Le pape François reçoit les luthériens d’Allemagne et salue leur héritage théologique et spirituel

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« Sachons, dans une commune écoute de l’Esprit, dans une diversité désormais réconciliée, apprécier les dons spirituels et théologiques que nous avons reçus de la Réforme » : jamais le pape François n’était allé aussi loin dans le gommage des différences entre le catholicisme et la confession protestante issue de la rupture initiée par Luther, qui allait couper des centaines de millions de chrétiens de la source vivifiante de la vraie et unique Eglise du Christ. Il a fait cette déclaration lors de son discours à une délégation de l’Eglise évangélique allemande, autrement dit l’Eglise luthérienne, lundi matin.
 

Le pape François et sa garde rapprochée

 
La délégation était accompagnée par le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, membre du groupe rapproché du pape François pour la réforme de la Curie et chaud partisan de toutes les nouveautés qui vont finir par rapprocher – du moins en apparence – l’Eglise catholique à la fois des Orthodoxes, par une nouvelle attitude à l’égard des divorcés remariés, et des protestants, au détriment du dépôt de la foi.
 
Les célébrations du 500e anniversaire de la révolte de Luther – événement tragique pour l’Eglise et atteinte délibérée à l’unité de l’Eglise voulue par Notre Seigneur – se poursuivent ainsi dans une manière de minimiser certains des obstacles qui empêchent un rapprochement dans la vérité.
 

L’héritage théologique et spirituel des luthériens, un don pour l’Eglise ?

 
La question de l’intercommunion – la possibilité pour les luthériens, ou en tout cas ceux mariés avec des catholiques, de communier dans l’Eglise catholique – a été de nouveau soulevée. L’« évêque » luthérien Heinrich Bedform-Strohm, président du conseil de l’Eglise évangélique, a ainsi déclaré au pape François : « C’est parfois une réalité douloureuse au sein des familles : des couples qui ont en commun enfants, petits-enfants et amis sont divisés à la table du Seigneur. »
 
Plainte cohérente si l’on considère la « sainte Cène » comme un événement mémoriel et un repas partagé, mais elle ne tient aucun compte de la réalité de ce qui divise catholiques et luthériens : tout ce qui sépare le Saint Sacrifice et la présence réelle du Fils de Dieu sous les espèces du pain et du vin, d’un simple rassemblement communautaire.
 
Bedford-Strohm faisait en l’occurrence écho à ces mots du pape François qui venait de prononcer son discours d’accueil : « Les différences en matière de foi et de morale, qui subsistent encore, demeurent des défis sur le chemin de l’unité visible à laquelle nos fidèles aspirent. Cette souffrance est particulièrement ressentie par les couples appartenant à des confessions différentes. »
 
Sans doute. Mais où s’arrête alors la liste des confessions chrétiennes qui sont concernées par cette réalité, et ces démarches ?
 

Les luthériens d’Allemagne rêvent d’intercommunion avec l’Eglise

 
Heinrich Bedford-Strohm a confirmé par la suite à la presse que des discussions avaient eu lieu à l’occasion de cette rencontre sur la question de « l’hospitalité eucharistique », et donc l’idée que des luthériens puissent s’approcher de la communion lors de messes catholiques, avec le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Traditionnellement, l’Eglise subordonne cette possibilité à la restauration de l’unité plénière. L’« évêque » luthérien semble croire que les conditions pourraient s’assouplir : il a indiqué que tout changement de la pratique actuelle supposera au préalable une réflexion et un dialogue sérieux. « Pour moi, tout semble assez optimiste », a-t-il commenté.
 
« Il existe maintenant une dynamique en faveur de notre unité », ajoutait le cardinal Reinhard Marx lors de cette même conférence de presse.
 
On notera pour finir que le pape François, au cours de son discours, a appelé les uns et les autres à raviver leurs efforts en vue de l’unité, pour « dépasser les obstacles toujours présents », tout en « renforçant la collaboration » sur le plan pratique, « surtout dans le service de ceux qui souffrent le plus et pour prendre soin du créé, tant menacé ».
 
Quelles que soient les religions et les confessions, on retombe toujours sur ses pieds autour de la « conscience écologique » !
 

Anne Dolhein