Son film, c’est I, Daniel Blake. Une dénonciation engagée de l’État providence britannique toujours aussi envahissant mais de moins en moins généreux en aides sociales. Ken Loach a su trouver le sujet qui assure la réussite, et ce n’est pas étonnant s’il vient de se voir remettre la Palme d’Or à Cannes. Le jury a récompensé un film politique, réalisé par un homme qui vante le système de subventions publiques au cinéma ; par un chéri du show-biz, un personnage adulé au sein de la très lucrative industrie cinématographique. Le système qu’il dénonce, il en fait partie, et c’est sans aucun doute ce qui explique les zones d’ombre de sa charge contre la misère et la tyrannie ubuesque qui a cours dans tant de pays d’Europe.
Ken Loach dénonce le socialisme pour en réclamer davantage
Dans Moi, Daniel Blake, Ken Loach campe la vie compliquée d’un menuisier charpentier, un veuf de 59 ans victime d’une crise cardiaque qui a failli lui coûter la vie. Pour obtenir le minimum vital, il va devoir passer sous les fourches caudines d’un système social revu à la baisse pour cause d’« austérité ». Comme il n’est pas totalement impotent, on le juge apte à travailler. Et le voilà engagé dans un parcours kafkaïen qui l’obligera malgré son handicap à apporter la preuve quotidienne de sa recherche d’emploi sous peine de se voir couper les allocations de chômage. Au fil du temps, il se lie avec une chômeuse de 28 ans, deux enfants à charge, contrainte de quitter Londres pour un logement moins cher dans une région qu’elle ne connaît pas.
Loach veut montrer que dans un système ultralibéral c’est l’inhumanité qui prend le dessus, doublée d’une recherche à tout crin de l’économie de bout de chandelle pour dégoûter ceux qui auraient droit à une aide publique de la rechercher. Au risque de tuer au passage : au Royaume-Uni, une polémique a éclaté alors que la mortalité a subitement explosé chez des chômeurs déclarés aptes au travail alors qu’ils ne rentraient plus dans les cases modifiées de l’assurance maladie.
Nul doute que cette réalité est en effet vécue par beaucoup. Et que d’autres profitent malgré tout toujours du système.
La Palme d’Or récompense Ken Loach, un produit du système qu’il dénonce
Mais ce qui est à noter, c’est qu’un Ken Loach puisse obtenir honneurs, récompenses, et fortes compensations financières évidemment, en passant totalement à côté des causes de cette situation faites à des braves gens qui souffrent. Sans doute, d’ailleurs, ceci explique-t-il cela.
Ce n’est certes pas en dénonçant l’ouverture des frontières, le poids du chômage induit par les délocalisations où la concurrence déloyale sur place, le coût de l’accueil d’une immigration démesurée, que Ken Loach aurait obtenu sa Palme d’Or. Ce n’est pas non plus en dénonçant un système étatiste où tout est géré, contrôlé, froidement réglementé par les pouvoirs publics au moyen d’une « charité » obligatoire et exceptionnellement onéreuse, que le réalisateur se serait vu récompenser à Cannes.
La paupérisation socialiste et ses vraies causes
Nommer les vraies causes de la paupérisation en Etat socialiste, où tout est fascistement pris en main par une autorité éloignée du terrain et soucieuse de son propre pouvoir, idéologiquement acquise au refus de toute préférence nationale au nom de l’internationalisme, c’est décidément minimiser ses chances de succès.
Et ainsi un Ken Loach, dans son monde virtuel, payé par ceux qu’il ne dénonce qu’à la surface, peut à l’aise réclamer un monde encore plus socialisé, et qui sera inévitablement encore plus kafkaïen.