Viktor Orban rassure Vladimir Poutine sur les sanctions européennes

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Vladimir Poutine et le premier ministre hongrois Viktor Orban à Moscou le 17 février 2016.

 
Le président russe Vladimir Poutine recevait ce mercredi à Moscou le premier ministre hongrois Viktor Orban, qui est très nettement l’un de ses plus proches alliés au sein de l’Union européenne. Le chef du gouvernement hongrois l’a d’ailleurs clairement manifesté en cherchant à rassurer son hôte sur la question des sanctions européennes. Alors qu’elles viennent d’être prolongées par Bruxelles en décembre dernier, Viktor Orban a estimé que le temps de ces prolongations automatiques était passé…
 
Le premier ministre hongrois a précisé que la raison pour laquelle ces sanctions ne seraient plus renouvelées automatiquement était que « de plus en plus de pays pensent qu’il faut avoir un débat ouvert sur ce que nous devons faire de ces sanctions », autrement dit qu’ils « ont commencé à comprendre que nous avions besoin de coopérer ».
 

Viktor Orban veut rassurer Vladimir Poutine

 
Viktor Orban s’avance sans doute un peu vite en s’exprimant, en quelque sorte, comme le porte-parole de l’Union européenne. Mais il faut bien noter que plusieurs responsables européens, dont le ministre français de l’Economie Emmanuel Macron, ont appelé à une levée rapide des sanctions européennes, à la condition expresse que les accords de Minsk pour le règlement du conflit dans l’est de l’Ukraine soient respectés.
 
Ce n’est pas tant d’ailleurs la question des accords, que la réciprocité des sanctions qui finissent par atteindre également l’économie des Etats-membres de l’Union.
 
Sur ce point, Vladimir Poutine jouait sur du velours, même si les sanctions économiques frappent également durement son pays. Il a répondu en affirmant qu’il était insensé de lier la levée des sanctions au respect des accords de Minsk, puisque, explique-t-il, que c’est à Kiev de s’entendre avec les rebelles séparatistes de l’est de l’Ukraine pour la mise en œuvre desdits accords. « La balle n’est pas dans le camp russe », a insisté Vladimir Poutine, à la limite de la mauvaise foi.
 

Sanctions européennes… et russes

 
Se montrant bon prince, Vladimir Poutine a tout de même voulu dire son assurance de voir les relations avec l’Union européennes normalisées – « tôt ou tard ». Il est vrai qu’il ne pouvait faire moins vis-à-vis de Viktor Orban dont le pays souffre particulièrement des sanctions réciproques adoptées par Bruxelles et Moscou. En deux ans, en effet, ses exportations vers la Russie ont chuté de 50 % !
 
Les deux hommes ont abordé également d’autres sujets, et notamment la question de la crise migratoire à laquelle Budapest est directement confrontée, et sur laquelle ils ont une certaine convergence de pensée.
 
Pour Vladimir Poutine, la solution passe d’abord par la destruction du terrorisme. « Pour résoudre la crise des migrants en Europe, il faut s’attaquer aux origines du problème. Nous devons rétablir dans les pays d’où viennent ces réfugiés, un Etat, une économie, une sphère sociale, pour que ces gens puissent vivre dans leur propre pays et y retourner. Nous devons créer toutes les conditions nécessaires, et cela signifie avant tout d’annihiler le terrorisme », a souligné le président russe.
 
Sa vision n’est pas fausse. Et elle correspond assez précisément au constat dressé par un certain nombre de responsables européens. Elle a néanmoins le gros défaut de justifier sa politique actuelle en Syrie, et d’être donc battue en brèche par les Occidentaux, et particulièrement par les Américains, qui ne sauraient admettre une solution politique qui provoquerait une baisse de leur influence dans ces régions. Et tant pis pour les conséquences…
 

François le Luc