Ouija est un titre explicite. Un ouija est en effet une planche qui sert à tous les amateurs, sans aucune initiation particulière, à pratiquer le spiritisme. Scandaleusement, cet outil est d’ailleurs en vente publique dans les rayons des jouets des supermarchés aux Etats-Unis, chose que rappelle le film. On ne doutera certes pas que dans la grande majorité des cas, les adolescents, voire les enfants, qui jouent avec un ouija, ne communiquent, fort heureusement, avec rien de préternaturels et se font simplement peur entre eux par excitation mutuelle.
Pourtant parfois, et trop souvent, des amateurs peuvent entrer en contact avec des esprits peu sympathiques et qu’il est après pour le moins difficile de renvoyer. C’est ici le sujet. Ouija, en respectant avec intelligence tous les codes du film d’horreur, et qui ne s’adresse donc qu’à un public averti, a valeur de quasi-documentaire, et bien plus encore que la trop fameuse série de films « Paranormal Activity ». Tout sonne juste. Le scénario, d’une certaine complexité sans dérouter, est bien construit. Les jeunes acteurs se livrent à des interprétations simples, convaincantes de naturel. Les pseudo-solutions des apprentis spirites rapidement fort ennuyés, ne débouchent sur rien, voire aggravent la situation. Les esprits mauvais sont toutefois rarement tueurs, concession majeure ici au genre, mais néanmoins fort capables d’une forme de harcèlement, chose très bien rendue.
Ouija : en creux, une apologétique efficace
Ces adolescents américains ne sont pas antipathiques mais simplement irresponsables et dépourvus de toute conviction religieuse. Ils ne prient jamais ce qui, combiné à leurs séances spirites, peut en effet conduire aux pires situations. Ils se font manipuler par les esprits mauvais, qui savent, eux, très bien où ils veulent en venir. Ouija livre donc une efficace apologétique en creux, mettant en images l’homme sans Dieu livré aux forces du Mal et assez remarquable à ce titre. Les parents d’adolescents, avec préparation et discernement, pourraient se servir de ce film pour avertir des dangers de jouer avec les esprits et sur la nécessité d’observer le premier et le plus grand des commandements : « Tu n’adoreras qu’un seul Dieu ».