La multiplication et la dimension des exercices militaires de l’OTAN et de la Russie augmentent les risques de guerre, selon “ELN”

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Le think-tank European Leadership Network (ELN) vient d’avertir dans un rapport publié mercredi que le nombre et l’importance des exercices militaires de l’OTAN et de la Russie contribuent à un climat de « défiance » entre les deux grands blocs. La multiplication et la dimension de ces manœuvres, avec deux exercices particulièrement spectaculaires de part et d’autre cette année, laissent penser que « la Russie se prépare à un conflit avec l’OTAN, et l’OTAN se prépare à une possible confrontation avec la Russie », pensent savoir les analystes de l’ELN. Les « risques de guerre » en sont augmentés, affirment-ils.
 
Selon Ian Kearns, directeur de l’ELN, ces exercices sont de nature à « alimenter l’incertitude » et ils augmentent le risque de « rencontres militaires dangereuses ».
 
L’OTAN s’est aussitôt défendue par la voix de son porte-parole Carmen Romero en assurant que les exercices de l’organisation ne rendent pas la guerre plus probable : « Ils ont un but inverse : améliorer la sécurité et la stabilité en Europe pour répondre à des agressions russes à la hausse. » Elle a précisé que le ministère de la Défense russe a annoncé plus de 4.000 exercices cette année, soit 10 fois plus que l’OTAN qui rassemble 28 pays membres.
 

L’OTAN et la Russie en risque de guerre, selon le European Leadership Network (ELN)

 
L’ELN elle-même souligne que la Russie a mobilisé 80.000 hommes pour son plus gros exercice en mars, contre 15.000 personnes qui ont participé aux exercices « Allied Shield » en juin, côté OTAN. La Russie, argue de son besoin d’« entraîner » ses hommes.
 
Les lieux où se déploient ces exercices donnent une indication quant à la préoccupation des deux bords : l’OTAN semble vouloir privilégier ses territoires les plus vulnérables, la Pologne et les Etats Baltes, tandis que la Russie se concentre sur l’Arctique, la Crimée, l’Estonie et la Lettonie – face à un adversaire hypothétique qui ne peut être que l’OTAN, affirme ELN.
 
Le rapport ELN y voit le signe d’une tension sans précédent depuis la fin de la Guerre Froide, alimentée par la crise ukrainienne.
 
Il pointe le danger constitué par les risques de confrontation immédiate liés à des incidents évités de justesse lors des exercices. Il cite entre autres des exercices russes de sous-marins au large de l’Ecosse au moment même où des sous-marins nucléaires britanniques quittaient leur base à Faslane, des décollages d’urgence du côté de l’OTAN pour intercepter des chasseurs et bombardiers russes ; la désorganisation du trafic aérien civil irlandais par la présence de bombardiers stratégiques russes ; la publication de rapports non confirmés (et par la suite démentis par Moscou) selon lesquels un bombardier russe volant au-dessus de l’Atlantique était porteur d’une ogive nucléaire.
 

La multiplication et la dimension des exercices militaires augmentent les risques d’incidents

 
Il suffit de peu, affirme Kearns, pour que de tels incidents ne provoquent des situations dangereuses. L’ELN recommande à tous les gouvernements concernés de limiter désormais les risques en réduisant la taille des exercices et en rendant leurs scénarios plus modestes. « L’histoire est remplie d’exemples de leaders qui pensent pouvoir garder le contrôle des événements, mais les événements ont l’habitude d’acquérir un élan et une dynamique qui leur sont propres », assure-t-il.
 
En attendant, même si le rapport pointe l’inquiétude grandissante, côté OTAN, due à l’annexion de la Crimée par la Russie et à ses manœuvres en Ukraine sous couvert d’activité « rebelle », le bilan réel de cette histoire est qu’il ne s’est rien passé sur le plan militaire entre les supposés blocs adverses.
 
Comme au temps de la Guerre Froide, outre des crises ponctuelles et localisées, il n’y a pas de conflagration et au contraire, les acteurs de part et d’autre se retrouvent par ailleurs dans les négociations commerciales certes ternies, en l’occurrence, par les sanctions imposées à la Russie.
 
Cela ne veut pas dire que la confrontation est impossible. Mais cela rend la prospective incertaine et exige que l’on tienne compte de l’intégralité du scénario : les oppositions sur un plan n’empêchent pas l’entente et le rapprochement sur d’autres. On a connu cela avec l’opposition apparente entre grand capital et communisme : ils s’entendaient pourtant fort bien au niveau de l’avancée vers le mondialisme.
 

Anne Dolhein