de plus en plus vers elle pour trancher. Il accable bien entendu les Etats-Unis qu’il accuse de bloquer une augmentation du nombre de pays membres de la Cour d’appel de l’OMC, « un défi essentiel » selon Azevedo qui déplore un « risque systémique » et appelle à un « engagement total de toutes les parties pour résoudre le problème ».
Robert Azevedo redoute une guerre commerciale, comme si elle n’avait pas commencé depuis longtemps
Malgré les pouvoirs de l’OMC, Roberto Azevedo redoute que l’augmentation du nombre de contentieux n’entraîne une « guerre commerciale », voire une mise en cause de l’OMC. La notion de guerre commerciale à venir ne manque pas de sel quand on sait la stratégie occulte et dévastatrice menée en la matière par le régime communiste chinois, avec la complicité passive de l’Occident, qui est parvenu à dévaster une large partie de l’industrie occidentale par son dumping massif et le verrouillage hypocrite de son marché.
Mais Roberto Azevedo n’en démord pas. « Que vous l’appeliez guerre commerciale ou pas, il est clair que les premiers coups ont été tirés », a-t-il prétendu, visant directement l’ennemi affiché du multilatéralisme et de la gouvernance globale, Donald Trump. « Une escalade aurait un impact économique majeur, a ajouté Azevedo, menaçant l’emploi et la croissance dans toutes les économies ». Les chômeurs français des déserts industriels hexagonaux ravagés depuis les années 1970 saisiront son sens de l’humour.
Un renforcement de l’OMC ne peut se faire qu’aux dépens des Etats
Evidemment, un renforcement de l’OMC ne peut se faire qu’aux dépens des Etats, singulièrement du plus puissant d’entre eux encore à ce jour, les Etats-Unis. Or la constitution américaine stipule que « tous pouvoirs pour réguler le commerce avec les autres nations » sont confiés au Congrès, et pas à l’OMC. Avant de céder des compétences à l’organisme genevois, le Congrès des Etats-Unis en avait déjà confiées à la présidence au temps de Franklin Roosevelt, avec la « procédure accélérée ». Une fois la négociation achevée sous l’égide de l’exécutif, le législatif ne peut plus qu’avaliser, sous peine de faire capoter tout le processus.
Avec la création des Nations unies en 1945, le processus de dessaisissement du législatif national en matière commerciale s’est aggravé, particulièrement avec la création de l’OMC supranationale. Si la tentative de création d’une Organisation du commerce international (OCI) échoua, la création du GATT (Accord international sur les droits de douane et le commerce) en 1947 avait constitué une alternative dessaisissant un peu plus le Congrès des Etats-Unis. L’OMC lui succéda en 1994.
Le CFR accuse Trump d’avoir tué l’OMC à lui seul avec l’arme du bilatéralisme
L’organe des globalistes du CFR (Council on Foreign relations), Foreign Affairs, déplorait récemment que le président Donald Trump ait tué « à lui seul » l’OMC. En fait, le président américain a simplement affaibli l’organisme supranational, qui est loin d’être mort. Dennis Shea, ambassadeur de Trump près l’OMC a encore assuré que les Etats-Unis souhaitaient en fait un organisme « renforcé ».
Un vote récent du Congrès américain illustre à lui seul la façon dont l’OMC affecte la vie des citoyens. Après que l’OMC eut stipulé que les Etats-Unis violaient ses règles en exigeant que les importations de viande aient un label d’origine identique à celui exigé pour les vêtements, le Congrès a obtempéré en annulant sa propre loi. En d’autres termes, il renonçait à sa souveraineté sur la question. Or si les citoyens américains peuvent sans nul doute vivre sans connaître l’origine de la viande qu’ils consomment, cette interdiction est plus que troublante. D’une part elle les empêche d’accéder à une donnée essentielle à sa qualité et d’autre part elle illustre le dessaisissement du peuple face aux décisions le concernant.
Pour Steve Byas, sur Thenewamerican, la solution n’est évidemment pas de renforcer l’OMC, organe non élu aux mains de 640 bureaucrates globalistes libéraux-socialistes, mais au contraire « que les Etats-Unis s’en retirent et négocie les accords commerciaux avec leurs partenaires sur une base bilatérale plutôt que dans un cadre multilatéral », lequel détruit morceaux par morceaux les souverainetés nationales.