Dans une importante mise à jour publiée par le vaticaniste Edward Pentin dans le New Catholic Register, on découvre de nouveaux éléments sur la démission du Grand Maître de l’Ordre de Malte, Fra Matthew Festing, et une intéressante précision sur une mise en cause du cardinal Burke exigée, semble-t-il, par le pape François.
Pentin s’exprime à partir d’informations obtenues et qui, vu le sérieux du journaliste, semblent dignes de foi. Son article révèle notamment la lettre du cardinal Piero Parolin aux membres du Conseil souverain de l’Ordre, document qui confirme que « le Saint-Père, sur le fondement des éléments mis au jour à travers l’information qu’il a recueillie, a décidé que tous les actes posés par le Grand Maître après le 6 décembre 2016 sont nuls et non avenus. Il en va de même pour ceux du Conseil souverain, telle l’élection du Grand chancelier ad interim. »
Certains membres de l’Ordre de Malte observent que si c’est le cas, sa démission devrait être frappée de la même nullité…
L’affaire de l’Ordre de Malte a-t-elle pour objectif la mise en cause du cardinal Burke ?
Parmi ces actes, il y a tout d’abord la destitution du Grand Chancelier Albrecht von Boeselager, renvoyé le 6 décembre dernier après qu’il eut refusé de démissionner dans le cadre d’accusations à propos de distribution de préservatifs et de contraceptifs oraux sous son autorité en tant que responsable des Malteser, distributions qui conditionnaient semble-t-il la coopération de l’œuvre avec d’autres organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux d’aide aux plus pauvres.
Le remplacement de Von Boeselager par Fra John Critien à titre provisoire tombe logiquement sous le coup de la même « annulation » pontificale.
La lettre précise et confirme que le pape, ayant nommé un Grand Maître provisoire en la personne du Grand Commandeur Ludwig Hoffmann von Rumerstein, entend le remplacer prochainement par « un délégué personnel dont les pouvoirs seront précisés dans l’acte de nomination ».
La démission de Festing obtenue sous pression ?
Edward Pentin nous apprend que Matthew Festing a été convoqué au Vatican le 24 janvier en se voyant enjoindre de ne parler à personne de cette audience, une pratique qui semble être fréquente dans le cadre du pontificat de François. C’est lors de cette audience que le pape François a demandé à Festing de démissionner immédiatement, en l’enjoignant d’écrire sa lettre de démission sur-le-champ, selon des « sources informées ».
Ces mêmes sources citées par Pentin indiquent que le pape avait justifié sa demande en invoquant sa conviction qu’il devait réaliser « une nouvelle enquête complète » à propos de l’Ordre, cette enquête pouvant « se mener plus facilement » si le Grand Maître démissionnait.
« Sous l’influence du cardinal Burke »…
Selon les sources citées par le Register, le pape a alors demandé à Fra Festing de faire figurer dans sa lettre de démission le fait que le Grand Maître avait demandé le renvoi de Boeselager « sous l’influence » du cardinal Raymond Burke, Cardinal patron de l’Ordre. Le nœud de l’affaire ?
Il faut préciser que le Cardinal patron à un simple rôle de conseil, et aucun pouvoir de gouvernance, une décision de renvoi comme celle prise à l’encontre du Grand chancelier étant de la seule responsabilité du Grand maître.
Si cette mise en cause du cardinal Burke par le biais d’une manipulation lors de la démission de Fra Fesrting est avérée, ce sont de nombreuses et nouvelles questions qui vont se poser de manière plus pressante.
La démission exigée dans l’heure, sans possibilité de réflexion, est un premier élément qui pose problème. Et notamment des problèmes de validité sur lesquels certains membres de l’Ordre s’interrogent actuellement. On peut parler de démission obtenue sous la pression.
Spéculations autour de l’affaire de l’Ordre de Malte
La référence explicite au cardinal Burke dans la lettre de démission n’a pas de sens si elle n’a pas pour objectif de l’impliquer fortement dans le dossier d’enquête, chose qui pourrait s’inscrire dans une volonté de vengeance, de mise au pas, de mise hors d’état de « nuire »… N’est-il pas le chef de file de la résistance aux nouveautés introduites par Amoris laetitia ?
L’intrigue se complique encore du fait que le pape lui-même a encouragé Burke à agir dans l’affaire Von Boeselager. Etait-ce une peau de banane glissée devant le courageux cardinal ? Sa curieuse nomination comme Cardinal patron de l’Ordre de Malte, après avoir était écarté du tribunal de la Signature apostolique où il pouvait gêner la mise en œuvre des innovations canoniques concernant les nullités de mariage et celle d’Amoris laetitia a-t-elle déjà été faite avec cet objectif en tête ? Ces deux derniers points sont évidemment de l’ordre de la simple spéculation. Mais l’affaire est suffisamment mystérieuse pour que l’on cherche des réponses.
Samedi, le Conseil souverain de l’ordre de Malte se réunira pour se prononcer sur la démission présentée par Matthew Festing.