C’est une histoire édifiante qui se termine en eau de boudin syncrétiste. « Don Justo » Gallego Martinez, né en 1925 à Mejorada del Campo près de Madrid, voulait devenir moine, mais dut y renoncer, frappé par une tuberculose générale. Néanmoins soigné dans un couvent et guéri au bout de huit ans, il entreprit de bâtir une grande église en remerciement à la Sainte Vierge, pendant soixante ans, de 1961 à sa mort en 2021. Sorte de Facteur Cheval catholique, il a ainsi élevé Notre Dame du Pilar à Mejorada del Campo, longue de 50 mètres et culminant à 30 de hauteur. Hélas, juste avant de passer, il en fait don non pas à l’Eglise, mais à l’association des Messagers de la Paix, fondée en 1962 par le père Ángel García Rodríguez et le père Ángel Silva. Ceux-ci ont malheureusement une conception de la paix plus politique que catholique et… ont divisé le baptistère original en deux parties : une moitié dédiée à la prière musulmane et l’autre à un oratoire multiconfessionnel. L’espace de prière musulman comprend un Coran, une photographie d’une madrasa sur le mur, une sculpture de papillon au plafond et un panneau demandant aux visiteurs de se déchausser avant d’entrer. Les riverains du lieu sont scandalisés. « Justo se retournerait dans sa tombe » et « c’est un manque de respect envers un homme qui a donné sa vie pour sa foi ». Mais l’ONG, gestionnaire légal, affirme que l’église n’a pas été consacrée et souhaite qu’elle serve de centre social et de « lieu de rencontre pour toutes les religions ». Elle affirme n’avoir reçu aucune plainte officielle et souligne sa collaboration avec des organisations catholiques telles que Caritas. Cet espace multiconfessionnel, inauguré en 2023, comprend également des espaces dédiés aux autres confessions, notamment juives et évangéliques. Rome, l’évêque de Madrid, ni la conférence des évêques d’Espagne n’ont semble-t-il pas protesté.