Pannes en cascade et pagaille monstre à Paris, à la gare Montparnasse et dans le métro. Elles illustrent le choc entre la chute de notre niveau technique vers le tiers monde et l’hypermodernité pleurnicheuse d’usagers pour qui le moindre contretemps devient catastrophe.
C’est un ouragan dans une tasse à Moka. Pendant près de deux heures hier soir à Paris la ligne de métro numéro 1, Château de Vincennes la Défense, a été bloquée. Huit rames ont dû être évacuées. Une d’entre elle était tombée en panne entre les stations Saint Paul et Bastille. Il n’y a eu aucun blessé et le trafic a été rétabli ce matin. Tels sont les faits. Les commentaires relevés sur Twitter, eux, pourraient accompagner la fin du monde. On parle de honte et même d’inacceptable. Des enfants ont pleuré. Une femme a fait une crise d’hystérie. Les agents de la RATP ont parfois tardé à venir aider les usagers à sortir de certaines rames arrêtées entre deux stations. La chaleur était « atroce » dans les rames et les tunnels, « sans mentir 60 degrés ». Le citoyen des grandes villes, façonné par l’hypermodernité, déteste « être abandonné à (lui)-même ». Il attend que l’Etat, ou le système, gère toute crise à la minute et lui évite tout désagrément en permanence.
Pendant les pannes, la gare Montparnasse prépare l’hypermodernité
La SNCF l’a bien compris, qui jette sur les quais des grappes d’assistants de vie et d’orientation vêtus de gilets rouges ou bleus à chaque grand départ. Ça n’a pas empêché la fatigue, l’exaspération et la panique du public de monter en mayonnaise pendant la gigantesque panne qui a frappé la gare Montparnasse vendredi dernier. A l’origine de ce typhon dans un tube de shot, un incendie dans une station d’alimentation électrique du gestionnaire du réseau à haute tension RTE à Issy les Moulineaux. Plus d’électricité. Les trains s’arrêtent, affolement, désordre, récriminations de l’homo hypermodernicus. Plus d’électricité, il faudra vérifier toutes les rames, avec la maintenance au ralenti, la moitié des rames immobilisées encore lundi, et pas de retour à la normale avant vendredi. On nous explique que c’est normal, que RTE fait au mieux, que les milliers de tonnes d’eau lancées par les pompiers ne font pas bon ménage avec des câbles où passe un courant à 63.000 volts.
Paris c’est le tiers monde malgré et dans le métro
Moi, je veux bien. Je n’ai jamais été prem’s en physique. Mais j’aimerais quand même qu’on m’explique si lesdits câbles étaient isolés ou non. Sinon, je m’inquiète un peu. Il semble que la SNCF et sa filiale RTE qui, hypermodernité oblige, dépensent beaucoup dans la communication et les barrista, sont un peu ladres lorsqu’il s’agit de technique et de sécurité. Les pannes d’avant, à la gare Montparnasse, qui avaient déjà désorganisé tout le réseau, étaient dues nous a-t-on dit à des travaux d’amélioration. De même la surcharge du métro sur la ligne 1 découle-t-elle des travaux sur le RER, qui engagent les voyageurs à se déporter sur le métro. J’ai l’impression que les crânes d’œuf du transport à Paris, qui travaillent à préparer le vingt-deuxième siècle, peinent à assurer le trafic et l’entretien d’aujourd’hui. Il y a, dit-on à RTE, très peu de gens capables de souder des câbles à haute tension, c’est pourquoi les travaux sont si longs. Tel est le problème : malgré nos prétentions à l’excellence, nous ne conservons pas notre personnel compétent. Comme si Paris et la France vivaient la tête dans l’hypermodernité mais les pieds dans la fange du tiers monde.